Féminisation = déclassement : Cher M. Compagnon

Cher M. Compagnon,

Je voudrais vous faire part de ma perplexité. Peut-être pourriez-vous m’aider, d’ailleurs. Voyez-vous, j’ai toujours voulu être prof en collège ou lycée. J’ai réussi les concours, mais ai finalement décidé de passer mon tour pour faire une thèse et enseigner à l’université. Il n’empêche que l’enseignement reste ma vocation. J’aurais été fière et heureuse d’enseigner dans le secondaire. Oh, bien sûr, cette perspective me faisait aussi peur. Ce n’est pas un métier facile, il suffit d’écouter les profs pour s’en rendre compte.

Et puis hier, voilà que je découvre une interview de vous intitulée « Professeur, un métier sans évolution ». Les connaissances qui l’ont déjà lue ont l’air très en colère. Alors je clique. Et je vois que vous êtes vous aussi, M. Compagnon, préoccupé par l’avenir du métier. Mais pas pour les mêmes raisons.

Ce sur quoi on vous interroge, ce qui vous inquiète, c’est le « déclassement social des enseignants ». Vous avez là-dessus votre théorie :

Les métiers de l’enseignement étaient des métiers de promotion sociale. Ils ont cessé de jouer ce rôle. La féminisation massive de ce métier a achevé de le déclasser, c’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer pour la magistrature. C’est inéluctable.

Vous attribuez donc le « déclassement » de diverses professions, celle d’enseignant·e en particulier, à leur « féminisation massive ». Pleine de mansuétude a priori pour le Grand-Monsieur-du-College-de-France que vous êtes, j’ai cru, j’ai voulu croire que c’était parce que la société patriarcale repose sur la dévalorisation du féminin et donc, des professions féminisées. Que nenni ! Votre explication est la suivante :

Un métier féminin reste encore souvent un emploi d’appoint dans un couple.

Imaginez, maintenant, ma perplexité. Moi qui avais toujours voulu être prof, je n’avais jamais vu les choses sous cet angle. Je me dis maintenant que cela aurait été un argument de poids pour convaincre mes parents de me laisser faire une 1ère L : « Mais pensez un peu à mon futur mari, si je ne deviens pas prof de français comment je pourrai apporter un salaire d’appoint pour notre foyer ? Et mes robes, je les achèterai comment ? »

A vrai dire, je croyais (naïvement sans doute) que plus personne ne voyait les choses sous cet angle depuis longtemps. Mais vous êtes Professeur au Collège de France. J’ai donc continué à lire.

Les écailles n’avaient pas fini de me tomber des yeux. Grâce à vous, j’en ai appris encore un peu plus sur ma réelle motivation, celle que je me cachais à moi-même. J’avais sous-estimé un fait important : j’ai moi aussi un titre, je suis Etre Humain à Utérus Intégré (EHUI, à prononcer « eh oui »), et cela ne peut que déterminer chaque aspect de ma vie.

L’enseignement est choisi par les femmes en raison de la souplesse de l’emploi du temps et des nombreuses vacances qui leur permettent de bien s’occuper de leurs enfants.

Et moi qui croyais que ma passion pour ma discipline et l’envie de l’enseigner étaient des raisons nécessaires et suffisantes pour envisager ce métier. Naïve, je vous dis.

Dans ma perplexité j’ai appelé ma grand-mère, institutrice à la retraite, et ai entrepris de lui expliquer tout cela, tout ce qu’elle s’était caché à elle-même, elle aussi. Peut-être que la naïveté est un truc de famille. Ou peut-être que ça va avec l’utérus.

Vous nous faites ensuite part du reste de votre analyse. Je n’ai pas très bien compris si cette profonde connaissance du métier de prof du secondaire vous venait de vos années à Polytechnique, à Columbia ou à Oxford. A moins que ce ne soit le Collège de France ? N’empêche que vous savez leur parler, aux profs de college-avec-un-petit-c. « Il faut plus de présence dans les établissements et les bureaux », dites-vous. La finesse de vos analyses psychologiques n’a pas de limite : les profs « s’identifient à leur discipline, s’y réfugient pour réagir à leur déclassement social » – alors que la solution serait tellement plus simple : il y a trop de femmes, dites-vous ? Cela dégrade la profession, dites-vous ? Eh bien, empêchons les femmes d’être profs !

Oh, bien sûr, vous n’allez pas jusque-là ; pas comme David Cameron, qui identifie la « féminisation massive » de l’enseignement, comme vous dites, comme une des causes des émeutes de Londres en 2011. Nicolas Sarkozy n’était que trop ravi de lui emboîter le pas. Comme vous, ils ont compris le truc : c’est toujours de la faute des femmes. Cameron ne parle pas de « déclassement », lui ; il en reste à l’absence d’autorité, à la perte du respect pour les enseignants. Effectivement, difficile, quand on est un utérus sur pattes, d’en imposer devant une classe.

Ah, ces utérus. Très utiles décidément.

AC Husson

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58 réflexions sur “Féminisation = déclassement : Cher M. Compagnon

  1. « La féminisation massive de ce métier a achevé de le déclasser, c’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer pour la magistrature. C’est inéluctable. »
    Quelle horreur cette féminisation, une vraie épidémie. Un mot pour les propos de cet abruti: écœurant!

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  2. Je partage, j’adhère en tous points. Et le reste de l’article prouve l’incompétence de M. Compagnon concernant les questions sensibles du secondaire.

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  3. Pingback: Féminisation = déclassement : Cher M. Compagnon (par A.-C. Husson) | La pensée du discours

  4. Et ce M. Compagnon qui pousse le vice jusqu’à avoir un nom (commun) très difficile à dégenrer…
    Le problème avec le figaro.fr : on ne peut plus emballer le poisson avec…
    Misère du Prrrogrêêês.

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  5. Je suis allé d’abord lire l’article, en m’attendant, bêtement, à passer à côté de ce qu’il pouvait avoir de choquant.

    J’en ai fait un bond sur mon siège.

    Non mais pour qui se prend-t-il? Qu’est-ce que c’est que ces délires d’arrière-garde? « Ah ouais, les profs, ça vaut plus rien mon bon monsieur, vous comprenez, c’est que des gonzesses maintenant, ça a aucun amour du métier, ces bêtes-là ».

    Franchement, même dans le figaro, je n’en reviens pas qu’il y ait encore des personnes assez décérébrées pour proférer ce genre d’âneries en place publique.
    Et je me dis que le tragique dans cette histoire, c’est que, quand c’est jean-jacques au café du coin qui dit ce genre de choses, non seulement ça reste limité, mais il se trouvera toujours quelqu’un pour lui dire « Jean-Jacques, t’es trop con, arrête de picoler ». Tandis que là, Môssieur étant professeur au collège de france, non seulement on lui offre une tribune pour balancer ses délires de beauf de bas étage, mais, de plus, il y a d’autant moins de chance qu’une personne d’un statut similaire lui dire « Tais-toi, tu nous fais honte à tous avec tes bêtises ».

    Merci en tout cas, je fais suivre.

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  6. Merci M. Compagnon, d’être le compagnon (ha) de ma vie professionnelle. Je suis prof en lycée (avec un petit L), et j’ignorais que ce que je pensais être une passion pour une discipline, une volonté de transmission, des efforts de chaque jour était en fait une manœuvre utérine. Ainsi, l’utérus prévoit! L’utérus sait! Pour s’occuper de mes futurs enfants, il me fallait bien un petit travail d’appoint, pas trop fatiguant, histoire d’acheter petits pots et petits plats pour Monsieur et Junior 1, 2 et 3.

    Merci, ô Antoine Compagnon. Je transmettrai à mes élèves vos éclairantes réflexions, il s’agit d’empêcher toutes ces filles de salir d’autres métiers par leur simple présence! Mais j’y pense. Mes classes à majorité de filles sont-elles encore des classes ou est-ce qu’elles dégradent également toute une filière? Voilà matière à poursuivre votre inspirante analyse.

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    • Figaro ou pas, c’est bien Antoine Compagnon qui a tenu ces propos. Et quelle tristesse, venant d’une grande figure de la critique littéraire française ! Un mec du Collège de France, qui, sur le principe, est une belle institution (c’est quand même autre chose que la lie académicienne) ! Vomi, vomi.

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      • Euh… il y a longtemps que le Collège de France a sombré dans la médiocrité intellectuelle la plus crasse. Le temps des Pierre Bourdieu, Michel Foucault, Roland Barthes, Claude Lévi-Strauss et autres Fernand Braudel est très, très loin derrière nous…

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        • Je vous rejoins… Très très grande déception ! ET je ne parviens toujours pas à croire les propos de Monsieur Compagnon ! Comment un homme qui de plus est médaillé légion d’honneur, palmes académiques… peut-il tenir des propos si décadents ? Je suis déçue ! Je suis une femme qui aime son métier d’enseignante, métier merveilleux… métier où l’on se renouvelle sans cesse. Un métier qui s’exerce avec humilité ! Venez faire un tour dans nos classes, chez les petits du primaire, venez voir ces Femmes, puisque ce sont « elles » que vous ciblez, qui se donnent, qui s’investissent dans cette mission qu’est celle de l’enseignement. Je travaille (et suis loin d’être la seule) tous les jours de la semaine, weeks ends compris, et pardon également pendant les vacances. Je cherche sans cesse de nouveaux projets pour développer la curiosité des élèves, leur donner l’envie d’apprendre… Je cherche à toujours mieux les comprendre, pour mieux les aider sur leur chemin de vie ! Comment osez-vous parler d’un travail d’appoint !!! Quel affront !
          Mais vous savez, je vous plains… d’en arriver en fin de carrière… à avoir un tel raisonnement, s’il faut parler de raisonnement !

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  7. « La féminisation massive de ce métier a achevé de le déclasser, c’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer pour la magistrature. C’est inéluctable. » BEN OUAI ! CES GROSSES FEIGNASSE DE JUGES QUI FOUTENT RIEN SAUF ELEVER LEURS NIARDS ! /o\

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    • Mais je comprends pas, facebook, entre deux pubs pour acheter des robes (roses) (à paillettes), me propose pourtant de « devenir magistrat ! (le ministère de la justice RECRUTE) » : serait-ce un complot ?

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  8. Mais les femmes ne deviennent pas profs pour un salaire d’appoint, il a rien compris ce Compagnon !
    Non, elles deviennent prof parce qu’elles aiment les enfants, évidemment. D’ailleurs, plus ils sont grands, moins ils les intéressent. Preuve que l’Instinct Maternel ne peut être vaincu par la tendance sociale à rationaliser l’éducation en la confiant à des hommes.
    Je m’arrête, ça me fait horreur :\

    En tant que débutant en français, je dois admettre que ce qu’il dit sur le travail en équipe n’est pas absurde, et reste dans la ligne des efforts des dernières années. Mais avant de critiquer les enseignants qui se « replient sur leurs pratiques », il faudrait peut-être aussi penser à ce que c’est d’endurer la préparation d’un cours et la plannification d’une progression depuis le fucking découpage en séquences ! What a mess ; vous voulez qu’on travaille en équipe ? formes-nous comme des équipes, damn it !

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  9. À l’IUFM l’année dernière, on a eu un prof de socio qui nous a tenu exactement le même discours, sauf que je ne l’ai pas compris pareil. Oui la féminisation du métier de prof fait chuter la « grandeur » du métier. Mais ce n’est pas la faute « des femmes », mais justement de cette société de crétins qui pense que quand un métier est exercé en majorité par des femmes, c’est un métier qui ne relève d’aucun prestige.

    Pour ce qui est du métier choisit par les femmes « en raison de la souplesse de l’emploi du temps et des nombreuses vacances qui leur permettent de bien s’occuper de leurs enfants »,
    l’analyse montrait que lorsque les hommes choisissaient ce métier, c’était en majorité pour les vacances et le temps libre… Est-ce mieux ? (pas de notion de famille ou d’enfant)

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  10. Euh, je vais peut-être avoir l’air de donner un coup de trompette au milieu d’un concert de Vivaldi, mais je trouve que la critique que développe l’auteure de ce texte est un peu facile et repose beaucoup sur une interprétation volontairement étroite et réductrice des propos de M. Compagnon. Quand M. Compagnon dit que la féminisation du métier d’enseignant a achevé de le précariser, il a complètement raison. Et je suis particulièrement bien placée pour vous le dire puisque je suis professeur d’Histoire en collège. Le fait que vous ayez poursuivi un parcours universitaire classique avec thèse et enseignement à l’étranger vous empêche peut-être de voir ce qui se joue actuellement dans l’Éducation nationale, mais de fait, dans une salle de prof de collège il y a plus souvent des femmes que des hommes. Par ailleurs, si vous regardez les postes hiérarchiquement plus élevés ( principaux, proviseurs) idem : ils sont plus souvent détenus par des hommes. Ensuite, je n’enseigne pas depuis longtemps, mais en trois ans j’ai constaté que les professeurs responsables de l’informatique dans les établissements scolaires ( et qui touchent un salaire supplémentaire en indemnité, ce qui est bien en-dessous de la charge de travail qui leur est demandée = boulot d’un ingénieur informatique + webmasteur ), eh bien ce sont toujours des hommes.
    J’ai également constaté quand j’étais étudiante à l’Université qu’il y a plus d’hommes enseignants en fac que de femmes, et l’on sait que les femmes renoncent plus facilement à se présenter à des concours difficiles comme l’agrégation, ce qui est par exemple mon cas puisque j’ai laissé tombé cette ambition après avoir fait une prépa prestigieuse, et que, contrairement à beaucoup d’hommes en cours avec moi, je me suis contentée du CAPES.
    Enfin, ce serait ridicule de nier que les femmes choisissent souvent l’enseignement pour les horaires : d’abord, parce que je suis prof, et que j’aime avoir une journée par semaine où je peux travailler chez moi ( les 18 heures de cours étant réparties sur 4 jours); parce que je connais bien mes collègues et que je parle suffisamment avec elle pour savoir qu’elles apprécient de pouvoir avoir les mêmes vacances que leurs enfants, de pouvoir prendre éventuellement une année sabbatique, ou 6 mois sabbatiques pour partir en voyage ( ainsi que le fait une collègue ), qu’elles apprécient d’avoir un congé maternité qui peut être accolé aux grandes vacances en organisant un perfect timing pour la conception ( eh oui !) et parce qu’elles savent qu’elles peuvent demander un arrêt médical pour combler les trous qui viendraient se glisser entre les vacances et le congés maternité.
    Je n’entends pas faire la critique de ces femmes, je ferai probablement comme elles et elles agissent de manière intelligentes en tirant parti d’un système donné dans lequel elles sont employées. Par ailleurs, la faiblesse de nos salaires rend plus facile ce genre de calcul : on a moins de scrupule à « profiter du système » quand on sait que par ailleurs la hiérarchie profite et abuse de nous.
    Cela m’amène à mon dernier point : quand Compagnon dit que la féminisation a achevé de précariser le statut des professeurs, il veut peut-être signifier par là que le fait qu’il y ait tant de femmes dans l’Éducation nationale a permis aux gouvernants depuis Mitterrand ( le salaire d’un prof a perdu 20% de sa valeur en parité de pouvoir d’achat depuis 1981) de remettre toujours au lendemain la question de l’augmentation du salaire des enseignants. Pourquoi ? Eh bien, on en revient aux vieux réflexes de notre société conservatrice : parce que le salaire d’une femme est encore considéré comme un salaire d’appoint, et que beaucoup de familles françaises fonctionnent encore selon l’idée que la répartition des tâches la plus efficiente est 1/ Le père rapporte le maximum de salaire dans le cadre de l’entreprise privée où il travaille 2/ La mère, fonctionnaire, gagne moins mais a du temps pour élever les enfants, et son salaire assuré offre un tapis en cas de chômage du conjoint travaillant dans le privé.
    Une dernière remarque : beaucoup de professeur(e)s bénéficient encore aujourd’hui d’un niveau de vie digne de la classe moyenne parce qu’ils vivent en couple avec des gens travaillant dans le privée et bénéficiant de vrais salaires de cadre à bac+5. En revanche, pour une femme enseignante comme moi, vivant seule en région parisienne, les perspectives de promotion sociale sont peu réjouissantes : l’espérance de passer à un échelon supérieur au bout de deux ou trois ans, et donc de gagner 50 euros de plus par mois, est peu rassurante.
    Allons, mademoiselle, ouvrez les yeux sur ce que dit M. Compagnon. Il n’est pas votre ennemi, il vous brosse juste le portrait général de ma vie de professeur : 26 ans, une prépa à Henri IV après une mention Très Bien au bac, un boulot usant psychologiquement et physiquement ( douleurs au squelette et au dos après trois ans de boulot, élèves qui vous insultent chaque années), un salaire qui ne permet pas de louer davantage qu’un 18m2 en région parisienne, beaucoup de temps perdu dans les transports, mais un luxe payé à prix d’or : du temps pour lire, se reposer et flâner… Bref, aucune perspective d’avenir à part celle de se marier avec un homme qui soit bien payé.
    Cela valait le coup de faire des études, n’est-ce pas ?

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    • Vous avez parfaitement raison. Mon conjoint gagne bien plus que moi, et mon salaire n’est qu’un salaire d’appoint. C’est du coup moi qui m’occupe la plupart du temps des enfants, des devoirs et autres joyeusetés, terminant ma journée au collège relativement tôt (ce que j’ai d’ailleurs demandé).
      J’ai d’ailleurs, comme vous, renoncé à passer l’agrégation, préférant me contenter du CAPES.

      Ah, oui, une dernière petite précision : je suis un homme.

      Et j’enseigne depuis 10 ans.

      (plus sérieusement, à part énoncé des clichés, quel est l’argument de fond ?)

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      • Euh, vous avez dû mal me lire parce que je précise dans mon texte : « beaucoup de professeur(e)s bénéficient encore aujourd’hui d’un niveau de vie digne de la classe moyenne parce qu’ils vivent en couple avec des gens travaillant dans le privée et bénéficiant de vrais salaires de cadre à bac+5 »
        Si j’en avais les moyens, je soulignerais en rouge le « professeur(e) ».
        En effet, j’ai un collègue professeur de Maths, de sexe masculin donc, qui a acheté l’année dernière une très belle maison, qui nous parlait des travaux qu’il faisait, de ses vacances. J’étais étonnée parce qu’il était plutôt jeune, et ne devait pas gagner 2500 euros nets par mois.
        Je m’en suis donc un peu ouverte à mes collègues… qui m’ont ri au nez en m’expliquant que son épouse bossait dans une boîte de com’. Ah oui…
        Même chose pour un collègue prof d’Histoire, de sexe masculin à nouveau, avec un super appart dans le XVIIIe, style loft. Ah oui, mais son mec est énarque. Ca aide…
        Enfin, je terminerai par ce dernier collègue prof de Math, de sexe masculin donc à nouveau, qui a l’habitude de partir en vacances avec sa bande de potes. Il se tape un super séjour à Miami. Il revient et nous raconte qu’ils ont fait du jet-ski, loué des voitures décapotables, fait beaucoup de sorties en boîte de nuit… Deux mois après son retour en France, il payait encore son voyage à Miami… Oui, mais bon, ses potes qui ont fait une prépa scientifique comme lui, ils sont devenus ingénieurs, eux, pas prof de Maths….

        Voilà.

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    • C’est justement contre cette idée selon laquelle l’enseignement devenant un métier de femme, alors on n’a pas besoin de le revaloriser (puisque la femme reste celle qui apporte un salaire de soutien au sein de la famille), que veut lutter cet article… Pourquoi est-ce que l’on devrait accepter cette idée ?

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      • Personne ne dit qu’il faut accepter cette idée. Mais si vous voulez que des hommes redeviennent prof, il va falloir que M. Peillon augmente les salaires et ce n’est pas gagné ! Si les salaires continuent à diminuer ( parce que le point d’indice n’augmente, mais avec l’inflation des prix, du coup le salaire d’un prof diminue d’année en année en parité de pouvoir d’achat ), eh bien vous n’aurez bientôt plus d’hommes dans l’Éducation nationale. D’ailleurs, allez vous promener avec un neveu ou une nièce dans son école primaire : on parie combien que vous n’y verrez aucun homme ( à part un père égaré ou un technicien) ? Les professeurs des écoles sont encore moins bien payés…

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    • Egalement enseignante depuis peu, je tiens à nuancer vos propos sur l’agrégation: regardez les listes des reçus de ces dernières années. Dans beaucoup de matières, plus de la moitié, voire plus des trois-quarts, ce sont des reçuEs.

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  11. Louise : ça c’est argumenté. Mais par contre, je voudrais préciser un point : quand on choisit une carrière, on pense pas au congés. C’est un truc de grandes personnes, les congés. Après une fois dedans (je suis informaticienne dans une grande banque, perso, j’ai pas mal de congés), ben c’est sur qu’on en profite et qu’on y trouve des avantages. Mais franchement, j’ai pas fait de l’informatique pour ça. C’est pas ce que vous avez dit, c’est juste un point comme ça que je voulais souligner.

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  12. Le déclassement de la profession est même un peu plus ancien que ne le décrit le Con-pas-nion. On raconte que dès la fin du 19ème siècle, une certaine Maria Montessori a durablement amorcé le déclin de l’enseignement avec ses théories de bonne femme.

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  13. Pendant mon adolescence, on m’a sorti un paquet de fois « Tu n’aurais pas envie d’être prof ? C’est bien prof, ça laisse du temps pour s’occuper des enfants. » Comme si les enfants devaient être ma priorité à 14 ans… Il y là corrélation entre la dégradation des femmes et celles des profs, mais comme toujours, corrélation n’est pas causalité.

    Les magistrates ont dû apprécier la remarque les concernant.

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  14. Et, ah oui, une dernière chose : quand on n’a jamais enseigné comme femme d’1m70 à une classe composé en majorité de garçons de 15 ans, vous dépassant parfois d’une tête, refusant d’apprendre, agressifs et méprisants avec vous, on ne peut certes pas comprendre, mademoiselle, les considérations de Cameron sur la féminisation de l’enseignement et la conséquence de la disparition des référents masculins dans l’éducation.
    Un seul exemple : une professeur regarde dans la cour depuis la salle des profs deux garçons en train de se donner des coups de pied pendant la récréation. Elle ouvre la fenêtre, demande aux deux garçons d’arrêter, est tout de suite interpelée par cette violence qu’elle trouve fautive et qu’elle veut faire cesser. Un prof de Math se tourne vers elle : « Pourquoi tu as fait ça ? Ils s’amusaient. Tu vois bien qu’ils riaient. »
    Les femmes n’ont pas les mêmes perceptions des comportements des adolescents, c’est pour cela qu’il faut absolument faire en sorte que des hommes continuent à enseigner.

    Et puis, vous savez, il y a même des études qui tendent à montrer que la féminisation de l’enseignement s’est accompagné d’un recul des résultats des garçons et d’une progression considérables des résultats des filles. De là à penser qu’une école où tous les profs sont des femmes ne sait plus enseigner aux garçons, il n’y a un pas que l’esprit curieux et inventif que j’ai n’hésite pas parfois à franchir.
    .

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    • Ah, je fais même pas 1,60m et je bosse en lycée.

      J’ai vu ces études aussi. Bizarrement, même si les garçons reculent ils ont quand même des métiers plus valorisants socialement et financièrement, comme quoi… Dans une de mes classes, il y a deux tiers de filles pour un tiers de garçons, et une majorité d’enseignantes. Et pourtant les garçons ont réussi à tétaniser les filles en monopolisant la parole et l’attention, et en humiliant celles qui ne se taisent pas gentiment, une fois la classe terminée. Mais c’est peut-être mon esprit qui manque de curiosité et d’inventivité qui ne trouve pas ça normal…

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      • Peut-être parce qu’ils sont tellement largués qu’ils cherchent à attirer votre attention ? J’ai le même problème avec une classe de 3eme : des garçons qui font le spectacle, des filles qui se taisent, qui subissent en silence, mais qui bossent comme des ouvriers stakhanovistes.
        Vous et moi disons peut-être la même chose ?

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        • Vivons, sans doute. Disons, je n’en suis pas si sûre – pour connaître la situation familiale de la plupart d’entre eux, ils sont au contraire entourés de modèles masculins forts, voire ultra virils (armée, chasse, police). Dans ce cas je dirais donc qu’ils cherchent à les imiter en affirmant leur virilité par l’écrasement des filles – mais ce ne sont là que suppositions.

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    • « Les femmes n’ont pas les mêmes perceptions des comportements des adolescents, c’est pour cela qu’il faut absolument faire en sorte que des hommes continuent à enseigner.  »

      clichés

      Rien à voir avec le fait d’être un homme ou une femme. Mais rien, du, tout.

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  15. Je trouve Louise très lucide. Il y a bien 20 ans, j’ai entendu les mêmes propos concernant la profession d’avocat. Ceux-ci ne visaient pas à déconsidérer les femmes bien sûr, mais à déplorer cette situation. C’est notre société qui permet une telle situation à cause de je ne sais quel inconscient collectif qui accorde ( encore) une sorte de supériorité aux hommes. Les choses changent et évoluent lentement…Mais elles évoluent.

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  16. Chère Madame,
    Je partage entièrement votre colère et indignation contre ces bêtises sorties par Compagnon. Mais y répondre avec dérision en vous montrant trop « naïve » n’est pas une bonne méthode pour la défense des compétences et droits des femmes à tous égards. Il faut à mon sens ne plus se référer à ces clichés de la femme légère, gourde, shoppeuse, etc.
    Bien amicalement,
    Sophie

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  17. Pingback: Lettre ouverte à Monsieur Compagnon « Le Roy Dit Nous Voulons

  18. Eh bien mes propos rejoignent les tiens, je viens d’y aller aussi de mon article en réaction à cette interview de M. Compagnon, et je lis seulement maintenant les autres réactions !
    Tout est dit !
    Bravo pour cet article !

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  19. Pingback: Quand la féminisation d’un métier le déclasse : Antoine Compagnon m’a achevée! | De petits maux en petits mots

  20. Quel vieil ersatz au formol, ce type! Je précise que le reste des propos est aussi rempli de conneries historiques, la plus flagrante étant que le fameux statut qui date selon lui d’avant la télé a été réformé déjà 20 fois, la dernière en 2005. Et puis c’est tellement con, soit-on reformer la fourchette parce que ça fait longtemps qu’elle existe. Abruti va.

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  21. Pensant peut-être être plus inspiré que la moyenne grâce à tous les mérites que peut avoir un fils de général qui fait polytechnique… ce Monsieur Compagnon n’a visiblement pas digéré la fin du paternalisme dans lequel papa l’a baigné dès son plus jeune âge, ni la fin de la suprématie masculine dans tous les corps de la société…on le comprend… pour accepter un changement aussi radical après tous ces milliers d’années, il ne faut pas sortir de Saint-Cyr, ni de la cuisse de Jupiter. Prof tarlouzifié des banlieues peuplées de rescapés des 30 glorieuses, nous on t’aime. On sait bien que toi au moins, tu as une vraie paire de couilles et un cerveau !

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  22. Monsieur Compagnon,

    J’avais savouré « Un été avec Montaigne » et je ne peux pas croire que vous ayez pu écrire de tels propos sur ce merveilleux métier qu’est celui de l’enseignement ! Cela me choque terriblement ! Je suis institutrice depuis de nombreuses années et c’est loin d’être un travail d’appoint : c’est une passion ! Comment pouvez-vous parler de déclassement ? Comment osez-vous tenir de telles paroles ? Savez-vous ce qu’est enseigner ? Pourtant vous êtes lecteur fervent de Montaigne ! Il vous faudrait le relire, si je peux me permettre.

    Une enseignante qui aime son métier.

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  23. Je suis perplexe.
    Si article en question (celui de M. Compagnon) semble tirer des conclusions hâtives et fondées sur des idées archaïque, le constat n’en n’est pas moins difficilement réfutable. Je partage beaucoup des remarques que Louise (sauf la naturalisation des comportements différenciés): oui, ce métier est aussi choisi pour la relative souplesse de son emploi du temps, qui permet de concilier vie familiale et professionnelle, c’est indéniable! Il ne faut pas se voiler la face!
    Mais la question n’est pas là car il est louable de refuser de sacrifier sa famille pour son travail ou vice-versa. Ce qu’il faudrait plutôt se demander, c’est pourquoi ce temps familial et domestique est si peu partagé. Ce qu’il faut se demander c’est comment sortir du schéma où l’homme a une activité hautement rénumératrice (et s’occupe peu du quotidien domestique), tandis que la femme apporte un salaire d’appoint et fait une double journée.

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