Arguments anti-féministes (4) A propos du terme « anti-sexisme »

Ceci est un appendice au billet précédent de ma série sur les arguments anti-féministes, « On devrait se débarrasser du terme féminisme ». Je précise, comme je l’ai fait dans le texte et en commentaire de ce billet, que je ne considère pas que cet argument soit anti-féministe en soi, seulement qu’il pose un certain nombre de problèmes. Je précise également que je ne prends à nouveau pas en compte ici les critiques internes au féminisme mais que je vise plutôt à donner des éléments de réflexion pour contrer des arguments anti-féministes.

Myroie (du blog egalitariste.net) me fait remarquer en commentaire que j’ai oublié le terme « anti-sexisme ». J’étais partie pour le traiter et, effectivement, je l’ai oublié en cours de route. Je corrige donc avec une note rapide.

Le terme est très courant, il me semble, et c’est même le titre d’un très bon blog féministe. Il me semble cependant qu’il peut aussi poser problème, du moins quand il est employé par des personnes qui refusent de se dire féministes.

D’abord, et cela peut paraître a priori comme un avantage, il est difficile de s’opposer à quelqu’un qui se dit anti-sexiste; cela nécessite des contorsions rhétoriques que l’on retrouve par exemple dans le contexte de la lutte anti-raciste (peu de gens rétorquent à un·e militant·e anti-raciste « moi je suis raciste », ça ne veut pas dire qu’ils ou elles ne le sont pas). Le terme impose donc une fausse évidence: presque tout le monde, aujourd’hui, se déclarerait anti-sexiste, dans la mesure où il n’est plus admis par la société de se dire ouvertement sexiste.

Cependant, l’avantage n’est qu’apparent, car souvent le terme sert à mettre à distance le combat féministe: une personne dira alors qu’elle est anti-sexiste, mais pas féministe (variante bien connue: « je ne suis pas féministe, mais… »). Pourquoi? La réponse la plus évidente est qu’on attache au féminisme un grand nombre de stéréotypes, dont j’ai déjà parlé à plusieurs reprises (hystérie, agressivité, misandrie, etc.). Mais je pense que, plus profondément, la réponse est politique: personne n’a jamais mené de lutte politique au nom de l’anti-sexisme. Le versant politique de l’anti-sexisme est le féminisme. Or de nombreuses personnes, bien qu’elles se déclarent anti-sexistes, ne voient pas ou refusent de voir le caractère politique de la lutte contre le sexisme.

Je répète également que les termes « humanisme », « égalitarisme » et « anti-sexisme » ne font pas apparaître les sujets politiques de la lutte dont il est question; je m’en suis déjà expliquée dans mon dernier billet.

AC Husson

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2 réflexions sur “Arguments anti-féministes (4) A propos du terme « anti-sexisme »

  1. L’anti-sexisme est bien plus consensuel que le féminisme en effet. On pourrait dire qu’il est plus englobant, mais le féminisme c’est avant tout une lutte en faveur du droit des femmes, et ça doit le rester.

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  2. Pour ma part, je préfère largement le terme d’antisexisme, il est bien moins sectaire que le feminisme qui ne défend que les droits des femmes, alors que l’antisexisme peut lui se préoccuper des, plus rares mais existants, des violations des droits des hommes (avec un petit h). On ne parle d’ailleurs pas d’Arabisme ni de sémitisme mais bien d’antiracisme et d’antisemitisme.

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