Quand le politique tente de censurer la recherche

Edit 14/12, 22h50: pour plus de clarté, j’ai remplacé dans le titre « contrôler » par « censurer ».

Le 7 décembre 2012, les député·e·s UMP Virginie Duby-Muller et Xavier Breton ont présenté à l’Assemblée Nationale une « Proposition de résolution demandant la création d’une commission d’enquête sur l’introduction et la diffusion de la théorie du gender en France ».

Cette proposition de résolution intervient alors que font rage les débats sur le « mariage pour tout·e·s », présenté par les deux signataires comme une conséquence de l’influence de la « théorie du gender ». L’initiative a fait l’objet d’un écho assez faible dans les médias, qui soulignent son lien avec la polémique lancée en 2011 par des traditionalistes et conservateurs milieux catholiques, déjà relayée à l’époque par 80 déput·e·s UMP. L’un d’eux avait même demandé une enquête de la Miviludes, l’organisme chargé de la lutte contre les sectes.

Comme en 2011, le traitement médiatique de cette polémique se caractérise par la reprise généralement non critique du vocabulaire des opposants au « gender ». On retrouve ainsi dans de nombreux titres et articles les expressions « théorie du gender » et « théorie du genre », même quand le contenu est favorable aux études de genre. Ces expressions ne viennent pas des études de genre, et pour cause: une telle théorie n’existe pas. Je reviendrai sur cette question dans un prochain article. En outre, le traitement médiatique de ce débat est traversé par l’expression de l’« inquiétude » des opposant·e·es aux études de genre. On remarque donc que les polémistes réussissent à imposer non seulement leur vocabulaire (absurde), mais aussi une certaine vision du débat (vecteur d’«inquiétude » et de « bouleversements »).

Diagnostiquer…

Le texte de la proposition de résolution est disponible sur le site de Mme Duby-Muller. Il en détaille les motifs et commence par un paragraphe qui se donne des allures de description scientifique:

    Notre société est organisée à partir de la différence sexuelle « anatomique » homme/femme, et de son expression culturelle, le genre masculin/féminin, qui lui correspond. Le genre peut être considéré comme le résultat de processus historiques et culturels ; il se réfère à des comportements, des fonctions et des rôles que chaque société assigne à chaque sexe.

L’affirmation d’emblée d’une différence sociale fondée en nature relève d’une rhétorique maintenant habituelle et d’une logique irrecevable (expliquer une situation sociale par des données qui ne relèvent pas du champ du social). Mais surprise: le terme « genre » est employé, avec une définition qui serait à peu près acceptable si elle n’était pas fondée sur la reconduction de l’opposition nature / culture. La logique qui consiste à nier la légitimité d’un champ de recherches en reconnaissant pourtant la validité de son concept central est pour le moins retorse. C’est en fait, on s’en doutait, parce que les personnes à l’origine de ce texte n’ont absolument rien compris aux études de genre.

L’illogisme se poursuit et s’amplifie. Le texte admet l’intérêt des études de genre:

    il peut être tout à fait intéressant de s’interroger, à travers l’Histoire, sur les différences non biologiques entre hommes et femmes, en cherchant la racine et les causes des inégalités observées

pour ensuite objecter (et c’est là que cela se corse):

    [m]ais progressivement ces gender studies ont intégré la théorie du gender dans leurs travaux.

Je dois dire que j’ai été prise d’un fou rire en lisant cette phrase. Mais comme elle a été prononcée à l’Assemblée Nationale, par des élu·e·s du peuple, peut-être faudrait-il plutôt en pleurer. Au cas où cela vous aurait échappé, il est évidemment impossible de séparer gender studies et « théorie du gender », puisque le « gender » est le concept central des gender studies. (Je n’arrive pas à croire que j’ai écrit cette phrase.)

On retrouve ensuite les arguments rodés pendant la « querelle du genre » de 2011, avec leur lot de contresens, de déformations et de caricatures (volontaires?), très bien analysés par Anthony Favier dans une série d’articles consacrés à la question (« La querelle autour du nouveau programme de biologie de 1ère », 1-12). La conséquence redoutée et constamment agitée par les polémistes anti-genre, c’est « l’indifférentiation des sexes ». On prête à la « théorie du gender » un pouvoir tel que, si elle était « introduite » en France, elle pourrait provoquer « une rupture majeure de notre société et […] un bouleversement pour l’ensemble des Français ». Le texte dépeint ce « bouleversement » comme imminent: en effet, la « théorie du gender » s’est déjà infiltrée dans nos universités, dans les programmes scolaires, mais aussi dans les domaines suivants: « politique de la petite enfance, éducation, […] droits des femmes, droit de la famille, droit social, administration, Justice ».

Le tout s’apparente fort à un complot, américain de surcroît. L’emploi de l’anglais « gender » et le refus d’utiliser la traduction française « genre », pourtant largement acceptée aujourd’hui, témoignent de la volonté de désigner la « théorie du gender » comme une importation américaine (à rejeter, donc). La France doit résister à cette invasion discrète, à l’«introduction » en France de la « théorie du gender », « imposée en catimini », à son «apparition » dans les manuels scolaires et sa « pénétration [sic] […] dans l’ensemble de notre pays ».

Après une telle démonstration, pas anxiogène pour deux sous, une conclusion s’impose: une commission de trente déput·e·s devra

    établir précisément les vecteurs de promotion de la théorie du gender dans notre pays – [et] en évaluer les conséquences pour la collectivité nationale.

… pour mieux contrôler

De quoi parle-t-on ? D’un champ d’études, les études de genre, qui prend pour objet l’aspect social de la dichotomie femme / homme en s’appuyant sur le concept de « genre ». L’objectif est d’expliquer en quoi cette bipartition implique une hiérarchie et donc, des inégalités concrètes. C’est cela que ces déput·e·s et les polémistes anti-genre fantasment comme une « théorie du gender ». Les études de genre se sont institutionnalisées dès les années 1980 aux Etats-Unis et beaucoup plus tardivement en France, ce qui explique sûrement tant d’incompréhension et d’erreurs, mais certainement pas la volonté d’exercer un contrôle politique sur la recherche.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. En brossant un tel portrait des études de genre, ces polémistes cherchent à justifier l’injustifiable, à savoir tout bonnement la censure. Mais pourquoi s’attaquer aux études de genre? Qu’est-ce qui leur fait donc si peur? L’idée d’une « indifférenciation des sexes » est, je l’ai dit, un pur fantasme sur lequel reviendra un prochain article. Ce fantasme résulte d’un contresens fondamental sur les idées de chercheurs et chercheuses comme Judith Butler, constamment caricaturée et utilisée comme épouvantail.

Au-delà de ce spectre de l’indifférenciation des sexes, ce qui effraie, c’est la mise en évidence des mécanismes de hiérarchisation et de domination qui fondent la bipartition femme / homme – en clair, les causes des inégalités sociales. On retrouve cette peur à deux occasions dans le texte de la proposition:

    Si toute lutte contre les discriminations fait, a priori, l’unanimité, il faut toutefois s’assurer que l’argument avancé ne sert pas un objectif qui ne dit pas son nom, celui de généraliser l’introduction en France de la théorie du gender, dans son sens subversif de l’indifférenciation des sexes qui pourrait inspirer notre législation.
    Qui peut nier qu’à fonction égale, la femme doit avoir le même salaire qu’un homme, mais devrait-on alors lui supprimer tout congé de maternité pour le même motif ?

Les deux phrases fonctionnent de la même manière: concession (l’égalité c’est bien, d’accord) – réfutation (mais derrière l’égalité, il y a le « gender », c’est-à-dire le déni de la biologie). La recherche de l’égalité est assimilée au processus insidieux du « gender »; conclusion, que fait-on en vue d’atteindre l’égalité? Rien. Trop dangereux, rendez-vous compte, on risquerait d’obliger des hommes à allaiter.

En cherchant à censurer la recherche et les études sur le genre, l’objectif est donc d’éviter toute remise en cause du statu quo, à savoir des inégalités fondées justement sur le genre. Chacun chez soi, le « gender » aux Etats-Unis, et les vaches françaises seront bien gardées.

Conclusion: démagogie et obscurantisme

Je me suis récemment énervée sur twitter à propos de cette banderole, dans le défilé de la « Manif pour tous » du dimanche 18 novembre:

"Mariage pour tous" = théorie du gender pour tous

« Mariage pour tous » = théorie du gender pour tous

Alors que je demandais comment on pouvait s’opposer à un champ de recherches, une twitta m’a répondu: « est-ce que n’est pas justement la définition de l’obscurantisme? » Très juste. L’obscurantisme, dans son sens premier, c’est une

    attitude, [une] doctrine, [un] système politique ou religieux visant à s’opposer à la diffusion, notamment dans les classes populaires, des ‘lumières’, des connaissances scientifiques, de l’instruction, du progrès.

Or à quoi assiste-t-on? A une polémique entretenue par des personnes n’ayant aucune légitimité scientifique sur ce sujet, n’ayant de toute évidence consulté aucun ouvrage de première main sur la question et prétendant en démontrer l’irrecevalibilité pour en interdire le développement. Le tout, arguments fallacieux, illogiques et souvent absurdes à l’appui. Mais bien sûr, ces personnes ont en tête le bien commun: « les Français sont en droit d’en être informés ». Il s’agit de faire prendre « conscience » aux « citoyens » de ce que […] représente [la « théorie du gender »] et des conséquences qu’elle entraîne », alors que « des associations » [sic] tentent de l’introduire « en catimini » en France.

J’ai réussi à écrire cet article jusqu’ici sans me mettre en colère mais là, j’ai du mal. Autant d’ignorance, de malhonnêteté et de démagogie me mettent hors de moi. Car comment qualifier autrement ce comportement et ces discours? Imagine-t-on un instant ces déput·e·s réserver le même traitement à la physique quantique, sous prétexte qu’elle remettrait en cause les fondements de nos croyances sur l’univers? L’objet des études de genre est social, et elles touchent aux structures de pouvoir dans la société. De toute évidence, de tels questionnements ne sont pas acceptables pour tout le monde.

AC Husson

27 réflexions sur “Quand le politique tente de censurer la recherche

  1. Il me semble que cet excellent article:
    http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-philippe-cazier/111112/egalite-des-droits-toujours-objets-jamais-sujets
    égaré chez médiapart pourrait faire écho au vôtre.

    Il semble que l’on puisse dire, sans excès aucun, que l’obscurantisme – un certain obscurantisme, et plus qu’un obscurantisme certain, délibéré, un confusionnisme entretenu – constitue la « parole légitime » aujourd’hui.
    De même que l’on ne doit pas dire que la critique abolitionniste de la prostitution repose sur une critique du sexisme, on ne doit pas parler d’égalité des droits à propos du mariage pour tous, ni parler des rapports de domination fondés sur le genre…

    La critique sociale n’est jamais quelque chose d’acceptable pour ceux qui bénéficient des privilèges, pour ceux qui sont au pouvoir, pour les dominants et leurs amis.
    Ils ne sont pas particulièrement malhonnêtes aujourd’hui lorsqu’ils mentent sur la critique des rapports de genre, sur l’observation et l’analyse des rapports de domination fondés sur le genre: les dominants mènent en permanence, délibérément une guerre contre les dominé-e-s, et tous les moyens sont bons pour empêcher ces dernières d’en prendre conscience. Ils assument très bien de mener cette guerre, de mentir éhontément, de distordre les faits, de refuser aux dominé-e-s toute parole, de traiter avec le dernier des mépris ce qu’elles et ils peuvent parvenir à dire de la condition qui leur est faite, et des rapports de domination qu’ils et elles subissent.

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    • Je ne connaissais pas cet article, il est effectivement intéressant, merci – en particulier en ce qui concerne la « parole légitime ». Il est extrêmement inquiétant que des député·e·s se fassent l’écho d’un discours aussi minable, pour dire clairement les choses. C’est pourquoi il est important (et là-dessus je ne suis pas d’accord avec l’auteur de l’article) d’analyser de près leurs propos afin d’en montrer l’incohérence et l’absurdité.

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      • Peut-être ne serez-vous pas d’accord, mais il me semble que la thèse de l’auteur de l’article (à laquelle je souscris pour l’essentiel) est que, sur certains sujets, pour faire montre de sa légitimité à parler, il faut justement ne tenir que des propos incohérents et absurdes. Par exemple, les arguments des « opposants au mariage gay » (personne ou presque ne parle, à en croire les médias, d’égalité des droits) sont soif grossièrement confusionnistes pour les plus sophistiqués, soit ahurissant de bêtise crasse.
        Il faut tout de même admettre que ces propos sont très vraisemblablement tenus en connaissance de cause par des gens qui se montrent par ailleurs parfaitement capables de se montrer considérablement moins bêtes, sitôt que l’enjeu de l’exercice de l’intelligence n’est plus la perte de leurs privilèges (d’hommes/hétérosexuels/blancs), mais plutôt leur conservation. Autrement dit, que l’incohérence manifeste de leurs arguments relève d’une cohérence à un autre niveau

        Il y a certes un temps pour les explications, mais il y a aussi un temps où, face à une bêtise qui, sitôt qu’on la renseigne, se complaît à se faire plus bête encore et qui fait montre de sa détermination à ne jamais articuler deux arguments honnêtes, il devient urgent de montrer en quoi cette bêtise est d’abord une stratégie délibérée de maintient d’une domination existante, et non un simple obscurantisme, une regrettable forme d’ignorance.
        Je pense qu’il est des sujets sur lesquels les homophobes (comme les racistes ou les sexistes) ne veulent rien savoir, sur lesquels ils tiennent à ce que rien, ou le moins possible ne soit su, à propos desquels ils entendent bien laisser le champ libre à leurs élucubrations, à propos desquels ils présenteront le moindre fait, la moindre connaissance, comme une scandaleuse entrave totalitaire à la liberté d’opinion. A tout ce qui pourrait avoir le moindre caractère de véracité, ils préfèrent encore n’importe quel mensonge ou presque, et leur prolifération. Pour autant, ils ont aussi besoin de parer leur monopole de la parole, et l’étouffement qu’ils obtiennent ainsi, du nom mensonger de « débat démocratique ».
        En cela, si analyser leur propos est important, cela me semble insuffisant: il me semble nécessaire d’analyser aussi leur stratégie.
        « Débattre », chercher à démontrer leur bêtise dans le détail me semble aller justement dans le sens qu’ils cherchent : pendant ce temps là, c’est toujours en les termes ineptes qu’ils imposent que les droits d’une partie des êtres humains sont discutés par l’autre.
        Les opposants à l’égalité des droits sont donc prêts à tous les « débats » possibles, tant que ce sont eux qui décident de l’ordre du jour, et qu’en face d’eux on se contente d’essayer d’argumenter. L’essentiel étant que, pendant les débats, les discriminations continuent, et que ceux qui en sont l’objet ne puissent jamais les nommer par leur nom.
        Bref, en refusant d’entrer dans le détail d’une bêtise luxuriante, il me semble que l’auteur de l’article quitte le terrain où les défenseurs de l’homophobie institutionnelle (comme il est un sexisme et un racisme institutionnels) cherchent à l’enliser, pour les montrer à l’oeuvre, et qu’il reprend ainsi l’initiative: qu’il ramène le sujet sur un terrain où une discussion un tant soit peu honnête , s’il était besoin d’une discussion honnête pour déterminer si oui ou non l’égalité en droit était quelque chose de défendable, pourrait avoir lieu-.

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  2. Article pertinent mais titre bizarre A.-C., sachant que la politique contrôle toujours la recherche, sauf bien sûr la recherche… privée, et encore (lois « éthiques », statistiques ethniques etc.).

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      • Le politique contrôle, de fait, les objets de la recherche, au travers des allocations de postes et de fonds. On peut se gargariser de l’indépendance des professeurs des universités, mais le fait est que lorsqu’on a zéro budget pour s’acheter un ordinateur, pour aller en colloque, pour financer des doctorants, pour acheter du matériel expérimental (sciences expérimentales) et/ou financer des études de terrain (sciences sociales), on est un peu coincé.

        Afin d’éviter les abus (favoritisme, lubies etc.), il existe diverses instances intermédiaires, suivant les cas nommées par l’exécutif, ou élues par les universitaires et assimilés, ou un mélange des deux. La puissance publique a délégué à ces instances un grand nombre des choix cités (même si l’on sent toujours le poids des choix politiques).

        Ce que disent ces élus politiques nationaux, c’est, en quelque sorte, que ces instances sont incompétentes, voire ont été corrompues par la néfaste influence anglo-saxonne, et qu’il leur faut intervenir ; bref, supprimer les échelons intermédiaires. Raisonnement curieux, car nombreux sont les élus qui refuseraient que l’on soumette les questions législatives spécialisées à référendum, au motif qu’il s’agit de dossiers techniques que les citoyens n’ont pas le temps d’examiner et où s’exercerait la démagogie…

        Courage.

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        • Je continue moins la critique – car j’apprécie énormément ce blog – que la discussion…J’ai récemment discuté avec une historienne doctorante qui travaille précisément sur le genre. Elle me disait que le problème des études de genre en France était leur manque de place forte institutionnelle. Autrement dit un vivier, un grand labo au sein de l’université (pour résumer ses propos).
          Le retard de la recherche française en termes d’études de genre s’explique sans doute par une multitude de facteurs. Les résistances politiques, par le biais d’un non-soutien à ce type d’études, en sont peut-être un?

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        • Vous avez tout à fait raison, et ces propos doivent être resitués dans le contexte que vous décrivez. Le manque de reconnaissance institutionnelle (et universitaire en particulier) des études de genre est effectivement un problème majeur. Dans d’autres pays, anglophones en particulier, elles se sont développées à partir des études féministes, qui ont acquis dès la fin des années 70 une telle reconnaissance. Ca n’a pas été le cas en France, où le féminisme est resté presque exclusivement du côté militant. Le contexte est donc très différent, ce qui explique que quand le concept de « gender » a commencé à être étudié en France, il a rencontré des fortes réticences universitaires, pour des raisons diverses. Il est maintenant accepté, mais la dimension institutionnelle manque toujours: très peu de masters, de départements sont consacrés aux études de genre – donc peu ou pas de postes universitaires. Ce contexte explique aussi l’ignorance qu’on a pu constater dans des discours largement véhiculés dans les médias depuis l’année dernière et qui se retrouve dans le texte pondu par ces deux député·e·s: ces personnes ne connaissaient visiblement pas le concept avant les polémiques récentes, et ne le connaissent qu’à travers des discours caricaturaux ou mensongers.

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      • Chuis d’accord avec le premier paragraphe de DM.

        La modification n’est pas indispensable, on reste sur un blog, mais ça fait juste un peu bizarre et vraiment pas très précis 😉

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        • Oui, et en plus je trouvais que ça faisait un peu idéaliste. J’ai modifié par « censurer », c’est plus clair comme ça, enfin j’espère. Mais là tu n’as plus le droit de critiquer. Steuplé. 😉

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  3. J’ai pas très bien compris… Ils tapent sur la théorie du « gender », mais qu’est-ce que c’est alors ? Qu’y a-t-il de si terrible qu’ils veulent interdire ? J’ai l’impression que la réponse est simple mais que tout cela est tellement saugrenu que je n’arrive pas à comprendre le problème 🙂 je veux dire, il y a réellement des gens prêts à s’opposer à une étude approfondie des questions de genre ? Parce que dans les extraits proposés ils ont l’air de dire que non pas du tout, qu’ils en veulent juste à la théorie du gender, etc, mais c’est quoi ?

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    • C’est normal que vous ayez du mal à comprendre: leur raisonnement est aberrant. En fait, ces personnes font une distinction entre les études de genre, qu’ils ont l’air de comprendre et trouver légitimes (merci bien), et ce qu’ils/elles appellent « la théorie du gender ». Cela n’a a priori aucun sens, puisque le « gender » (comme ils/elles disent) est évidemment au coeur des études de genre. En fait, ce texte est très révélateur. Depuis 2011 et la polémique autour des nouveaux programmes de SVT, des polémistes venant des milieux catholiques traditionnalistes et conservateurs se sont concentrés sur ce qu’ils/elles appellent « théorie du gender » – un fantasme complet. Cette expression leur permet de mettre l’accent sur l’aspect soi-disant abstrait, philosophique du « gender », une simple théorie donc, qui serait utilisée comme arme par le « lobby gay » (l’expression est récurrente, mais dans ce texte précis on parle d' »associations »). Il s’est donc fait toute une construction autour de cette expression qui explique qu’on puisse aboutir à un texte aussi absurde, distinguant « études de genre » et « théorie du gender ». Ce qui est original, comme vous l’avez remarqué, c’est que ces député·e·s reconnaissent bel et bien l’intérêt des études de genre; le problème est qu’ils/elles prennent pour argent comptant les écrits polémiques à propos de la « théorie du gender », qui serait une forme extrême des études de genre.
      (Est-ce que c’est plus clair? J’ai bien conscience que le sujet est complexe, et l’absurdité des arguments employés ne facilite pas la tâche!)

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      • Je crois que j’ai compris… qu’ils n’ont rien compris ! Mais c’est beaucoup plus clair, en effet, et ce que je retiens pour finir, c’est que s’opposer à cette soi-disant théorie du gender permet de discréditer les études du genre dans leur ensemble, qui ne plaisent pas à tout le monde. Et là le terme « obscurantisme » prend tout son sens, dans la compréhension la plus moyenâgeuse que l’on peut avoir de ce mot… A faire froid dans le dos.

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  5. J’aurais une petite remarque : je pense qu’il ne s’agit pas ici de chercher véritablement à censurer la recherche (sinon, ces gens auraient tenté des choses sous la précédente législature), mais de pure communication politique. Ces députés, dans l’opposition, n’ont aucun espoir de voir créer cette commission d’enquête ; il s’agit juste pour eux d’envoyer un signal à leur électorat.

    Je ne sais pas comment cela se passait auparavant, mais j’ai l’impression que depuis une dizaine d’années, on voit de une grande quantité de propositions, voire de projets de loi qui relèvent de la communication, souvent d’ailleurs catégorielle. Peut-être est-ce un aveu d’impuissance du politique, qui, incapable d’agir sur des sujets tels que l’économie, doit se rabattre sur le sociétal, et encore, mieux vaut des actions sans conséquences concrètes.

    J’ai peur d’une évolution vers une situation comme les États-Unis ont connus : une droite conservatrice qui, n’ayant rien de bien probant à proposer sur l’économie etc., se rabat sur la défense des valeurs et suscite des paniques morales.

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    • D’accord sur le fait qu’il s’agit de communication et d’un message envoyé à leur électorat. En revanche, je maintiens le terme de « censure », car c’est bien le contenu du message: il faut contrôler les objets de la recherche – la censurer, donc. Ce n’est pas parce que tout le monde sait que cela n’aboutira pas que ce n’est pas pour autant une volonté de censure…

      « sinon, ces gens auraient tenté des choses sous la précédente législature »
      A nouveau, je ne vois pas en quoi cela exclut qu’il s’agisse d’une volonté de censure. De plus, cette proposition de résolution s’explique par le contexte, c’est-à-dire le débat sur le mariage pour tou·e·s, qui donne effectivement lieu à une « panique morale » et que ces personnes considèrent comme un symptôme de plus (et de trop) de l’influence de ce qu’elles appellent « théorie du gender ». Ce texte n’aurait pas existé sans la polémique née en 2011 autour des nouveaux programmes de SVT, qui avait déjà suscité une initiative similaire de la part de député·e·s UMP. Il ne fait que (tenter de) relancer la polémique autour du genre, en montrant du doigt un ennemi unique, le « lobby gay ».

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  14. Effectivement, vous avez bien fait de changer votre titre, on aurait pu mal comprendre, les recherches sur le genre étant menées par des féministes, qui est un mouvement politique.

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