L’article de cette semaine a été écrit par une poule qui, en plus de pondre (des bébés), parle, pense et le fait bien. Vous pouvez visiter son site et lui jeter des graines sur twitter.
Être mère, ce n’est pas facile tous les jours. Si en plus on a des idées féministes, ça n’arrange rien. Comment protéger nos enfants des stéréotypes sexistes omniprésents ? Et comment les aider à s’intégrer à une société qui continue à les valoriser, que ce soit par les jouets, les habits, les livres, les films et j’en passe ? Dans ce billet c’est aux films d’animation et dessins animés que je vais m’intéresser, en particulier ceux qui utilisent des animaux comme héros. En effet, pas besoin d’être Simone de Beauvoir pour réaliser que les bons vieux Disney de notre enfance ne respirent pas vraiment l’antisexisme. Les filles sont des princesses, des fées ou des sorcières (quand il y en a, voir par exemple Merlin l’enchanteur ou Le livre de la jungle), les garçons des héros ou des méchants. Vous me direz que ces films ne font après tout que reprendre des histoires d’antan : en particulier les contes de Perrault, de Grimm ou d’Andersen, dont la lecture dans le texte vous informera rapidement que leurs auteurs n’étaient pas franchement des précurseurs inspirés de Betty Friedan. Heureusement, maintenant que nous sommes sortis de l’époque Mad men et sensibilisés à ces problématiques, les studios d’animation, toujours à l’avant-garde et plein de scénarios originaux et novateurs, peuvent proposer des oeuvres plus équilibrées à nos enfants, non ? Non ?
Examinons la filmographie des deux grands studios d’animation, Pixar (racheté par Disney) et Dreamworks. Je ne vais pas vous les détailler (suffit de cliquer), mais sur la quarantaine de films produits à eux deux il me semble (je ne les ai pas tous vus…) que seul Chicken run a un personnage principal féminin. Par personnage principal, je veux dire celui dont les problématiques et aventures vont entraîner l’action principale et ses rebondissements, pas juste l’objet du désir du héros. Pour une analyse plus détaillée film par film (Pixar seulement), je vous invite à lire ce billet (en anglais) de Peggy Orenstein. Mais comme le pointe cette dernière, cette incapacité de construire un film autour d’un personnage féminin semble tellement ancrée que même lorsqu’on met en scène des animaux ils doivent forcément être mâles. Y compris quand ces animaux sont quasiment tous femelles, comme les insectes sociaux que sont les fourmis et les abeilles (et pour info, les bourdons que vous voyez butiner ne sont pas des abeilles mâles, ce sont des femelles d’une autre espèce et elles peuvent piquer si vous les cherchez). Ainsi, que ce soit dans les années 90 avec les concurrents Fourmiz qui suit les péripéties de Z (fourmi ouvrière mâle), et 1001 pattes, dont le héros est Tilt (fourmi mâle), ou plus récemment avec Bee movie qui raconte les aventures de Barry (abeille mâle), on n’imagine pas s’intéresser aux pérégrinations d’UNE fourmi ou d’UNE abeille. Ces distorsions profondes de la réalité biologique ne sont pas nouvelles : ainsi les éléphants du Livre de la jungle sont menés par le Colonel Hathi alors que ce sont des animaux matriarcaux (les mâles vivent en solitaire).
Vous allez me dire que c’est la faute à Hollywood et qu’en parfaite bobo parisienne je n’ai qu’à privilégier des films alternatifs pour qu’on s’intéresse à des filles qui ne sont pas des princesses. Par exemple, Kirikou ? Damned, raté. Azur et Asmar ? Encore raté. C’est vrai, il y a Miyazaki, même si n’ayant personnellement pas trop aimé Princesse Mononokéje n’ai pas cherché plus loin. Enfin je dois dire que malgré mon irritation face à cette omniprésence du mâle j’apprécie un certain nombre des films de Pixar et Dreamworks que nous avons plaisir à regarder en famille, ce qui ne m’empêche pas d’être convaincue par les arguments de l’article Sexisme dans la littérature enfantine : quels effets pour le développement des enfants ? par Anne Dafflon Novelle.
En attendant que mes studios favoris ne s’intéressent au test de Bechdel, je ne peux que vous inviter à regarder, si vous parlez l’anglais, ces merveilleuses vidéos sur ce que les princesses Disney apprennent à nos filles (enfin le « nos » est rhétorique puisque je suis l’heureuse mère de deux garçons).
Chez Miyazaki le personnage principal est assez souvent féminin, en fait (Le Voyage de Chihiro…) et/ou a un rôle beaucoup plus complexe qu’un simple faire-valoir (Le Château ambulant) – même si les autres personnages féminins du film sont souvent très proches de l’image traditionnelle de la femme au foyer japonaise…
On n’a pas le cul sorti des ronces, comme dirait Jaddo… 😉
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Oui c’est marrant parce que le Japon est généralement pas trop perçu comme très en pointe sur la parité, comme quoi…
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Par contre, ce qui est peut-être un peu dérangeant chez Miyazaki c’est son obstination justement pour les personnages principaux féminins, de préférence assez jeune et habillées plutôt.. de manière à ce qu’un simple courant d’air fait apparaitre la culotte (vous noterez le nombre d’apparitions de petites culottes dans ces films mis à part son dernier, Le vent se lève, ou il me semble pas en avoir vu, en tout cas pas autant), le fait qu’elle soit toujours accompagnée d’un garçon (souvent son amoureux) dans ses périples et ce côté niais donné à la fille, très japonnais. J’adore son univers et ses films, mais avec un peu de recul et sachant à quel point le japon aime flirter avec les lois de la pédophilie je finis presque par me sentir mal à l’aise par moment. Boarf.. C’est peut-être juste mon esprit un peu détraqué qui voit ça.
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Je viens de comprendre pourquoi j’apprécie autant les dessins animés de Myiazaki que ma petite dernière regarde en boucle : il y a beaucoup d’héroïnes sur qui repose le film.
Pour les plus jeunes : Kiki la petite sorcière, Ponyo sur la falaise, Mon voisin Totoro… Pour les un peu plus âgés : Le voyage de Chihiro, Le château dans le ciel, Le château ambulant… Et aussi un dessin animé plus récent, « La forêt de Miyori » qui a beaucoup plu à ma fille de 3 ans 1/2. Elle a également accroché avec « Un été avec Coo » qui est une créature magique à qui elle a donné d’office le sexe féminin, même s’il est clairement établi dans l’histoire que c’est un mâle.
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bon je crois qu’il faut qu’on se mette à miyazaki ! (et merci pour l’image, très drôle)
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y’en a d’autre, Arrietty entre autre c’est japonais mais pas myasaki. Mia et le migou, c’est français, je crois que ça s’appelle un chat à paris (le hero c’est le chat de la fille d’un flic). Et j’attend de voir rebelle la dernière de pixar.
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Redonnez sa chance à Mononoke, vous ne le regretterez pas. C’est un film qui porte une certaine violence, qui est déroutant, parce qu’il traite d’un sujet très fort, qui est le rapport de l’homme à la nature.
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Aux studios Ghibli il y aussi Takahata, et notamment le film « souvenirs goutte à goutte » (omohide poro poro) où le personnage principal est une femme qui revient sur une partie de son enfance et où les problématiques liées au sexisme sont plus ou moins évoquées, à travers différents sujets (autorité du père sur la famille, remarques sur son célibat une fois adulte, premières menstruations etc.). Ce n’est pas radicalement « féministe » (mais Miyazaki non plus) car les rôles genrés ne sont que rarement et véritablement remis en cause mais au moins beaucoup de questions sont évoquées contrairement aux productions disneyennes bien faites mais souvent niaises (et tous les autres films de Takahata sont formidables, comme Le tombeau des lucioles ou Pompoko, et les personnages féminins y jouent toujours des rôles non négligeables, par contre n’espérez pas vraiment de happy end et sortez les mouchoirs, surtout pour le premier cité, pour lequel le public visé est peut-être plus âgé aussi).
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@Alex : Takahata est aussi l’auteur de l’excellente série Heidi, réalisée avec Miyazaki.
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Il y a même une version où la Belle pionce tellement que l’accouchement ne la réveille pas : c’est son bébé qui, en cherchant son sein, lui arrache l’épine (ou le bot de fuseau, que sais-je) qu’elle avait au bout du doigt. Ça doit faire un drôle d’effet ^^
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Punaise ! entre ça et le dessin de Janine j’en apprends tous les jours…
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J’allais aussi citer Ponyo, Kiki la petite sorcière et Totoro 😉 A voir, vraiment ( ils sont dans notre « DVDthèque » si tu veux ). Il y a un film qui va bientôt sortir (vu en bande annonce au ciné l’autre jour) où l’héroine est une fille : « rebelle »http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=135528.html
En tout cas très bon billet encore une fois;
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Oui Rebelle/Brave est annoncé comme LE pixar avec UNE héroïne ; dommage qu’ils aient viré la réalisatrice en cours de route… à voir !
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Le prochain Pixar, Brave, a une fille comme héroïne. Il existe quelques super personnages féminins chez Pixar, si on y regarde de près, mais effectivement, ce ne sont pas les héroïnes.
Chez Disney, il y a une évolution très forte : Mulan, Pocahontas ou Raiponce sont de super personnages. Et le film Kuzco était assez moderne d’une autre manière : le héros n’était pas un célibataire en quête de princesse mais un père de famille heureux en ménage : c’est le prince le gros naze… Sans doute ce que Disney a produit de plus révolutionnaire, en fait, car généralement, la monarchie est présentée comme légitime (même s’il faut parfois chasser les imposteurs, les Prince Jean et autre Skar).
Miyazaki a évidemment donné les plus beaux personnages de filles dans des fictions destinées aux enfants, de Nausicaa à Chihiro en passant par Kiki et surtout l’incroyable San dans Princesse Mononoke, qui est un film formidable qui hisse Miyazaki au niveau de Kurosawa à mon avis.
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Oui il y a des personnages féminins sympas chez Pixar, mais ce n’est jamais elles qui entraînent l’action… Attendons Brave pour voir !
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Une modeste contribution sur le chemin de la DVDthèque idéale : pour les grands enfants, (voire les adolescent-es) il y a 2 films d’animation qui font se poser plein de questions, « Mary et Max » et « Persepolis » qui passent, eux, le test de Bechdel.
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Mary et Max je note, Persepolis je pense que mes enfants (5 et 2 ans) sont encore trop petits. Merci !
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Au passage, je ne peux m’empêcher de faire ici de la retape pour un article à mon avis connexe sur le sujet Misère de la super-héroïne au cinéma, où je parle du problème posé par les filles dans les films de super-héros : il existe nombre d’excellents personnages dans le domaine en comic-book, mais les studios sont frileux et se refusent à les exploiter…
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très intéressant merci ! il y avait aussi les images de super héros posant comme leurs homologues féminins, assez drôles (que je ne retrouve plus hélas)
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En commentaire à l’article, quelqu’un m’a suggéré un excellent blog qui se penche assez sérieusement sur la question des postures des super-héroïnes et sur les problèmes mécaniques que pose le fait d’arriver à montrer de face ses fesses et ses seins en même temps.
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Ce n’est pas limité à Myazaki. « la traversée du temps » aussi a un personnage principal féminin. Une adolescente qui hérite par accident de la capacité à remonter le temps, ce qui lui permet d’éviter de vivre certains événements (se faire écraser par un train, louper son contrôle de math, entendre son meilleur ami lui faire une déclaration d’amour…) et c’est vraiment très drôle et très émouvant.
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Merci pour la suggestion !
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« Les bons vieux Disney de notre enfance ne respirent pas vraiment l’antisexisme. Les filles sont des princesses, des fées ou des sorcières (quand il y en a, voir par exemple Merlin l’enchanteur ou Le livre de la jungle), les garçons des héros ou des méchants. »
Non vraiment je peux pas laisser dire des trucs pareils… Enfin, je sais que militer rend obtus, et qu’on dit obtus pour pas dire stupide, je tâche de me calmer, mais je n’y arrive pas.
Les premiers courts métrages de Walt Disney ? « Alice Comedies », CINQUANTE SIX courts métrages muets mettant en scène Alice, une héroïne. Ah, l’époque ? De 1924 à 1927. Ensuite ? Son premier film ? Blanche neige. Même si Blanche neige est une princesse, et que cet article considère qu’une princesse ne peut être une héroïne, c’est pourtant le cas ici. Enfin, parlons avec le vocabulaire correct. De nombreux films de Disney ont pour protagoniste une femme. Protagoniste, c’est mieux que héros ou héroïne. Le (ou la, c’est bien le sujet) protagoniste est le personnage qui vit le plus de conflit dans une histoire, celui, ou celle, à qui le public s’identifie.
Donc. Alice, protagoniste de cinquante courts métrages. Blanche neige, protagoniste. Alice au pays des merveilles ? Cendrillon ? La belle et le clochard ? La belle et la bête ? La belle au bois dormant ? J’en passe. Même les Aristochats d’ailleurs. Dans ces films, le mâle est le but de la protagoniste. D’ailleurs, c’est ridicule que la bête de Belle devienne un beau prince plastique, c’est ridicule que le prince de Blanche neige ou celui de la belle au boit dormant soit si lisse. Mais c’est un autre sujet. La petite sirène tiens ! Pocahontas ! Mary Poppins ! Bon. On voit bien que notre Walt aime les femmes. D’ailleurs, euh, Jasmine, elle en jette, elle est battante, courageuse, belle.
J’entends d’ici les féministes militantes, armés de leurs ovaires lasers, prêtes à couper des hordes de phallus pour enfin être libres, me crier sans vergogne: « Mais les princesses de Disney elles sont belles et maigres ! Les femmes c’est bien même quand c’est moche ! D’ailleurs coupons-nous les seins, on sera enfin accepté en tant que femmes ! »
Je vous entends. Mais je ne vous comprends pas. Les princesses chez Disney, ou chez d’autre hein, mais Disney c’est quand même pas mal emblématique, ça a pas mal marqué l’occident, et il paraît que les mangas ont des grands yeux à cause, ou grâce, à lui. Bref. Ma phrase… Ah oui ! Les princesses chez Disney sont belles car il faut offrir du rêve. Men sana in corpore sano, tout ça.
Féministes, femmes, soyez fières d’être des princesses et des sorcières. C’est vous qui dirigez dans l’ombre, de toute façon. Vous tenez les hommes, fermement. On vous aime. Des gros cons vous battent, mais ils battraient n’importe quoi qu’ils pourraient aimer. Le féminisme est loin d’être un combat gagné. Mais cracher sur Disney est une mauvaise idée. Je crois que le militantisme rend irrémédiablement insatisfait. Kill Bill ? « Berk. Elle tue, et en plus elle a des vêtements moulants. » Trinity ? » Vêtements moulants. » La princesse Leia ? « Une princesse ! » Alala… Des personnages féminins fascinants, il y’en a. Des très biens. Des grands. Pas assez, mais il y en a. Soyez fières de celles qui existent. Essayez pas à tout prix d’être en colère.
Je suis vraiment pas fan de ce nom, « la poule pondeuse ». Faut arrêter avec l’ironie et le fun. Ou parle pas de soi, mère, en tant que poule pondeuse. On arrête de salir le corps et la nature. Allez.
Ah, et Bernard et Bianca, c’est l’absolu finalement. Un couple protagoniste, ça c’est vraiment chouette. L’amour, au fond, c’est le top.
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@Lily : Les princesses de Disney sont souvent bien passives, bien potiches. Mais les personnages féminins forts ont connu une vraie progression au cours des années 1990 (Pocahontas, Mulan, Jane Porter dans Tarzan) et depuis (Raiponce)… Princesses ou pas, on est sorti du côté « genleman » des vieux Disney, où la femme était là pour être charmante et rien d’autre, et où le but était le mariage, au delà duquel la « fille » devient « femme », et retourne à ses activités domestiques.
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Et Mulan aussi…
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Je ne connais pas « Alice Comedies », qui n’a visiblement pas obtenu la même audience que les longs métrages. Le problème avec les personnages de princesses, c’est que cela présente toujours la femme sous les mêmes traits : elle doit être belle, attendre son prince, faire le ménage en chantant, ne jamais s’énerver ; elle ne peut compter que sur l’homme quand elle a un problème. Dommage de réduire à ça les possibilités des filles. J’ai beaucoup aimé ces films enfant et j’ai encore du plaisir à les regarder mais dommage que le spectre des possibilités présentées soit si réduit.
Je n’ai pas l’énergie de répondre à vos insinuations sur ma santé mentale ou celle de militantes féministes ou au fait que vous semblez trouver normal d’associer amour et violence physique. Par contre je suis intéressée par les ovaires lasers, ça a l’air assez cool et puis ça peut être pratique pour s’épiler.
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@Poule Pondeuse: comme je te le disais sur twitter, voilà un point de désaccord majeur entre nous. Comme féministe hystérique qui se respecte, tu ne peux décemment pas vouloir t’épiler, quand même?
@Lily: une chose pour commencer: si je modère les commentaires, c’est pour éviter les insultes, qui n’ont jamais enrichi aucune discussion. Les critiques sont les bienvenues, mais à l’avenir, cantonnez-vous-y. Si vous comptez revenir lire des articles écrits à l’ovaire laser, bien sûr.
Je crois que vous avez manqué dans l’article un point essentiel, que le titre ne rend peut-être pas évident: personne ne dit qu’il n’y a pas de femmes chez Disney. Je cite Poule Pondeuse: « Les filles sont des princesses, des fées ou des sorcières (quand il y en a, voir par exemple Merlin l’enchanteur ou Le livre de la jungle), les garçons des héros ou des méchants. » Ce qu’elle critique, c’est le caractère stéréotypé des rôles qu’on attribue aux filles et aux femmes dans les dessins animés traditionnels. Où sont-elle, les femmes fortes et indépendantes, les héroïnes admirables pour leurs qualités propres et non pas seulement pour leur beauté? Vous citez Blanche-Neige: en quoi représente-t-elle un modèle positif, auquel on pourrait inciter des petites filles à s’identifier? La caractérisation du personnage est minimale: elle repose sur sa bonté, sa douceur (et sa belle voix, wouhou). Blanche-Neige n’est active que pour faire le ménage et la cuisine chez les sept nains, et sa passivité est bien démontrée par le coeur du film, puisqu’elle est plongée dans le sommeil dont un beau prince (bien insipide, comme presque tous les princes Disney) viendra la délivrer. La cause de son malheur, puis de son bonheur, c’est sa beauté. Je ne vois rien de mal dans le fait qu’elle soit belle (malgré le fait qu’en tant que féministe, je semble vouée à être moche et poilue), mais ce n’est en rien une qualité positive, c’est un fait, qui la condamne d’ailleurs à n’être l’objet de sentiments qu’en vertu de son apparence. Ce n’est en rien un personnage fort, en rien un modèle.
Je pourrais faire la même analyse avec la plupart des princesses Disney, avec des variantes; ce n’est que récemment, comme le souligne l’un des commentaires, qu’on a vu apparaître des héroïnes fortes, indépendantes, admirables, comme Mulan par exemple. Je soulignerais simplement que Mulan a besoin de se travestir en homme pour accomplir ses exploits.
« Vous tenez les hommes, fermement. On vous aime. Des gros cons vous battent, mais ils battraient n’importe quoi qu’ils pourraient aimer. »
… Comment dire? Là, je renonce. Vous étiez sûrement très énervée en écrivant ce commentaire, mais ça…
Quant au commentaire sur le pseudo de Poule Pondeuse, d’habitude, ce sont les féministes qu’on accuse de ne pas avoir d’humour. Vous garderez vos pseudo-leçons de morale pour vous, ou alors vous nous expliquerez en quoi ce pseudo « salit la nature ».
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Je me permets de suggérer un autre terme, pour ce que tu appelles « militer » et qui rendrait « obtus pour pas dire stupide », particulièrement quand tu précises « je crois que le militantisme rend irrémédiablement insatisfait » : tu fais référence à ce qu’on appellerait un « féminisme victimaire », de la même façon qu’on qualifierait de victimaire un commentaire de type « tu dis ça parce que je suis noir⋅e ! ». Mais, de la même façon qu’on ne saurait balayer toute expression d’anti-racisme du seul fait d’une personne utilisant ce dernier argument, merci de ne pas jeter toute forme d’anti-sexisme avec l’eau du bain de toutes les dénonciations qui te semblent exagérées. Je dis bien « qui te semblent » car, quand on dit que « tu dis ça parce que je suis noir⋅e » n’est pas un argument a priori valide, on ne s’intéresse pas au fond du cas singulier qui l’a suscité.
Petit rappel au sujet de Blanche Neige — j’ai revu l’adaptation de Disney récemment : une lecture possible (et pas improbable) de l’histoire, si on cherche à en dégager une morale, c’est que la Femme-bien-comme-il-faut sera passive, renfermée dans la sphère privée et coupée de toute vie sociale, cantonnée aux tâches ménagères, et qu’à ces conditions seulement sa sécurité sera assurée ; à l’opposé, une femme active, ayant un but propre et mettant en œuvre les moyens de le réaliser, sera une personne mauvaise.
Encore une fois, j’ai bien écrit « une lecture possible » : si on veut ne pas voir les choses ainsi, c’est tout à fait faisable. Tu cites Alice aux pays des merveilles en tant que personnage fort, par exemple ; à ceci près que je n’ai pas bien l’histoire en tête (juste vu le film de Disney plusieurs fois dans mon enfance), je n’ai jamais gardé de souvenir d’une Alice autre que celui d’une gourde qui ne fait que subir de bout en bout, pataugeant indéfiniment et pathétiquement de Charybde en Scylla…
En continuant ma réponse, j’ai failli dire que « l’article souligne que les rôles/persos féminins sont brossés (presque) sans aucune diversité »… puis j’ai relu l’article… et en fait non, pas du tout, contre-sens complet : l’auteure passe l’essentiel de son argument sur le fait que « on » nous a foutu du mâle partout, notamment dans des situations où c’était complètement ridicule (les fourmis et abeilles mâles). Bref, j’ai passé plus d’une heure à répondre à un commentaire qui s’était arrêté à la moitié du premier paragraphe de ce qu’il prétend commenter, ce qu’on appelle plus communément un troll — et avoue que c’est de bonne guerre, Lily : tu as commencé par traiter tous⋅tes celles⋅ceux qui ne seraient pas d’accord avec toi d’« obtus pour pas dire stupide » ;-P — ou, comme on dit encore pour qualifier la quantité de texte que je viens de jarter de ma réponse : facepalm.
On ne reviendra pas sur « des gros cons vous battent mais […] » et le fait qu’il n’y a pas de « mais » qui tienne. Une réaction au sujet des ovaires lasers — ce qui ferait un super thème de spin off pour la (par ailleurs très fade) série des transformers : sais-tu que tous⋅tes les féministes ne sont pas équipé⋅es en ovaires ? Par contre j’aimerais bien savoir en quoi le pseudo Poule Pondeuse, en ce que la personne qui se l’attribue puisse le revendiquer pour être mère, pourrait « salir la nature » 😉
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Bon manifestement vous n’avez pas compris ma phrase « des gros cons vous battent mais ils battraient n’importe quoi qu’ils pourraient aimer ». Ça n’associe pas amour et violence physique, ça n’est pas une apologie de… Euh… Enfin, relisez-la en fait. Ça veut dire que je ne pense pas que des hommes battent des femmes car elles sont des femmes, mais parce qu’ils sont cons. Bref, passons, c’est le propre du militantisme, aussi, de taper là où l’on peut, essayer à tout prix de casser le propos adverse, c’est, après tout, il est vrai, de bonne guerre, probablement.
Genre: « Où sont-elle, les femmes fortes et indépendantes, les héroïnes admirables pour leurs qualités propres et non pas seulement pour leur beauté? »
J’en ai cité plusieurs. il y en a. Dois-je refaire ou faire la liste ?
« La caractérisation du personnage est minimale: elle repose sur sa bonté, sa douceur (et sa belle voix, wouhou). »
Être bon, doux et bien chanter, c’est très bien… Si on doit faire l’inventaire des qualités de son prince, il n’est que beau, et encore, assez lisse. Comme la pauvre bête d’ailleurs, poilue et forte, qui devient un petit minet maigrichon et souriant.
La beauté est par ailleurs bien une qualité positive, un fait, oui évidemment, mais qui se travaille. On ne nait pas belle, on le devient.
Je crois que je ne suis pas fait pour venir écrire ici. J’ai été un peu virulent, il est vrai, mais l’abîme appelle l’abîme.
Gourgou… Ça existe les fourmis mâles… D’ailleurs elles ont une vie de merde, elles fécondent la reine, et meurent. Ils, plutôt.
Transformers c’est bien. Mais oui, il n’y a pas de femelle transformers.
Poule pondeuse, comme pseudo, c’est sale. Mais vraiment quoi. Ironiser sur sa condition de mère c’est triste. Faut vraiment arrêter l’ironie je crois. Être mère c’est très très beau et faut pas tout attaquer avec l’acidité du fun.
Bon. Je ne vais pas revenir, ça me fait du mal. Désolé de vous avoir dérangé. J’ai eu tord, vous êtes moins obtus que je le pensais. Mais vous êtes vraiment militants.
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MERCI de tout coeur de m’enlever les mots de la bouche ! J’ai été élevée avec les dessins animés disney. Je rêvais d’être Belle (de la belle et la bête) qui lisait, était intelligente, voulait être indépendante, rencontrer un homme intelligent !
Quand je regarde tous ces dessins animés, j’ai l’impression que tous ces personnages féminins rêvent de plein de choses différentes, souvent de liberté, d’amour, de relations amicales, d’être reconnue pour autre chose que leur beauté (oui oui dans le cygne et la princesse, elle le dit clairement).
Quand j’y pense, il y a une seule chose à laquelle elles ne rêvent pas, c’est d’avoir des enfants en fait (même si après en couple, ils vivent heureux et ils en ont, mais à DEUX, jamais elle n’en rêve seule), pourtant finalement, est ce que ce serait sexiste ou au contraire proche de la réalité de ce que certaines femmes vivent ?
Je ne vois pas ce qu’il y a de mal dans la notion de princesse. Alors c’est vrai elles ne sont pas vendeuses au super U, ou cadre en entreprise, mais peu de protagonistes masculins le sont en fait. Et des princes, on en voit beaucoup aussi d’ailleurs. Mais personne n’en parle ni en bien ni en mal.
Il existe même des schémas plus classiques et proches de la vie de tous les jours (je ne suis pas une princesse) : dans brisby (et le secret de nihm) on suit les problèmes d’une mère souris veuve avec un enfant malade, dans Alice au pays des merveilles Alice est peut-être rêveuse (et on pourrait y voir un sexisme caché), mais qui lui fait la lecture ? sa soeur si je me souviens bien (une femme quoi), dans kathy et les extraterrestres c’est une maman chenille qui veut protéger ses deux enfants…
Tous ne sont pas des Disney, mais il faut savoir aussi chercher tout ce qui existe avant de râler contre tout.
Les stéréotypes existent, mais pour les deux sexes, et je pense que cela tient surtout au genre qu’est le dessin animé pour enfant comme un moyen de raconter de jolies histoire qui font rêver (pour la réalité il y a le jt de 20h, mais c’est un peu violent je trouve): les dessins animés sont aussi là pour passer un bon moment, avec ses enfants, et s’ils s’inscrivent dans un contexte où l’imagination se développe par des outils multiples, je pense qu’il est intéressant qu’une offre d’histoires de prince et princesses soit présente !
Ainsi, je crois que même si certains raccourcis existent, de NOMBREUX dessins animés de qualité peuvent être trouvés et peuvent servir à élever nos enfant en humains justes et éclairés, mais c’est comme tout, la qualité, cela se cherche, il faut s’y intéresser et ne pas avoir une confiance aveugle dans la publicité à gros budget (parce que dans ce cas, je pourrais écrire un article sur la littérature française qui se limite aux histoire mignonnettes de marc Levy et de Musso) Cherchons la qualité pour ses enfant, comme si c’était pour nous même, apportons leur une culture diversifiée et d’un coup, chaque oeuvre trouvera sa place.
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Il n’y a pas de secret : il faut VRAIMENT que tu te mettes à Miyazaki, TOUS les Miyazaki. Les femmes y sont presque systématiquement héroïnes, guerrières, meneuses d’hommes (et de femmes !), chefs politiques, aventurières… et même dans les films où elles n’ont pas tout à fait le rôle principal, Miyazaki problématise soigneusement leur place dans le fonctionnement des petites sociétés qu’il dépeint. Par exemple, le héros de Porco Rosso est un homme (enfin, un porc) et le contexte n’est pas particulièrement propice à l’épanouissement d’une héroïne indépendante : dans cette Italie de l’entre-deux guerres, les pilotes d’avions se battent pour conquérir le coeur d’une diva… mais en parallèle, le héros est amené à reconnaître les compétences exceptionnelles d’une jeune fille de 17 ans comme ingénieure aéronautique et à faire d’elle son copilote.
Et éventuellement, garde la Petite Sirène (et Mulan ! et Pocahontas !) dans tes Disney, elle se bat quand même contre le patriarcat… bon, d’accord, c’est pour épouser un bellâtre… mais cette histoire de se battre pour récupérer sa voix… 🙂
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As-tu vu la vidéo sur les « enseignements » d’Ariel ? Je la trouve assez bien vue…
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Aha, oui, je l’ai vue, elle est assez drôle. Cela dit je ne partage pas tout à fait les conclusions qui s’en dégagent.
La chirurgie esthétique est attaquée par exemple, mais il me semble que c’est assez loin du propos du film. A tout hasard, une autre manière de l’analyser : ce n’est pas en premier lieu pour séduire son prince qu’Ariel veut des jambes, c’est pour échapper au royaume des eaux qui est le domaine patriarcal par excellence (paradoxalement d’ailleurs, d’un point de vue symbolique, puisque les domaines marins sont généralement associés à la maternité et la terre à la paternité) et où elle mène une existence socialement contraignante (représentations de chant, obéissance inconditionnelle, nombreux interdits…). A bien y regarder, l’appartenance raciale d’Ariel ne correspond pas à son ressenti, et elle décide de faire pratiquer une chirurgie non pas esthétique mais… transraciale. Et dans le même ordre d’idées, soulignons qu’elle est une figure essentielle du mariage et de l’amitié interraciales (car en plus de se taper un humain, elle est amie avec un crabe, une mouette et un poisson, ne l’oublions pas…). Souviens-toi de sa chanson, est-elle vraiment une ode à la chirurgie esthétique ? « Bet’cha on land they understand / That they don’t reprimand their daughters / Proper women sick of swimmin’ / Ready to stand »…
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Plus généralement, l’animation japonaise possède de nombreux bons films (Blood: The Last Vampire, Paprika) et séries (Evangelion, Gunslinger Girl, Serial experiments Lain, Gunnm, etc.) ayant pour héroïne des jeunes femmes ou filles.
Il y avait aussi un joli petit film de 2011 sur une famille d’être minuscules dont l’héroïne était une fille, mais j’ai oublié le titre.
Cela, évidemment, sans parler des très nombreuses adaptations de shôjo mangas, où les héroïnes sont des jeunes filles, mais souvent très caricaturales.
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Il y avait aussi un joli petit film de 2011 sur une famille d’être minuscules dont l’héroïne était une fille, mais j’ai oublié le titre.
Arrietty le petit monde des chapardeurs, co-scénarisé (mais pas réalisé) par Hayao Miyazalki, avec la musique de la talentueuse harpiste celtique Cécile Corbel, première non-japonaise à signer la BO d’un film du studio Ghibli.
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merci pour les suggestions (ainsi qu’à @Jean_no pour le titre oublié !)
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Merci à Poule Pondeuse pour l’article, à Janine pour l’illus et à AC pour la publi. J’ai adoré la vidéo pointée en conclu.
En (re)lisant l’article et les commentaires, je ne peux m’empêcher de noter cependant une certaine focalisation sur les longs métrages, ou quelque chose que je perçois plus généralement comme s’opposant à un certain « vulgum du divertissement pour enfants », notamment toutes les séries télé. C’était certes un parti pris d’emblée, mais je me dis qu’il pourrait être intéressant d’étendre la trame de réflexion de l’article à des contenus moins « nobles ».
Ça fait longtemps que je n’ai plus été enfant et je n’en fréquente pas, donc je serais bien infoutu⋅e d’avoir une avis sur, par exemple, Dora l’exploratrice…
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Merci pour le lien 🙂
Excellent, le dessin !
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Réponse tardive, mais j’espère que vous (tu?) pourras la lire! J’ai quelques suggestions: The Legend of Korra, suite de Avatar The Last Airbender (dont le personnage principal est certes masculin, mais les filles y sont très bien représentées); Les Enfants Loups, de Mamoru Hosoda, qui semble lui plus grand public; pour les plus âgés, Millenium Actress; Kemono no so-ja Erin (édité en France sous forme de romans, La Charmeuse de Bêtes).
Il y a aussi beaucoup plus de choix du côté mangas et animes (en format série) que du côté animation occidentale, même si on voit quelques mouvements: outre Legend of Korra et Avatar, je pense notamment aux Supernanas (qui commencent à accuser leur âge), Kim Possible et aux programmes courts « Super Best Friends Forever » sur Supergirl, Wondergirl et Batgirl…
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