En visitant une église, j’ai remarqué un stand présentant une collection de documents intitulés « Les fiches Croire ». Elles sont censées apporter des réponses aux questions que se posent les croyants, en lien avec leur foi. On y trouve des fiches intitulées « Et si je devenais chrétien? », « Comment prier? » ou encore « Vivre sa sexualité »; celle qui a attiré mon attention s’intitule « Avortement: une blessure insurmontable? ».
Je connais bien sûr la position de l’Eglise catholique à propos de l’avortement et mon propos n’est pas de dénoncer cette position, même si je milite pour le droit à l’IVG. J’entends surtout mettre en évidence les ressorts du discours catholique anti-IVG.
Souffrance et culpabilité
Le titre de la brochure donne le ton. Il se présente sous la forme d’une question rhétorique: par le choix du vocabulaire, par sa formulation, la question « Avortement: une blessure insurmontable? » induit automatiquement la réponse « oui ». Il s’agit d’une brochure destinée à répondre aux questions que se posent les croyants; à propos de l’avortement, ceux-ci ne sont pas censés se demander, par exemple, s’il a des conséquences psychologiques pour la mère (un visage de femme illustre la couverture). La seule question admise présuppose l’existence et la réalité d’une « blessure ». Admettons ce présupposé; la question n’est pas non plus « peut-on surmonter la souffrance liée à l’avortement? ». Au lieu de cela, la formulation du titre pose une équivalence entre « avortement » et « blessure insurmontable ». Cette blessure n’est pas une conséquence possible de l’avortement: elle est l’avortement.
L’ensemble de la brochure est placée sous le signe de deux termes clés: « souffrance » et « culpabilité ». L’IVG est liée aux termes « blessure », « souffrance », « amertume », « douleur », « drame », « angoisses », « maux ». C’est aussi « un acte grave » (citation d’une encyclique de Jean-Paul II à l’appui: « un désordre moral grave, en tant que meurtre délibéré d’un être humain innocent »), une « faute » engendrant « remords » et « culpabilité ».
Le texte opère une transition assez subtile de la « souffrance » à la « culpabilité », puis au « pardon ». A la fin de la section « Avorter, ça fait mal » [sic], on peut ainsi lire:
L’Eglise catholique condamne l’avortement parce que c’est une atteinte à la vie, mais reconnaît aussi la douleur des femmes qui ont choisi, souvent à contrecoeur, d’avorter. A celles-ci, et parce que Jésus avait un regard plein de compassion pour les errances humaines, elle propose un chemin de guérison intérieure.
En tournant la page, on tombe sur ce titre: « Sortir de la culpabilité et oser regarder » (quoi?). La culpabilité, comme la souffrance, est donc inhérente à la décision de l’IVG. Elle ne peut pas ne pas l’être. Il faut surtout découvrir ce qui se cache derrière cette culpabilité:
(…) il faut faire un travail sur soi pour éclairer ce qui se cache sous cette grossesse et la décision d’IVG. Ce sont souvent des mécanismes inconscients, mus par des blessures anciennes. (…) [Il faut] se pardonner à soi-même (…). Pardonner à la mère ou au père qui a blessé dans l’enfance, au conjoint ou au compagnon qui a peut-être poussé à l’IVG.
Insister sur la souffrance psychologique éprouvée par les femmes
Il semble que le message anti-avortement de l’Eglise catholique se soit focalisé, au-delà du thème de la faute, sur la souffrance psychologique ressentie par les femmes à l’occasion d’un avortement. On peut se demander pourquoi, et constater, du moins, que cette orientation est récente. La condamnation de l’avortement par l’Eglise ne date bien sûr pas d’hier, mais pendant des siècles, elle s’est appuyée exclusivement sur le fait que l’avortement est un péché. Il semble que cela ne soit plus suffisant. En effet, si la brochure insiste sur la « gravité » de cet acte, elle mêle aussi sans cesse la faute à la souffrance psychologique censée être ressentie par les femmes. Le texte cite par exemple Jean-Paul II (Evangile de la Vie §99):
Je voudrais adresser une pensée spéciale à vous femmes qui avez eu recours à l’avortement. L’Eglise sait combien de conditionnements ont pu peser sur votre décision, et elle ne doute pas que, dans bien des cas, cette décision a été douloureuse et même dramatique. Il est probable que la blessure de votre âme n’est pas encore refermée. (…) Mais ne vous laissez pas aller au découragement et ne renoncez pas à l’espérance. (…) Si vous ne l’avez pas encore fait ouvrez-vous avec humilité et confiance au repentir (…).
Insister sur la culpabilité nécessairement liée à l’avortement et sur les souffrances psychologiques qu’il suscite apparaît presque comme un moyen de mettre en valeur la gravité de l’acte lui-même, qui pourrait pourtant, dans le système de pensée de l’Eglise, suffire à le condamner (« meurtre délibéré d’un être humain innocent »). Pourquoi donc cette insistance? L’intérêt argumentatif est évident: un acte qui occasionne autant de souffrance ne peut que constituer un péché, le paradoxe étant que la personne qui pèche est aussi celle qui souffre.
Pour évoquer les conséquences psychologiques d’un avortement, le(s) auteur(s) du livret évoquent, entre guillemets là aussi, le « stress post-avortement », qui selon eux « peut se traduire par toutes sortes d’angoisses, la perte du goût de vivre mais aussi par des maux physiques (perte du sommeil, maux de ventre, dépression…) ». L’utilisation de cette expression, qui remonte au début des années 1980, est caractéristique de la littérature anti-IVG. Elle est aussi fortement contestée dans le monde médical, puisqu’aucune étude ne démontre qu’un tel « stress » existe.
La question de la parole des femmes
Le livret est introduit de la manière suivante:
Le « médiatiquement correct » insinue dans les esprits que l’avortement est un acte « banal ». La réalité du vécu des quelques 250 000 femmes – parmi lesquelles un nombre croissant de jeunes – qui ont recours à l’IVG chaque année est tout autre! Dans l’immense majorité des cas, ces femmes vivent une souffrance, avant et parfois bien après.
L’expression « médiatiquement correct » est agrémentée de guillemets, peut-être pour souligner le fait qu’il s’agit une expression récente, calquée sur l’expression plus connue « politiquement correct ». Elle vise généralement à dénoncer un discours médiatique perçu comme uniformisé, trop policé, voire censuré. Elle va souvent de pair avec la revendication d’une liberté de parole et de ton absente du discours médiatique standard.
Que signifie-t-elle ici? Qu’il existerait une doxa médiatique, un discours uniforme et omniprésent selon lequel « l’avortement est un acte banal » et qui nierait donc la souffrance ressentie par les femmes. Discours pernicieux, qui « [s’]insinue dans les esprits ». Cette assertion, apparemment, se suffit à elle-même, elle se présente comme une évidence.
L’objectif est d’opposer un discours soi-disant dominant et « la réalité du vécu » des femmes. Et cette brochure l’affirme: cette réalité « est tout autre », puisque « dans l’immense majorité des cas, ces femmes vivent une souffrance ». Là aussi, nul besoin de justifier une assertion qui se veut irréfutable. L’introduction du vocabulaire de la « blessure » place le discours hors du champ de l’argumentation factuelle, du côté de l’expérience intime, personnelle, incommunicable, de la douleur. De quel droit nier cette souffrance?
Ce qui me pose le plus problème, ici, c’est l’utilisation faite de la parole des femmes. La brochure finit sur une section intitulée « Paroles »… mais il s’agit de citations de Jean-Paul II. Elle décrète que « l’immense majorité » d’entre elles vivent l’IVG comme une souffrance et cette seule assertion suffit à suggérer la réalité de cette souffrance. Mais elle ne s’appuie pas sur des données statistiques ou scientifiques; en fait, on ne sait pas sur quoi elle s’appuie. La section qui s’intitule « Avorter, ça fait mal » évoque les cas de Cristelle, 30 ans, qui traverse une période difficile (chômage, insomnie, dépression) et a oublié sa pilule, et de Valérie, « heureuse d’attendre un enfant », que son compagnon force à faire un choix entre son couple et sa grossesse et qui constate, après avoir avorté: « j’ai perdu les deux ». Ces « témoignages », qui ressemblent un peu trop parfaitement à des cas-types, sont suivis de cette phrase: « Nombreuses sont les femmes qui, après un avortement, et sans se l’avouer clairement, se sentent mal, très mal ». « L’immense majorité des cas », de « nombreuses » femmes… Le flou, toujours, mais aussi le poids d’un quasi-argument d’autorité. L’Eglise se ferait donc la porte-parole de la souffrance des femmes.
Il s’agit pour moi d’une confiscation en règle de la parole des femmes. Que l’Eglise le veuille ou non, tout le monde ne vit pas une IVG de la même façon. Contrairement à ce qu’affirme ce texte, le discours médiatique dominant ne banalise pas l’IVG; au contraire, l’insistance sur ses conséquences psychologiques est récurrente. Cette insistance se retrouve même dans le discours de Simone Veil à l’Assemblée Nationale, en ouverture des débats concernant la légalisation de l’avortement:
L’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. (…) Aucune femme ne recourt de gaieté de coeur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes: c’est toujours un drame, cela restera toujours un drame.
Le blog IVG, je vais bien, merci! se donne pour objectif de libérer la parole sur l’avortement et de donner une voix à celles qui ont avorté et se portent bien, pour donner un autre choix aux femmes que la culpabilité obligatoire et « faire comprendre que ces discours dramatisant l’avortement peuvent jouer comme des prophéties auto-réalisatrices : lorsqu’on croit que l’avortement ne peut être vécu autrement que comme un drame, comment bien le vivre ? »
Il ne s’agit pas de nier la souffrance qui peut être ressentie à l’occasion d’un IVG, et mon propos n’est pas d’opposer une parole à une autre: aucune n’est plus légitime que l’autre. En revanche, il est important de faire coexister ces paroles et surtout, de montrer les mécanismes qui conduisent aujourd’hui encore à la culpabilisation des femmes lorsqu’elles prennent une décision concernant leur propre corps, une décision permise par la loi. La souffrance est une conséquence possible d’une IVG, elle n’est pas obligatoire et ne doit pas être imposée comme la réaction normale à cette décision.
Excellent article, sévère mais respectueux et juste.
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« la question “Avortement: une blessure insurmontable?” induit automatiquement la réponse “oui”. » : Vous allez vite en besogne ! Peut-être même que la réponse de l’Eglise est « non », puisque loin d’enfermer la femme dans la culpabilité elle l’invite à se tourner vers la miséricorde de Dieu. si vous lisez attentivement, c’est le pardon qui est central et non la culpabilité.
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Le problème c’est qu’il y aurait certainement moins de femme qui choisirait d’avorter si les hommes voulaient bien aussi s’occuper des tâches ménagères et des enfants et permettre aux femmes de faire autre chose de leur vie que l’esclave des hommes et des enfants en général.
Lorsqu’on élève un enfant, on perd un grand pan de vie professionnelle et on se retrouve avec une retraite dérisoire avec laquelle on est obligée de vivoter pendant que les hommes se sont reposés sur les femmes, les ont entièrement parasités pendant toute leur vie et touche des retraites dorées parce qu’ils n’ont pas fait la moindre pose professionnelle pour s’occuper des enfants.
On offre aux mères des vies d’esclave à trimer gratuitement pour les autres pendant que les mâles mettent les pieds sous la table et traitent leur femme comme des chiens.
Et puis quand elles sont devenues trop vieilles et n’ont pas eu le temps d’entretenir leur corps parce qu’elles s’occupaient des enfants, ils les abandonnent pour des plus jeunes.
Alors ce que raconte Jésus et les prêtres sur la miséricorde et le pardon c’est à côté de la plaque.
Les religieux eux-mêmes participent à fond de cette inégalité et bien qu’ils ne procréent pas, ils se mêlent sans cesse et de facon indécente des affaires privées des femmes.
Jésus, on ne sait pas ce qu’il en dirait parce qu’apparemment ce n’était pas du tout le type que nous « vend » la religion fabriquée par les Pères de l’Église bien après sa mort ou sa « montée au ciel » comme on veut.
La religion ferait mieux de s’occuper des enfants qui sont déjà au monde et qui souffrent terriblement.
Les enfants soldats, les enfants prostitués, violés, battus, martyrisés, torturés, abandonnés, estropiés, ceux que l’on envoie sur les champs de mines et toutes les horreurs que plein de pauvres mômes subissent. L’église devrait s’occuper un peu mieux des enfants nés et arrêter d’emmerder les femmes.
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J’ai envie de dire « mollo » sur les stéréotypes de genre, c’est aussi pertinent et subtil que de dire que les femmes qui tombent enceinte sont des branleuses qui touchent des allocs et parasitent leur mari en étant sures de toucher une pension alimentaire en cas de divorce.
C’est une affaire d’hommes autant que de femmes mais n’allez pas chercher la culpabilité systématiquement du coté des pères…
Quant à l’absence de culpabilisation au profit du pardon selon monsieur Pascal, c’est vraiment pour le plaisir d’être de mauvaise foi, comme si la nécessité de se faire pardonner était absolument indépendante de toute notion de culpabilité…Moi aussi des fois j’me fais des kifs, je me fais pardonner comme ça pour rien, ça me revitalise.
Si on emmerdait moins les femmes avec ça, elles seraient moins traumatisées, au final leur culpabilité personnelle est fort justement, personnelle et l’église n’a a fortiori rien à foutre dans leur utérus.
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C’est le fonctionnement d’une question rhétorique, qui place en premier dans l’esprit du lecteur le postulat posé par la question. Cf. Wikipédia (Une question rhétorique (ou question oratoire) est une figure de style qui consiste à poser une question n’attendant pas de réponse, cette dernière étant connue par celui qui la pose, http://fr.wikipedia.org/wiki/Question_rh%C3%A9torique).
De plus, le livret de l’Eglise et votre réponse présupposent également l’existence (en droit sinon en fait), d’une « culpabilité », qui est voilée derrière le pardon. Tout comme l’article, je ne cherche pas à discuter moralement si une femme qui avorte commet une faute: dans ce cas là, oui, elle devrait se sentir coupable, et rechercher le pardon. J’estime juste que les bases de réflexions ne sont pas posées, et le livret de l’Eglise n’examine pas un certain nombre de postulat. Pire, son propos est pour moi assez pernicieux, dans le sens où les glissement de sens (entre souffrance, blessure auto-infligée, culpabilité et pardon) sont plutôt malhonnêtes. Je pense qu’il est possible (et souhaitable) de présenter une argumentation anti-IVG qui soit rationnelle, argumentée, et qui cite ses sources. Ici, on a un texte qui joue sur la peur des femmes (le la souffrance, de la réprobation), et les culpabilise. Une rhétorique de la carotte et du bâton, en quelque sorte.
Encore une fois, je ne critique pas la position de l’Eglise, la bien fondé moral de l’IVG doit être discuté. Mais je trouve que, au point de vue du discours pur, l’article de Genre! est plus honnête, ne serait-ce que parce que l’auteure:
1-ne se cache pas de son parti-prit
2-cite des sources, et renvoie vers d’autres articles / sources d’informations pour alimenter le débat
3-laisse aux premiers concernés, les femmes (et hommes!! Grands oubliés! Ils faut pourtant être deux pour concevoir) concernés par l’avortement.
A défaut de statuer sur la question de l’avortement, on peut au moins déterminer les conditions d’un bon pamphlet, d’une bonne argumentation. Et ici: Genre! = 1, Eglise = 0
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c’est bien ce que l’auteur analyse très finement . Les messages implicites délivrés par le choix des mots .
L’emphase sur le pardon induit qu’il y a faute . Pas de pardon sans faute . Donc en utilisant un discours de rédemption , l’église martèle la faute . L’avortement est donc un péché , une faute immense, suivie de conséquences immenses, et d’un pardon immense, que les femmes n’arrivent pas à s’accorder, tant leur faute était immense…
Donc le but , ce n’est pas d’expliquer au femmes qu’elle n’ont pas fait quelque chose de grave et que c’est pour ça qu’on les pardonne, le but c’est d’expliquer aux femmes que malgré l’acte » monstrueux » qu’elles ont commis, on leur concède le pardon , parcequ’on est des catholiques, et que c’est la base de la foie .
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Là aussi vous vous trompez. Le but est d’expliquer aux femmes que l’amour de Dieu est toujours plus grand que le pire péché qu’elles puissent commettre.
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.. visiblement , je ne me trompe pas , puisque c’est exactement ce que je viens de dire … vous savez lire ? où êtes vous tellement habitué , à dire » vous avez tord , j’ai raison » , que ça sort tout seul, sans même vous en rendre compte ?
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Je suis completement d’accord avec vous ! On a beau dire « Dieu pardonne » cela signifie qu’elle a péché, et n’aide en rien la femme à surmonter sa douleur.
J’ai moi-même été choqué par ces petites fiches « croire », sur l’avortement, et aussi sur l’homosexualité.
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Oriane, je vous ai répondu sans agressivité. simplement le but n’est pas d’expliquer aux femmes que leur acte est monstrueux et qu’on leur concède le pardon parce qon est catholique. Le but est de leur dire que Dieu est prêt à leur pardonner. Le propos ne se limite pas à dire « vous avez péché » ‘ce n’est d’ailleurs pas dit car la femme qui va s’intéresser à cette fiche le sait), mais seulement de dire que la miséricorde de Dieu est plus grande que le péché.
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On tourne en rond…
Est-il seulement concevable que le péché soit inexistant pour elles et le pardon superflu par le fait ?
Est-il possible dans une société laïque d’ignorer jusqu’à la notion de péché pour se concentrer sur celle de crime, d’illégal enfin de quelque chose de concret?
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Votre article donne une analyse intéressante (même si également nettement orientée par vos présupposés) et ouvre en tout cas un débat intéressant.
A côté des études scientifiques, l’Eglise a aussi l’expérience de quelques (dizaines de) milliers de prêtres qui confessent, qui reçoivent des femmes ayant vécu cette expérience.
L’expérience de nombre d’entre elles est qu’elles ont l’impression d’avoir été trompées par un discours qui assimile l’IVG à « juste une contraception en retard » ; que si toutes n’en gardent pas des « séquelles » au sens psychologique, nombre manifestent une forte culpabilité, qui n’est pas simplement liée au jugement moral dont elles pensent être l’objet, mais à l’acte lui-même.
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Au sujet de votre argumentation sur les prêtres qui confessent, permettez une petite réflexion de scientifique :
Il y a clairement possibilité de ce que les sociologues et statisticiens appellent « biais de sélection » à se reposer sur l’expérience de ces confesseurs. A priori, si vous vous confessez, c’est que vous êtes catholiques, or l’Église catholique qualifie l’avortement de grave péché ; donc vous vous sentez mal. A contrario, si vous ne considérez pas l’avortement comme un grave péché, vous n’avez pas de raison particulière d’aller chercher un prêtre pour en parler.
Toutes proportions gardées, c’est un peu comme si vous alliez évaluer la dangerosité de l’alcool en vous basant uniquement sur les gens rencontrés aux Alcooliques Anonymes, qui, a priori, en ont abusé et en ont souffert, en ignorant le très grand nombre de personnes qui n’ont pas eu de problèmes particuliers.
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J’ajoute que vous trouvez peu de femmes qui présentent l’IVG comme une promenade de santé (malgré les éléments de langage de « je vais bien, merci! »)..
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c’est vrai , cependant j’en ai connue . Des femmes qui vivaient ça vraiment très bien , pour qui ça passait tout seul . J’ai connu une femme qui s’était faite avorter 4 fois, et qui l’assumait complétement. Bref il n’y a pas de loi en la matière , c’est tout aussi faux de dire que c’est une chose terrible, que de dire que ce n’est rien. d’un point de vue scientifique ce n’est qu’un amas de cellule éjecté dans du sang de règle, un petit bouleversement hormonal tout au plus . DU point de vue psychologique…c’est une autre histoire.
Ce qui compte c’est le droit de vivre les choses telles qu’elles sont vécues, ça ne regarde que les éventuels psy, ou pourquoi pas prêtres si nécessaire. Et d’arrêter d’y chercher une valeur morale . Promenade de santé ou pas, l’avortement est légal – il est aussi légal de ne pas en être effondrée, légal de le faire 30 fois, et le débat n’a pas à s’enliser sur la souffrance présumée , qu’il devrait ou ne devrait pas engendrer.
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Oriane, l’argument de la légalité trouve parfois ses limites, comme ses juges l’ont dit à Eichman. Si la loi permet un meutre, cela reste un meurtre, objectivement. Et cependant nul ne peut juger de la responsabilité subjective de ces femmes, de telle sorte que la seule réponse chrétienne possible est de dire que la miséricorde de Dieu s’offre à tous ceux qui se reconnaissent pécheurs. Ce qui ne se limite pas aux femmes ayant avorté.
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Votre analyse comporte hélas plusieurs erreurs ou imprécisions :
– vous voyez le titre d’une façon négative. Je le vois positivement. Le point d’interrogation vient en écho à ce qu’une femme peut vivre : elle imagine que sa douleur est insurmontable, elle tombe par hasard sur ce dépliant : déjà le titre ouvre une brèche : on ose poser la question… peut être n’est-ce-pas insurmontable… la réponse induite est non. De plus cela est renforcé par la suite de votre article : tout le dépliant s’emploi à démontrer que la douleur n’est pas insurmontable. Peut être que le titre n’est pas idéal, mais n’y voyez pas que du mal.
– votre phrase entre les deux premières citations n’a aucun rapport avec l’une ou l’autre. D’ailleurs dans aucune citation que vous proposez vous démontrez que l’Eglise dit que « La culpabilité, comme la souffrance, est donc inhérente à la décision de l’IVG. »
– vous reprochez à l’Eglise de se focaliser sur la souffrance. C’est une évidence, puisque c’est l’objet du tract que vous avez entre les mains. Ne reprochez pas à l’Eglise de traiter le sujet annoncé en en-tête !
– vous annoncez qu’il n’existe aucune étude sur les difficultés post-IVG : même le professeur Nisand, pourtant pas spécialement anti-IVG, en parle et alerte sur le sujet ! cf. http://www.liberation.fr/societe/01012394773-faut-il-s-inquieter-du-recours-a-l-avortement-des-jeunes-oui (remarquez c’est peut-être pas un scientifique)
-vous dénoncez l’expression « médiatiquement correct ». Reconnaissez tout de même que peu de journaux traitent de ce sujet.
– vous reprochez à l’Eglise de quitter le champs de l’argumentation factuelle. Si pour vous blessure et souffrance ne sont pas factuelles c’est que vous ne les connaissez pas (tant mieux pour vous, mais je peux vous dire que pour moi c’est hyper factuel).
-vous dites que l’Eglise monopolise la parole des femmes. Pourtant dans vos citations ce n’est jamais écrit « toutes les femmes » mais « la plupart » ce qui est totalement différent. Et si vous refusez que quelqu’un prenne parle des femmes avant de réunir 100% des voix des femmes vous n’êtes pas prêtes d’entendre parler des femmes dans la société.
– « confiscation en règle » : c’est donner beaucoup de pouvoir à un tract posé au fond d’une église
– « l’insistance sur ses conséquences psychologiques est récurrente. Cette insistance se retrouve même dans le discours de Simone Veil » : alors là je suis perdu. Depuis le début de l’article vous tapez sur l’Eglise parce qu’elle en parle trop, que c’est pas complètement vrai… En revanche on peut parler de la souffrance pour justifier l’avortement… il y a une suite logique que je ne comprends pas…
– Votre conclusion n’a aucun rapport avec tout le reste de votre article… voir même est en contradiction…
Ce dépliant s’adresse à des femmes qui souffrent pour les aider. Il traite donc de son sujet. C’est tout.
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Ce que je reproche au titre, comme je l’explique dans l’article, ce sont ses présupposés. Il ne s’agit pas de se demander si l’IVG engendre une blessure pour la mère, mais de se demander si on peut la surmonter. J’y vois une question rhétorique dans la mesure où le titre impose d’emblée l’expression « blessure insurmontable » comme équivalent à « IVG ». Une femme, croyante, se posant des questions sur l’IVG aurait donc forcément dans l’idée qu’il s’agit d’une « blessure insurmontable ». Donc quelque soit la réponse proposée par le livret (pour vous, « pardon » = guérison: soit), cette équivalence est posée et on ne laisse pas d’autre choix aux femmes que de considérer l’IVG comme une blessure. Les conséquences de l’acte évoquées dans le livret deviennent l’acte lui-même, IVG = blessure.
Je ne vois pas très bien comment vous pouvez nier l’équivalence, pour l’Eglise, entre IVG et culpabilité, puisque l’IVG est considérée comme un péché. Le lien entre souffrance et culpabilité me semble évident dans les citations que je donne, mais peut-être ne suis-je pas entrée assez dans le détail. Dans la 1ère citation que je donne, on peut distinguer le mouvement suivant:
– IVG = péché (même si le mot, de manière intéressante, n’apparaît jamais), donc les femmes qui le commettent sont coupables
– mais ce péché est aussi une cause de douleur pour ces femmes: la culpabilité est indissociable de la douleur
– Jésus reconnaît à la fois la faute et la souffrance, l’Eglise offre donc à ces femmes la possibilité de la rédemption.
La section suivante explore cette question de la culpabilité et du chemin de rédemption possible.
« vous reprochez à l’Eglise de se focaliser sur la souffrance. C’est une évidence, puisque c’est l’objet du tract que vous avez entre les mains. Ne reprochez pas à l’Eglise de traiter le sujet annoncé en en-tête ! »
J’essaie de rester calme, mais soit vous êtes adepte des tautologies, soit il y a un vrai problème de logique dans votre argumentation. Je reproche à l’Eglise de consacrer son unique brochure liée à l’avortement (dans la série des fiches « Croire ») à la souffrance qui y serait liée. Donc oui, merci, j’avais bien compris qu’il s’agissait de l’objet du tract, et c’est cet objet que j’analyse.
Je n’ai jamais écrit qu’il n’existait pas d’études concernant les difficultés post-IVG: au contraire, je donne un lien vers un résumé des recherches dans ce domaine. Si vous vous donnez la peine de lire ce résumé, vous verrez que, comme je l’écris, il n’existe aucune étude concluante montrant l’existence d’un « stress post-avortement » ni prouvant que les femmes ayant subi une IVG sont en plus grande détresse psychologique que, par exemple, les femmes ayant mené à terme une grossesse non désirée.
En ce qui concerne la question de l’argumentation factuelle, je maintiens ce que j’ai écrit. La douleur ne peut faire l’objet d’une argumentation factuelle dans la mesure où elle appartient au champ de l’incommunicable. Toute l’argumentation du livret reste dans le flou: pas de chiffres, pas d’études, pas de données statistiques, vérifiables. Seulement des phrases comme « dans l’immense majorité des cas, ces femmes vivent une souffrance », qui est censée mettre fin au débat. Brandir cette souffrance, même si elle est bien réelle, n’est pas un moyen d’argumenter mais d’empêcher toute réfutation, car comment nier qu’une personne a mal? C’est pour cela que je parle de « quasi-argument d’autorité ».
En ce qui concerne la « confiscation » de la parole des femmes, elle réside dans la généralisation qui consiste à dire que si tantôt « l’immense majorité », tantôt de « nombreuses femmes » souffrent à cause d’une IVG, l’IVG est une souffrance. C’est nier, ou plutôt refuser de voir que ce n’est pas le vécu de toutes les femmes, c’est refuser d’entendre que des femmes peuvent aller bien après une IVG. C’est confisquer à ces femmes la parole pour énoncer comme vérité un sentiment vécu seulement par certaines d’entre elles. Il faut écouter les femmes, toutes les femmes, pas seulement celles dont le discours correspond à vos croyances. Quant à la phrase sur Simone Veil, vous l’avez visiblement mal comprise: son discours montre que le discours dominant, des pro- comme des anti-IVG, associe IVG et souffrance.
Ma dernière phrase n’est absolument pas en contradiction avec le reste de l’article. J’appelle à ce que tous types de témoignages sur l’avortement soient entendus, sans a priori: je nie pas la souffrance de qui que ce soit, mais je refuse que la parole des femmes qui souffrant à cause d’une IVG soit instrumentalisée pour faire taire celles qui ne souffrent pas.
Une dernière chose: si vous pouviez quitter ce ton méprisant, cela rendrait certainement la discussion beaucoup plus agréable.
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Merci pour ce supplément d’article ! l’article est très bon , l’analyse pragmatique est très fine, bref un sujet de qualité , très bien référencé comme d’habitude . je traverse les mêmes difficultés de communication quand j’essaye de communiquer sur les analyses d’implicites . c’est normal , ces concepts ne sont abordés qu’à l’université, ou à science po. J’oublie parfois , que c’est loin d’être évident pour les personnes auxquelles je m’adresse, qui n’ont pas mangé les cours » catégorisation sociale » » représentations sociale » » processus cognitifs » « pragmatique du langage » .
Ce serait peut être intéressant de faire un article du style « cours théorique », plus général, pour faire comprendre que le blog a avant tout pour but d’analyser les enjeux de la communication et pas de porter un jugement de type bien ou mal, sur les phénomènes analysés… dommage qu’en France il n’y ai pas un cours de prévu sur les stéréotypes et quelques grands principes au collège, ils ont ça aux états- unis et en Angleterre, ce qui rend les débats plus constructifs parce-que les gens ont quelques notions… mais là , le débat fini toujours sur une tentative d’explication méthodologique, comme c’est le cas ici ;
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« l’alcoolisme, une souffrance insurmontable » ? En disant cela je suppose en effet que, très probablement, les alcooliques souffrent de leur addiction. Je ne dis pas qu’elle est insurmontable, au contraire le fait de poser la question laisse entendre qu’il pourrait s’agir d’une addiction surmontable.
Il en est de même, à mon humble avis (bien que je sois pas calé en ” catégorisation sociale” ” représentations sociale” ” processus cognitifs” “pragmatique du langage”), pour la brochure dont vous parlez. Elle implique que, très probablement, la femme ressent cet acte (que l’Eglise considère, vous ne pouvez lui reprocher, comme un péché grave) comme une blessure. Le titre implique aussi, et c’est même l’essentiel du propos, qu’elle n’est pas insurmontable.
Ceci dit sans agressivité 🙂
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Petite précision sur le traitement médiatique : le dépliant dont vous parlez date de plusieurs années. Bien avant que le sujet commence à sortir dans les médias, entre autre grâce au Professeur Nisand.
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Intéressant : de l’absence du mot péché, vous déduisez que le concept est central ??
Imaginez-vous seulement sur l’église, tout en maintenant que l’acte est mauvais, puisse faire autre chose face à une personne que lui envoyer son péché en pleine figure, d’emblée ?
Qu’elle puisse faire preuve de sincère compassion face à une personne qui, souvent face à un manque de soutien ou de moyens, s’est trouvée en face de ce choix difficile ?
L’Eglise annonce la miséricorde avant toute chose..
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La vraie miséricorde serait de rendre l’avortement moins « insurmontable », moins douloureux, moins humiliant pour les femmes qui le choisissent.
Depuis des années tout le monde reconnait que c’est souvent assez moche comme épreuve, pas tant pour la question de principe que parce que les « patientes » sont traitées par dessus la jambe, dans des services sous financés et culpabilisées à outrance.
La seule réponse de l’église à ça c’est de continuer à tout faire pour pourrir la vie des femmes qui ne souhaitent pas d’enfant…Mais éventuellement de leur accorder un pardon éventuel après coup si elles en ont assez bavé…Quelle candeur ♥
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Mais où avez-vous vu l’Eglise « pourrir la vie » de ces femmes ? Où avez vous vu que la condition serait d’en avoir bavé ?
Relisons ces mots de Jean-Paul II dans son texte « l’Evangile de la Vie », et jugeons après de sa douceur, et de son souci de ne pas généraliser de façon absolue.
Je voudrais adresser une pensée spéciale à vous, femmes qui avez eu recours à l’avortement. L’Eglise sait combien de conditionnements ont pu peser sur votre décision, et elle ne doute pas que, dans bien des cas, cette décision a été douloureuse, et même dramatique. Il est probable que la blessure de votre âme n’est pas encore refermée. En réalité, ce qui s’est produit a été et demeure profondément injuste. Mais ne vous laissez pas aller au découragement et ne renoncez pas à l’espérance. Sachez plutôt comprendre ce qui s’est passé et interprétez-le en vérité. Si vous ne l’avez pas encore fait, ouvrez-vous avec humilité et avec confiance au repentir : le Père de toute miséricorde vous attend pour vous offrir son pardon et sa paix dans le sacrement de la réconciliation. C’est à ce même Père et à sa miséricorde qu’avec espérance vous pouvez confier votre enfant. Avec l’aide des conseils et de la présence de personnes amies compétentes, vous pourrez faire partie des défenseurs les plus convaincants du droit de tous à la vie par votre témoignage douloureux. Dans votre engagement pour la vie, éventuellement couronné par la naissance de nouvelles créatures et exercé par l’accueil et l’attention envers ceux qui ont le plus besoin d’une présence chaleureuse, vous travaillerez à instaurer une nouvelle manière de considérer la vie de l’homme.
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Comment leur pourrir la vie? La liste doit-elle être exhaustive ?
-En remettant perpétuellement en question les lois et le fonctionnement du système qui permet aux femmes de pratiquer une IVG en toute liberté et aussi facilement que possible?
-En les culpabilisant en permanence, soit sur la base d’hypothèses pseudo-médicales ou philosophiques partiales ?
-En les invitant au « repentir » d’un crime qui n’existe pas dans la loi et pour lequel elles ne devraient justement pas culpabiliser?
-En leur niant le droit à une décision propre et en dénonçant un odieux conditionnement sociétal qui les rendrait trop bête et trop aveugles pour choisir « correctement » ?
A ce compte là, savez-vous ce qui s’acquiert également par le conditionnement de la société et des proches depuis l’enfance? La religion =)
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Très belle analyse, surtout en ce qui concerne le choix de mettre l’accent sur la culpabilité des femmes… je vis en Irlande, où la propagande anti-avortement est nombreuse (et venant d’un pays laïque, c’est assez choquant), et il est vrai que si certains panneaux dans les gares suivent le slogan « on a tous été un amas de cellules », de plus en plus montrent des femmes au visage triste parlant de combien elles regrettent leur acte, de comment elles n’ont pas réussi à dormir depuis… et bien sûr, aucune place pour la parole inverse.
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Ben en même temps ce n’est pas tellement étonnant que l’Eglise ne montre pas des femmes criant « youpi j’ai avorté », comme il est rare que le ministère de la justice montre un type en train de crier « youpi j’ai braqué la banque ».
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Merci pour ce très bon article, qui bien qu’il soit écrit du point de vue d’une militante féministe, qui semble hostile à une bonne part de l’enseignement de l’Eglise, ouvre à mon avis un débat nécessaire au sein de la position catholique elle-même!
Ce qui me met très mal à l’aise dans l’angle « thérapeutique » de la critique catho de l’IVG, au delà de sa scientificité encore mal établie semble-t-il, est ce qui me parait être un manque de cohérence avec le mouvement de la foi en lui-même.
(Pardon à l’auteure pour développer dans les lignes qui vont suivre un argument interne au point de vue catholique, et qui n’a pas de raison de la convaincre, mais que son billet me donne l’occasion d’énoncer).
Que nous dit le discours de certains catholiques sur le « stress de l’avortement », et la déchéance physique et mentale des femmes qui ont subi un IVG, tel qu’il me semble comprendre ce discours? Que subir un avortement est source de mal-être, et que suivre l’enseignement de l’Eglise en matière de vie naissante et refuser la possibilité de l’IVG quelles que soient les circonstances est a contrario source de bien être. L’enjeu se place donc sur la question du bien-être de la femme enceinte.
Comment situer cet enjeu dans la perspective qui oriente l’existence et la volonté de tout chrétien, la rencontre avec le Christ, et l’intériorisation de son enseignement et de son exemple ».
Saint Ignace de Loyola, dans son « principe et fondement » qui introduit les Exercices Spirituels, rappelle de préalable suivant de toute spiritualité catholique:
« L’homme est créé pour louer,
respecter et servir Dieu notre Seigneur
et par là sauver son âme,
et les autres choses sur la face de la terre
sont créées pour l’homme,
et pour l’aider dans la poursuite de la fin
pour laquelle il est créé.
D’où il suit que l’homme doit user de ces choses
dans la mesure où elles l’aident pour sa fin
et qu’il doit s’en dégager
dans la mesure où elles sont, pour lui, un obstacle à cette fin.
Pour cela il est nécessaire de nous rendre indifférents
à toutes les choses créées,
en tout ce qui est laissé à la liberté de notre libre-arbitre
et qui ne lui est pas défendu ;
de telle manière que nous ne voulions pas, pour notre part, davantage la santé que la maladie, la richesse que la pauvreté, l’honneur que le déshonneur, une vie longue qu’une vie courte et ainsi de suite pour tout le reste,
mais que nous désirions et choisissions uniquement ce qui nous conduit davantage à la fin pour laquelle nous sommes créés. » (http://www.jesuites.com/spiritualite/principe/index.html).
« De telle manière que nous ne voulions pas davantage la santé que la maladie »: Il ne s’agit pas dans ce passage de fuir de manière morbide tous les agréments de la vie. Comme le Père Desmoutier s.j. l’écrit en effet dans son commentaire de ce passage (sur le même lien):
« Il faut comprendre qu’il s’agit d’un texte théorique, c’est-à-dire général. Saint lgnace prend soin de donner des exemples universels, il ouvre le champ des possibilités pour, ensuite, dans l’expérience spirituelle des Exercices, discerner ce qui dans la vie concrète d’une personne singulière est à mettre en équilibre, à évaluer et peser. Mais – pour considérer ces exemples généraux – il est clair que tout homme, par nature, désire la santé. Seulement, nous constatons qu’il existe des cas où, dans notre histoire propre, il nous faut prendre le risque d’être malade. Il serait nuisible à la liberté et à nos relations aux autres de toujours nous protéger nous-mêmes. Certes, nous n’avons pas à désirer être malades, il s’agit de relativiser le désir d’être et de demeurer en bonne santé. Combien d’hommes s’empêchent de vivre par peur d’être malades ou par peur de mourir ? »
Ce que je retiens pour notre sujet de ce passage des Principes et fondements, c’est que l’enseignement de l’Eglise n’est pas affaire de bien être ou de mal être, pas plus qu’il ne s’adresse davantage aux riches ou davantage aux pauvres, à ceux qui sont heureux ou à ceux qui souffrent. Il est dans la rencontre avec le Seigneur, et notre effort régulier de conformation à sa Parole.
En ce sens, si demain une étude démontre de manière certaine ou irréfutable que l’avortement est source d’une plus grande longévité, ou d’un plus grand épanouissement personnel, ou inversement que la consommation hebdomadaire ou quotidiennne de l’hostie multiplie par mille les risques de cancer du pancréas, ou que soixante pour cent des personnes qui se confessent régulièrement sombrent dans la dépression et/ou l’alcoolisme, cela n’atteindra pas ma foi en l’Eglise et dans son enseignement, car celle-ci n’a rien à voir dans son contenu ou ses motivations avec la recherche de la santé, du bonheur matériel, de l’épanouissement psychologique (le spirituel ne se confond pas avec le psychologique); et inversement que les femmes avortés soient ou non en situation de stress post traumatique n’apporte ni n’enlève rien à ma foi, parce que sincèrement , ce n’est pas pour des considérations objectives sur leur bien être que j’essaie d’accepter l’enseignement moral de l’Eglise, mais par confiance dans la Parole de Dieu qu’elle transmet, et qui éclaire la rencontre que j’ai faite dans ma vie avec Lui. Et la foi mène souvent non pas au bien-être, mais au malheur (la famille de Job, Jérémie, Jean-Baptiste).
Si un jour j’ai une femme et qu’elle tombe enceinte, je me préoccuperai de son bien être psychologique et physique auprès d’un médecin et non auprès de l’Eglise. Et inversement, pour leur bien être spirituel (catéchisme etc.), je m’adresserai à l’Eglise et non à un médecin. Mais ce sont des réalités d’ordre différent. Comme le blogueur catholique Henry le Barde l’écrivait récemment: « le dizainier n’est pas un antidépresseur. Et tous ces débats sur le stress post avortement, non seulement semblent encore incertains d’un point de vue scientifique (et autant je crois profondément que l’expérience accumulée par les prêtres dans les confessionnaux peut être d’un précieux secours dans dans l’accompagnement au mariage, autant je ne crois pas du tout qu’elle constitue un élément objectif d’appréciation dans un débat précis sur les conséquences de l’avortement), mais ne consolident à mon avis en aucune manière l’enseignement de l’Eglise sur la vie naissante, puisqu’ils portent sur des réalités d’ordre physiologiques et psychologique et non d’ordre spirituel.
Tout ça pour dire que le problème que nous catholiques avons aujourd’hui face à nos divers contradicteurs, c’est que nous avons d’une part un enseignement extrêmement puissant et convainquant en « interne », pour quiconque accepte les présupposés de notre foi, mais extrêmement peu convainquant en « externe », car très souvent déconnecté de l’état actuel des recherches en SHS, etc. Le concept de loi naturelle a une ascendance philosophique et théologique prestigieuse, et la réactualisation que Benoit XVI en propose est tout à fait séduisante, mais j’ai un peu de mal à en démontrer le caractère nécessaire en raison à des interlocuteurs non chrétiens et un tant soit peu formés en philo. Le mariage comme « union d’un homme et d’une femme » est un argument très difficile à réfuter pour un catholique qui recherche une cohérence entre sa pensée et l’enseignement tiré des Ecritures, mais une pure tautologie dans un débat entre croyants et non croyants, qui suspend méthodologiquement les présupposés de chacun. Cequi fait que pour la plupart d’entre nous, ai-je l’impression, nous nous trouvons si je puis dire coincés entre une « doctrine » très forte et très cohérente, mais dont le belle totalité ne nous dispose pas à écouter les arguments ‘autrui, et des justifications « externes » souvent faibles, qui ne disposent pas non plus nos interlocuteurs à nous écouter. Et c’est pourquoi il me semble, à lire divers débats sur internet, nous argumentons trop souvent, soit avec un discours qui relève du catéchisme, très convainquant pour un catho mais inaudible pour la plupart de nos contemporains, soit sur la base de justifications à prétention scientifique mais qui sont soit, dans le meilleur des cas, incertaines (le stress post avortement) soit, dans le pire des cas, qui relèvent de la psychanalyse de bazar (l’homosexualité comme blessure du narcissisme, négation de l’altérité, blablablablabla…)..
C’est pourquoi il importe, non seulement de rappeler « à temps et à contretemps » l’enseignement de l’Eglise, mais de faire un réel effort sur une argumentation scientifique qui tiennent le choc dans un débat « externe », où les présupposés de notre foi seront méthodologiquement suspendus. Ce qui suppose de prendre les arguments des féministes et autre contradicteurs de l’Eglise au sérieux, et de les réfuter non seulement en ce qu’il s paraissent avoir de plus faible, mais aussi et surtout en ce qu’ils ont de plus fort (et trop souvent, et y compris en considérant la tonalité de quelques commentaires de ce billet, j’ai l’impression que pour la plupart de nous cathos, les féministes sont quasiment par nature des ignorantes et/ou des débiles et/ou des personnes malveillantes: cela ne me parait pas vrai. Je suis loin d’être moi-même compétent sur ces questions, mais beaucoup de féministes sont des universitaires très formées en sciences humaines et sociales, dont l’argumentation me parait très difficile à réfuter ou à esquiver. Tant que nous ne prendrons pas davantage leur discours au sérieux, que nous ne le respecterons pas davantage, je ne pense pas que nos efforts pour porter l’enseignement moral de l’Eglise à nos contemporains seront efficaces en profondeur).
Toutes mes excuses pour ce commentaire beaucoup trop long et catho centré.
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merci pour ce commentaire très intéressant , non -catholique, j’apprécie de pouvoir lire des énoncés intelligents et didactiques de la part de croyants, afin de comprendre leur point de vue .
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Il y a pourtant, Emmanuel, une raison à l’attachement des derniers papes à cette notion de loi naturelle. C’est me semble-t-il que c’est la seule possibilité de ne pas être justement « catho-centré » et de pouvoir s’adresser à tous. Si beaucoup de philosophes n’y adhèrent pas, c’est parce qu’ils ont une notion de la nature qui est celle de Kant, et qui en effet évacue cette idée de loi naturelle.
Il serait donc judicieux de réinvestir cette notion, sans laquelle nous sommes condamnés au positivisme juridique dont Michel Villey a montré, me semble-t-il, les limites : si la loi ne tient sa légitimité que du consentement des hommes, toute barbarie est possible ».
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Pour lever une éventuelle ambiguité à propos du passage suivant de mon précédent commentaire:
« inversement que les femmes avortés soient ou non en situation de stress post traumatique n’apporte ni n’enlève rien à ma foi, parce que sincèrement , ce n’est pas pour des considérations objectives sur leur bien être que j’essaie d’accepter l’enseignement moral de l’Eglise, »
Je précise que le bien être des femmes enceintes, ou ayant été enceintes, me parait bien évidemment une question extrêmement importante, même si je ne suis nullement compétent pour en traiter. Simplement, l’Eglise ne m parait pas compétente pour traiter de la question de leur bien-être physique ou spirituel.. Elle me semble par contre avoir quelque chose à apporter sur le plan de leur bien être spirituel…
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Une chose me dérange particulièrement dans les extraits présentés dans l’article : on ôte aux femmes ayant avorté leur pouvoir de décision. L’avortement semble ici être présenté comme non-voulu : « des femmes qui ont choisi, souvent à contrecoeur, d’avorter ».
Soit la personne a été victime de pression sociale : « Pardonner (…) au conjoint ou au compagnon qui a peut-être poussé à l’IVG. » ou bien sa décision a été mue par des mécanismes inconscients, et la décision semble être interprétée comme le résultat de névroses : « Ce sont souvent des mécanismes inconscients, mus par des blessures anciennes. (…) [Il faut] se pardonner à soi-même (…). Pardonner à la mère ou au père qui a blessé dans l’enfance ».
C’est cet aspect, qui me dérange le plus, car le tract ne semble à aucun moment considérer la possibilité que la décision d’avortement ait été mûrement réfléchie par la personne elle-même et pour elle-même, sans que remords s’ensuivent. Les « femmes » (et non pas les personnes, cela aussi me dérange) n’ont, si on interprète le tract comme je le fais, pour ainsi dire pas la maturité de décider par elles-même (?).
En outre, on tombe dans des « souvent/peut-être » qui ont pour seule fonction d’ôter à l’auteur-e la responsabilité de ses généralisations, ce que je trouve hypocrite.
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Vu que celles qui ont avorté et en sont heureuses sont selon le tract « très minoritaires » je suppose qu’ils partent du principe que ça mérite pas de s’y attarder…Ou bien qu’elles sont déjà foutues pour le très haut, vont aller en enfer et puis basta.
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Bonjour,
votre article m’a beaucoup intéressée. Votre point de vue est à mon avis trop peu représenté dans les médias. J’ai n’ai jamais eu recours à l’avortement mais je connais les difficultés que l’on peut rencontrer (par différents témoignages, dont un d’une amie proche. Cet événement a d’ailleurs contribué à l’éloigner de l’église catholique).
La cupabilité que l’on fait porter sur ces femmes est inadmissible. Leur choix leur appartient.
Finalement le plus douloureux dans l’affaire, n’est-ce pas le regard que l’on porte sur elles?
Merci encore, et au plaisir de vous lire bientôt.
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Il me semble qu’on rate un point super important (probablement formulé différemment dans les arguments de tout le monde) qui est que le corps ecclésiastique est composé exclusivement d’hommes, le Pape est un homme, les cardinaux également, les prêtres, etc) donc la personne qui a écrit ça est très certainement un homme. Or, j’ai rarement rencontré un homme ayant été enceint et ayant pratiqué l’avortement. Comment parler des « traumatismes liés à l’IVG » etc, quand on n’a jamais vécu une telle chose et qu’on n’a comme information que des idées et une structure idéologique patriarcale ?
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« donc la personne qui a écrit ça est très certainement un homme. »
Euh non, pas forcément. Ce que vous appelez le corps ecclésiastique: les évêques, les prêtres et les diacres (le pape est un évêque, ainsi que la plupart des cardinaux) ont pour principale mission de célébrer les sacrements et de coordonner l’action des fidèles dans le ministère qui leur incombe( au sein d’un diocèse, d’une paroisse, d’une aumônerie…). Ils n’ont pas nécessairement en charge la rédaction de toutes les brochures que l’Eglise peut diffuser. Ce sont souvent des laïcs qui s’en occupent, et qui comptent dans leurs rangs une proportion très respectables de femmes. Et pour connaitre un nombre tout de même assez important de femmes catholiques, je peux dire avec une certaine assurance que beaucoup d’entre elles approuveraient sans réserve cette brochure et auraient tout à fait pu la signer (un exemple de blogeuse très engagée sur la défense de l’enseignement de l’Eglise: http://www.nystagmus.me/, dont je ne sais pas par contre ce qu’elle pense de la brochure mise en cause ici).
Vous êtes tout à fait en droit de le déplorer (et j’ai moi-même exprimé mes réserves sur le contenu de cette brochure), et d’estimer qu’elles s’aveuglent sur la place des femmes dans l’Eglise, sur le caractère patriarcale de cette dernière etc. Mais si vous êtes libre de ne pas approuver leur parole, ou d^être exaspéré(e) par elle, ne la confisquez pas à votre tour. Beaucoup d’entre elles ont de manière tout à fait délibérée et réfléchie fait le choix de renoncer à ce droit qu’offre notre société par fidélité à leur engagement dans l’Eglise, et pas nécessairement parce qu’elles sont exploitées ou manipulées à leur insu par des homes, mais parce qu’elles ont jugé en conscience que leur foi et leur communion avec l’Eglise leur apportaient plus que les droits que les causes que vous défendez. Vous pouvez les critiquer, mais la façon dont votre commentaire semble rayer leur existence purement et simplement me dérange un peu.
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Je ne confisque la parole de personne, soyez-en bien assuré. Je reçois tout à fait votre argument. Cependant, il me semble qu’après le concile de Nicée, l’Eglise refuse aux femmes de donner les sacrements, (à part les diacres, si je me souviens bien) etc, etc. La doctrine, la doxa, ce sont donc, à partir de ce moment, des hommes qui l’écrivent. Il n’est pas de mon propos de nier le rôle des croyantes dans les communautés de croyants, elles sont souvent celles qui s’occupent de la perpétuation de l’enseignement catholique (catéchisme), des tâches de nettoyage, etc. Pour avoir passé pas mal de temps dans ce milieu-là, force est de constater qu’elles font souvent « tourner la maison », comme on dit. Et effectivement, peut-être que cette brochure a été écrite par une femme, pourquoi pas… Mon propos est simplement de souligner que les personnes qui produisent les bulles, qui statuent en concile, qui condamnent explicitement et officiellement l’avortement et la contraception, qui définissent en un mot la position de l’Eglise sur ces sujets, sont des hommes, et que comme je le disais plus haut, on rencontre difficilement des hommes qui aient vécu la réalité de la grossesse ou de l’avortement.
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Pourquoi affirmez-vous que le titre de la brochure est une question rhétorique dont la réponse est « oui » ? Vous citez pourtant vous-même une phrase de la brochure qui montre le contraire :
« elle [l’Eglise] propose un chemin de guérison intérieure. »
Si l’Eglise considérait effectivement l’avortement comme une blessure insurmontable, il n’y aurait pas de guérison possible.
Je rejoins l’avis de Pascal sur ce texte : c’est le pardon qui y est central, non la culpabilité.
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« Si l’Eglise considérait effectivement l’avortement comme une blessure insurmontable, il n’y aurait pas de guérison possible. »
Certes, mais elle suggère qu’il y a automatiquement une blessure chez chaque femme qui fait un IVG. Hors, c’est faux. Ça reste une question rhétorique car elle affirme qu’il y a blessure. Si la question avait été « L’IVG : provoque-t-il une blessure insurmontable ? » ça serait mieux passé.
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J’aurais une petite question.
Si j’ai bien compris, mais je peux me tromper, un argument important de l’Église contre l’avortement est que, selon elle, une bonne proportion des femmes qui avortent ressentent ensuite une certaine douleur (ou culpabilité, ou malaise, etc.). Laissons de côté temporairement la contestation des faits (par exemple, le biais de sélection possible que je relevais ci-dessus).
Me trompé-je si je dis que l’argument se résume par « une bonne partie de celles qui le font (éventuellement sous la pression de l’entourage) se sentent mal pendant et ensuite, donc c’est quelque chose de néfaste qui devrait être interdit » ?
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Non Oriane, ce n’est pas cela du tout. L’Eglise ne s’appuie pas sur des conséquences psychologiques supposées, mais sur le droit inaliénable de tout être humain à la vie, depuis sa conception jusqu’à la mort naturelle.
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@sharedwanderlust: S’il est vrai que l’autorité ecclesiale (celle des évêques notamment) est entre les mains d’hommes, votre démonstration me parait donner une image trop simplifié du fonctionnement de l’Eglise. Les femmes ne peuvent pas être ni diacres, ni prêtres, ni évêques, c’est vrai. Par contre, nombre d’entre elles sont des théologiennes reconnues dans l’Eglise, et ont eu une influence importante sur le développement de sa théologie tout au long des siècles. Il y a même des femmes à qui a été reconnu le titre de « docteur de l’Eglise » (trois à ce jour: Sainte Catherine de Sienne, Sainte Thérèse d’Avila, et Sainte Thérèse de Lisieux. Je crois me souvenir que la question avait été posée pour Edith Stein, au demeurant ancienne suffragette, et que Jean-Paul II y était très favorable, mais je ne sais pas ce que c’est devenu). Le Pape et les évêques prennent des décisions en se référant à la Parole de Dieu ( les évangiles) éclairés par la Tradition (les 2000 ans d’exégèse et de réflexion théologiques qui ont suivi). Et il me semble qu’une sainte ou une grande théologienne, ou la fondatrice d’un ordre religieux, a à moyen terme au moins autant d’influence qu’un Pape sur la manière dont le contenu de cette tradition est compris et exprimé. Je pense donc que vous minimisez l’influence des femmes catholiques dans l’élaboration de l’enseignement de l’Eglise.
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Pour ceux qui pensent que les femmes qui vivent leur IVG forcément mal, il y a un site exprès de témoignages de femmes qui ont avorté et qui disent ce qu’elles ont ressenti, peut-être sont-elles plus légitimes pour parler de leur ressenti que le Pape ou les prêtres…
J’ai avorté 2 fois, à 7 ans d’intervalle, et les deux fois j’ai vécu ça comme un intense soulagement, avec la sensation de passer à coté d’une énorme catastrophe… Qui aurait gâché ma vie toute entière.
Pour être claire, je veux des enfants, mais pas maintenant, je veux les avoir quand je pourrai m’en occuper correctement, quand je serai prête financièrement, moralement, psychologiquement, lorsque je pourrai leur offrir la meilleure vie possible. Je pense qu’il aurait été absolument irresponsable de mener une grossesse à terme à 19 ans et la deuxième fois, je n’avais pas envie d’avoir un enfant avec un homme que j’appréciais certes, mais avec qui je n’avais pas envie de faire ma vie et dont je ne voulais pas d’enfant. Je conçois que ce soit choquant de prendre en compte pour certains le fait qu’une femme puisse ne pas vouloir d’un enfant juste parce qu’elle n’aime pas suffisamment le père, mais il faut vous mettre cela dans la tête, c’est une réalité, je ne suis surement pas la seule. Je trouve cela étonnant qu’il ne soit pas évident pour tout le monde que cet acte incroyable qui consiste à mettre un enfant au monde, à le porter, et à le « créer » à l’abri de soi, doit être voulu et/ou accepté sous peine d’être très mal vécu et par la mère et malheureusement, difficile à vivre pour l’enfant.
Tous ces braves gens qui vous expliquent qu’il ne faut pas avorter ne sont pas là pour vous aider à l’élever et prendre soin de lui une fois que vous avez suivi leurs conseils/injonctions sur ce qui était le mieux pour vous et lui.
En ce qui me concerne, j’attends le moment où j’aurai un enfant, comme d’une part une expérience de vie extraordinaire, et d’autre part, un acte d’amour pour lequel Je choisirai avec qui je veux le faire, quand et dans quelles conditions je veux le faire. Et PERSONNE ne m’imposera de l’extérieur comment vivre et ressentir cette expérience éminemment INTIME ET PERSONNELLE.
Je suis convaincue d’avoir fait les bons choix et j’en suis très contente et satisfaite, et en aucun cas, je ne ressens le moindre stress post-avortement. Et qui plus est, je le referai sans hésitation aucune si je le juge nécessaire.
Ce site, « j’ai avorté et je vais bien merci » est d’utilité publique.
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L Eglise est totalement d accord avec la majorité de vos arguments. c est pour cela qu elle a instauré le sacrement du mariage : « L’alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu’à la génération et à l’éducation des enfants » (catechisme de l église catholique, §1601)
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Bonsoir à tous, je tombe ici « par hasard », auquel je ne crois pas, désolée, j’ai juste survolé les commentaires, ils sont bien trop nombreux…
C’est un article passionnant et très objectif.
Je me permets juste de donner mon opinion au sujet de l’église catholique, en tant que Polonaise, ayant survécue à l’éducation catholique, dans un pays, qui depuis l’élection de Jean-Paul II est devenu intégriste.
L’avortement y est quasiment interdit, ainsi que le divorce.
Bien que je vive depuis trente ans en France, ce sentiment de culpabilité que les prêtres vous inculquent à longueur de temps, accompagné de la notion du péché et du mal m’a coûté une dizaine d’années de thérapie pour que je puisse m’en libérer.
L’église catholique, comme toutes les religions sont des institutions gouvernées par des hommes, célibataires de surcroît.
Certes, l’avortement est une souffrance pour chaque femme, alors y rajouter encore une couche de culpabilité, est-ce en accord avec le message de l’amour du Christ, le seul qui devrait être retenu ?
Et la position de l’église en matière de contraception ? Interdite. Alors, que faire ? Mettre au monde des douzaine d’enfants, comme dans les temps heureusement révolus ?
Sans parler du rejet des divorcés, du port de préservatif, surtout en Afrique et j’en passe.
Alors pas d’étonnement si les églises sont désertes…
Désolée, je m’emporte un peu mais le sujet est trop sensible.
Bien que profondément croyante, je refuse d’appartenir à cette institution, tellement sclérosée.
Merci encore pour votre article, ce site est passionnant, je reviendrai.
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L Église souhaite le meilleur pour chaque être humain (y compris les enfants à naître ou encore les Africains, bien entendu) et c est pour cela qu elle est exigeante et propose un chemin difficile. Les gens ne savent / croient plus en cela et c est pour cela,que les églises se vident. Je prie pour tous les intervenants de ce blog et spécialement pour vous.
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Bonjour à tous,
ce site et vos commentaires sont passionnants! Ils prouvent que chaque être humain est unique et donc que ses pensées le sont également.
Je suis tombée sur ce site car je suis acuellement enceinte. Je compte avorter car je ne suis pas en mesures financière et psychologique de le garder. C’est un acte majoritairement égoiste j’en conviens car je vais décider de la vie de quelqu’un d’autre, de sa mort plus exactement.
Je suis catholique pratiquante ce qui induit une autre dimension de réflexion sur cet acte.
Comme l’a dit Lène, la plus grosse douleur que je crains c’est le regard des autres: ma famille, la paroisse, les voisins, les amis… La plupart me jugerai très mal, je serai regardée de travers etc…
Le problème qui se pose actuellement est que l’Eglise n’est pas pour l’avortement car son objectif est d’enlever la vie à un être humain. Mais si j’arrive dans cette même paroisse avec un gros ventre, que je ne suis pas mariée et que le père de mon enfant n’est plus avec moi, je ne suis pas sûre que les réactions seront de me féliciter de l’avoir garder, de me soutenir et de toujours m’accueillir les bras ouverts.
Le société actuelle, les mentalités et mes valeurs sont en opposition sur cette situation. Mais les pressions sociales sont les plus fortes et je ne désire pas être jugée ou exclue de ma famille et de mon voisinage. De plus, ma situation ne s’y prétant pas, je ne peux pas le garder.
Par rapport à l’article, la souffrance est déjà présente dans mon cas. Elle est psychologique car je subi un tiraillement, de la honte et de la solitude. Je pense que ce n’est que le début car l’intervention n’a pas encore eu lieu. Mais j’espère de tout coeur être comme Bérénice; de me dire que c’était mon propre choix, et ainsi m’obliger à vivre ma vie à 200% pour que cet acte ait un sens, et qu’il ne soit pas vain!
Merci Pascal pour vos commentaires, ils me permettent d’aller de l’avant et de me dire que l’Eglise certes me jugera mais qu’Elle me pardonnera ainsi que Dieu.
Merci à tous pour vos commentaires. Même s’ils ne sont pas tous dans le même sens, je trouve qu’il y a du respect sur ce site (malgré quelques accrochages mais cest inévitable). L’échange de point de vue est essentiel afin de construire une société meilleure et propice à tous.
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bonjour comment vous sentez-vous depuis votre avortement?
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