Compagnon persiste et signe… Ca tombe bien, nous aussi

Cet article a été rédigé par Denis Colombi, du blog Une heure de peine, et Anne-Charlotte Husson.

Dans une première interview, donnée au Figaro et publiée sur leur site internet le 7 janvier, Antoine Compagnon, professeur au Collège de France, explique la « déconsidération » dont pâtirait la profession d’enseignant.e de la manière suivante :

Les métiers de l’enseignement étaient des métiers de promotion sociale. Ils ont cessé de jouer ce rôle. La féminisation massive de ce métier a achevé de le déclasser, c’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer pour la magistrature. C’est inéluctable. Un métier féminin reste encore souvent un emploi d’appoint dans un couple. L’enseignement est choisi par les femmes en raison de la souplesse de l’emploi du temps et des nombreuses vacances qui leur permettent de bien s’occuper de leurs enfants.

Suite à la polémique suscitée par ces propos, Les Inrocks ont publié une deuxième interview, dans laquelle Antoine Compagnon persiste et signe (et s’enfonce). Il continue à affirmer, sans autre forme d’explication, que la féminisation de l’enseignement est un des facteurs expliquant sa « perception négative » dans la société. Il tente de temps à autre de se dédouaner, en disant par exemple : «  On peut le déplorer, mais ça n’interdit pas de le constater ».

Alors qu’il semble les « déplorer », Antoine Compagnon s’en tient en fait aux stéréotypes portant sur l’enseignement et la place des femmes dans la société. Il ne prend aucune distance par rapport à ces stéréotypes, et montre même qu’il y adhère puisqu’il propose de revaloriser le métier… en attirant plus d’hommes :

Il serait bon que tous les métiers soient plus équilibrés, celui de professeur des écoles comme celui de trader, dont la forte valorisation est évidemment très liée à cette image d’adrénaline et de virilité qui lui est associée.

Antoine Compagnon continue donc à enfoncer des portes ouvertes et à présenter comme un fait qu’il se contenterait de « constater » une interprétation courante mais erronée, à savoir que la féminisation d’un métier conduit (« inéluctablement », dit-il dans l’interview au Figaro) à sa « dévalorisation ».

Nous voudrions lui répondre ici sur deux points :
1) l’idée de « féminisation massive » de l’enseignement, qu’il faut nuancer ;
2) l’interprétation qui consiste à faire de cette féminisation la cause de la dévalorisation de la profession.

1) Une « féminisation massive » de l’enseignement ?

On trouve dans le rapport annuel Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche datant de 2013, dans la section « féminisation du personnel », les chiffres suivants :

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Dans le secteur public, on trouve donc en 2012-2013 81, 9 % de femmes dans l’enseignement primaire, 58 % dans l’enseignement secondaire. Comment interpréter ces chiffres ? L’enseignement dans les petites classes semble, effectivement, une affaire de femmes. Cependant, dès que l’on « monte » vers le secondaire, c’est-à-dire dès que l’enseignement se spécialise, le nombre de femmes diminue nettement, même si elles restent majoritaires.

Regardons maintenant quelques différences de statut parmi les enseignant·e·s.
– Au primaire, 70,3 % des instituteurs/trices suppléant·e·s (statut plus précaire que celui des titulaires) sont des femmes.
– Elles représentent 32 % des professeur·e·s de chaire supérieure, qui ont vocation à être affecté·e·s dans les classes préparatoires aux grandes écoles.
– Elles représentent la (courte) majorité des professeur·e·s agrégé·e·s (51,4%), 61,9 % des certifié·e·s et assimilé·e·s.

On voit donc que si les femmes sont majoritaires, leur statut au sein de l’Education Nationale est souvent moins élevé, voire plus précaire, que celui des hommes.

Il faut aussi signaler, ce qui n’apparaît pas dans le rapport, qu’il existe toujours des domaines de connaissance « masculins » et « féminins ». Cela ne signifie pas que les femmes et les hommes seraient prédestiné·e·s à ces domaines, mais que leur socialisation les pousse vers eux en priorité. Ainsi, en 2005, « plus de 8 professeurs de langues sur 10 étaient des femmes, contre 4 sur 10 en physique-chimie » (Introduction aux études sur le genre, p. 153). Or les domaines de connaissance bénéficiant du prestige le plus important dans la société contemporaine sont les domaines scientifiques, identifiés comme « masculins », alors que des domaines largement plus féminisés comme les matières littéraires sont dévalorisés (ne dit-on pas que la filière générale littéraire est une filière « poubelle »?).

Ajoutons à cela que cette féminisation est loin de constituer un phénomène nouveau, qui commencerait en même temps que la dévalorisation du métier d’enseignant·e. Il y avait 62% de femmes chez les instituteurs/trices en 1923, 67,2% en 1939 selon Baudelot et Establet. Si leur place s’est encore accrue, il n’en reste pas moins que les hommes étaient déjà minoritaires, et que leur part était même inférieure à ce qu’il en est aujourd’hui dans le secondaire. Pourtant, ce n’est qu’à partir des années 60 que l’on commence à se plaindre de la dévalorisation du métier… et qu’on l’attribue aux femmes. De quoi poser de sérieuses questions.

2) Une profession qui se féminise se dévalorise « inéluctablement » ? Non, certainement pas

Cela nous amène au deuxième point bancal dans le discours de Compagnon : « La féminisation massive de ce métier a achevé de le déclasser, c’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer pour la magistrature. C’est inéluctable. » dit-il dans Le Figaro. Et il insiste dans Les Inrocks : « il est un autre fait, lui aussi malheureux, que les métiers qui se sont féminisés ont vu leur image dans la société se dégrader. Cela ne concerne pas seulement l’école, mais aujourd’hui aussi, par exemple, la médecine ou la magistrature ».

Antoine Compagnon n’est pas sociologue, soit. Mais cela n’aurait pas dû l’empêcher de se reporter à la vaste littérature aujourd’hui disponible en sociologie et en histoire du travail et des professions, où la question de la place des femmes n’est pas la moins traitée. Il existe des synthèses particulièrement accessibles. Dans Travail et Emploi des femmes, Margaret Maruani résume rapidement les conclusions générales que l’on peut tirer des recherches :

La progression de l’activité et des scolarités féminines s’est traduite, sur le marché du travail, par la féminisation massive des métiers féminins peu valorisés socialement. Mais elle a également débouché sur l’accès à un certain nombre de femmes à des professions qualifiées. Le mouvement est donc double. On a pu ainsi voir des professions traditionnellement masculines se féminiser sans perdre de leur valeur sociale. La croissance du nombre de femmes dans des professions qui demeurent prestigieuses (magistrates, avocates, journalistes, médecins, etc.) est là pour signifier que la dévalorisation n’est pas le destin de tout métier qui se féminise.

En un mot, l’affirmation selon laquelle un métier qui se féminise connaît « inéluctablement » une dévalorisation est fausse. Si certains métiers qui se sont féminisés ont effectivement connu, par ailleurs, une certaine dévalorisation, ce n’est pas le cas de tous.

Mais Compagnon va plus loin que d’affirmer simplement qu’il y a une concordance entre féminisation et dévalorisation. On pourrait en effet se dire que la dévalorisation peut expliquer la féminisation – les hommes « laissant » aux femmes les métiers peu valorisés. Mais c’est une possibilité que le professeur au Collège de France n’envisage même pas : pour lui, la féminisation signifie « une mauvaise image  » parce que « un métier féminin reste encore souvent un emploi d’appoint dans un couple. L’enseignement est choisi par les femmes en raison de la souplesse de l’emploi du temps et des nombreuses vacances qui leur permettent de bien s’occuper de leurs enfants ». Selon lui, c’est donc à cause de l’arrivée des femmes que le métier perd en prestige, parce qu’elles donnent une image peu flatteuse de celui-ci. Et il ne s’agit pas, dans les « solutions » qu’il propose, de chercher à améliorer l’image négative des femmes : il faut simplement limiter les dommages collatéraux qu’elles produisent…

Cette mise en accusation des femmes n’est pas pas plus tenable que le reste. La baisse du prestige des professeurs, qu’il s’agisse des professeurs des écoles ou du secondaire, peut s’interpréter de façon beaucoup plus efficace dans le cadre d’une transformation générale de la place de l’enseignement et des diplômes dans la société française. Comme l’explique Marlaine Cacouault-Bitaud, le prestige des instituteurs/trices et des professeur·e était lié à la mise en place par l’Etat « d’une politique de laïcisation et d’instruction généralisée ». La rareté des diplômes faisait nécessairement de l’instituteur/trice un individu à part. Ces facteurs ne sont plus à l’œuvre aujourd’hui. Le métier s’est en quelque sorte normalisé : il n’est plus possible de le présenter comme une vocation politique. Si la part des femmes s’est accrue, cette augmentation a accompagné la hausse des exigences de formation – et ce d’autant plus que les concours ont longtemps été différents pour chaque sexe, et plus durs pour les femmes – et même la hausse de l’origine sociale des enseignant·e·s :

Comment des enseignantes très sélectionnées, notamment dans les disciplines scientifiques, issues en majorité des couches moyennes et supérieures peuvent-elles constituer un signe ou un facteur de dévalorisation de la profession ? Si l’on avait affaire à une majorité d’hommes possédant des caractéristiques socioprofessionnelles identiques, entendrait-on le même discours ?

Quand Compagnon déclare « Les métiers de l’enseignement étaient des métiers de promotion sociale. Ils ont cessé de jouer ce rôle », il ne semble pas s’intéresser aux promotions sociales des femmes.

Les facteurs de fragilisation et de dégradation de la profession peuvent alors être cherchés bien ailleurs que dans « l’image » de la profession : conditions d’enseignement, baisse relative de la valeur des diplômes dans une situation de chômage accrue, baisse relative de la rémunération, modifications des conditions de formation… Autant de choses que l’on peut relier, de façon très concrète, à des orientations politiques et à une situation économique dont on ne voit pas en quoi les femmes enseignantes seraient responsables…

On n’en dira pas tant des discours qui considèrent que les enseignant·e·s n’ont pas vraiment besoin d’une formation spécifique ou peuvent, sans problèmes, enseigner une autre discipline que la leur sans qu’il soit question de les y former… comme le fait Compagnon dans Le Figaro. Une profession a besoin de se former un domaine d’expertise pour pouvoir exister et se défendre : dans le cas des enseignant·e·s, ce serait la pédagogie, la didactique, la capacité à enseigner, à transmettre… Si ce métier a été régulièrement attaqué, ce n’est pas du fait des femmes. A moins que l’on ne reproche aux femmes de ne tout simplement pas être capables d’enseigner, ou de faire preuve d’autorité. Ce discours, clairement sexiste, existe aussi. Et il n’est jamais très loin quand on assimile la dévalorisation d’une profession à sa féminisation.

Denis Colombi
Anne-Charlotte Husson

Références citées
Christian Baudelot et Roger Establet, Allez les filles!, Seuil, 1992.
Laure Bereni et al., Introduction aux études sur le genre, de Boeck, 2012.
Marlaine Cacouault-Bitaud, « La feminisation d’une profession est-elle le signe d’une baisse de prestige ? », Travail, genre et sociétés, 1/2001, n° 5, p. 91-115, URL : www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2001-1-page-91.htm.
Margaret Maruani, Travail et Emploi des Femmes, La découverte, coll. « Repères », 2011.
Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche [RERS 2013], URL: http://www.education.gouv.fr/cid57096/reperes-et-references-statistiques.html.

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36 réflexions sur “Compagnon persiste et signe… Ca tombe bien, nous aussi

  1. C’est légèrement HS mais je m’interroge un peu sur cette image d’Epinal de l’instituteur hussard noir de la République si reconnu socialement. Quand on lit les ouvrages de Pagnol dont le père était instituteur et qui fut professeur de collège et de lycée, l’image n’est pas si idyllique. Il nous peint des instituteurs droits et fiers de leur rôle social, mais cette fierté ne me semble pas avoir disparu quand j’écoute mes ami-es enseignant-es. Pagnol souligne aussi que financièrement, sans être pauvres, les instituteurs ne sont pas des notables. Le personnage de Topaze s’insurge que son ancien collègue instituteur n’ait pas les moyens de s’offrir une nouvelle paire de gants quand il gagne des fortunes grâce à des malversations et du trafic d’influence. Dans la même pièce, on peut voir une mère d’élèves s’insurger contre les mauvaises notes de son fils et traiter l’instituteur de faire du favoritisme… Je trouve que ça remet un peu en perspective le tableau idyllique de l’instituteur de la IIIème République.

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  2. Je me faisais justement la réflexion de la dévalorisation du métier par celles et ceux qui pensent que tout le monde peut enseigner. Inutile d’avoir une formation spécifique! Un manuel, un peu de billes dans la discipline, et c’est suffisant. Prof de sport? Il faut un chronomètre et un terrain de foot. Prof de langues? Un magnétophone et un cahier de grammaire. Prof de français? On ouvre le manuel et on fait les exercices. Au final, nous passons pour des gens qui n’ont pas grand chose à faire, qui ont « trois mois de vacances », et qui en plus ne sont jamais contents. Un métier dévalorisé par ce genre de discours qui entre aussi dans une critique plus grande mais aussi irritante des « fonctionnaires qui donnent trois coups de tampon et jouent au solitaire en attendant l’heure de la pause. » – à ce titre je me demande si les mêmes attaques sont dirigées contre les enseignants du privé…?

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    • Vous donnez trop d’importance à des gens comme Antoine Compagnon. Il faut juste signaler qu’il n’a pas dû connaitre beaucoup de femmes dans sa vie. Il pourrait essayer de passer un été avec des femmes plutôt qu’avec des livres ou Montaigne. Mieux dans sa peau il serait sans doute meilleur dans son boulot et écrirait moins de conneries.

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      • Non seulement il est prof au Collège de France et bénéficie d’une grande visibilité médiatique mais son discours est loin d’être unique. Il ne fait que se faire le porte-parole d’une certaine doxa, ce qui est inadmissible de la part de quelqu’un qui est censé avoir réfléchi à la question.
        Vous pouvez donc vous passer de ce genre de commentaire condescendant, merci.

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        • Oups. Désolé. J’étais d’accord avec votre réponse jusqu’à « condescendant ». Ce que j’essayais de dire (maladroitement, je ne suis qu’un photographe, je ne réfléchis pas beaucoup) c’est que le fait d’être prof au collège de france ne le qualifie pas pour… Ah bah! je vous laisse. Bonne continuation.

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  3. Faites une expérience amusante : remplacez femmes par noirs, arabes ou juifs dans le texte. Il serait alors condamnable pour insultes à caractère raciale. Pourquoi ne l’est-il pas pour insultes à caractère sexiste?

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  4. Je suis d’accord avec vous sur le fait qu’il manque de rigueur notamment parce qu’il se focalise sur la féminisation comme (presque?) unique cause de dévalorisation du métier. Et c’est une bonne chose que vous nous donniez d’autres éventuelles raisons de la dévalorisation du métier.

    Cependant faire la relation entre féminisation du métier et mauvaise image de la femme dans notre société, pour arriver à la conclusion que oui, le l’image du métier d’enseignant souffre de la mauvaise image de la femme (et donc de sa féminisation), ne me semble pas si déplacé.

    Une dernière chose, je trouve un peu malhonnête certaines parties de votre article dans lesquelles vous ne prenez pas en compte les éléments qu’il donne dans sa réponse aux inrocks.

    Bonne journée.

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  5. Il y a quelques mois, j’ai eu un accrochage avec Antoine Compagnon suite à ses remarques concernant l’usage de l’anglais dans l’enseignement. Mon impression était que, prisonnier d’une vision de l’enseignement supérieur très particulière (recherches en littérature française, ce qui présuppose la maîtrise du français, dans un établissement très particulier et privilégié), il ne se rendait pas forcément compte de la réalité de la recherche universitaire dans sa diversité (par exemple, le fait qu’il y ait des doctorants étrangers qui arrivent sans parler français, pour des thèses dans des domaines où la publication se fait de toute façon en anglais).

    J’ai peur que sur ce sujet également, il n’ait une vision quelque peu faussée par son milieu social. Il est possible qu’il connaisse des professeurs éminents (hommes) dont l’épouse est enseignante du primaire ou du secondaire, avec une paye bien inférieure constituant un appoint. On connaît des exemples d’éminents scientifiques qui ne pourraient pas mener une aussi belle carrière (sans cesse invités dans des colloques à l’étranger) s’ils n’avaient pas leur épouse pour s’occuper des enfants, ce qui suppose que celle-ci n’ait pas un métier trop prenant. Ce qui est grave, c’est de généraliser ce cas assez particulier à l’ensemble de la population… ignorant par exemple le fait que de nombreuses femmes passent le CAPES pour avoir un emploi (un vrai emploi) tout simplement pour vivre, ou encore qu’il y a des gens qui veulent réellement enseigner dans le primaire ou le secondaire. Comme me disait une collègue à midi, quand on fait bac+5 plus un concours pour aller enseigner à l’autre bout de la France, c’est qu’on vise autre chose qu’un « métier d’appoint ».

    On pourrait croire qu’un professeur au Collège de France aurait pris la peine de réfléchir à la question avant de s’exprimer publiquement, mais il est possible que sa réflexion ait été prisonnière d’une vision de la société réduite à un milieu très particulier; ce qui, bien sûr, est un vice classique de la réflexion sociale (le « de tout temps » qui veut dire « en France dans mon milieu social dans la seconde moitié du XXe siècle »). Peut-être faut-il s’interroger sur la pertinence pour des médias de prendre l’avis, au sujet de l’enseignement de masse en France, d’un professeur se partageant entre une grande université de recherche privée américaine et un établissement d’élite parisien, et dont le domaine d’activité n’est nullement la sociologie.

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    • Je ne suis pas d’accord un professeur au Collège de France est sensé savoir ce qui est de son domaine d’expertise ou non. De même, la presque totalité des personnes, et non de nombreuses femmes, qui passe le concours le fait pour avoir un vrai emploi car enseigner est un VRAI emploi qui demande du temps. C’est un métier prenant pas un métier d’appoint.

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  6. (Les réflexions d’Antoine Compagnon sur le salaire d’appoint me rappellent d’ailleurs l’étonnement indigné d’un célèbre sociologue et de ses collègues quand je leur ai fait remarquer que pour avoir des doctorants dans un laboratoire parisien, il faut payer ceux-ci, parce qu’il faut bien qu’ils vivent. Visiblement l’idée que 1200€/mois ce ne soit pas négligeable pour tout le monde ne passe pas forcément, chez des gens qui pourtant s’affichent comme connaisseurs des réalités sociales.)

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  7. Je me pose une question sur les professeur·e·s agrégé·e·s, certifié·e·s et assimilé·e·s. Des statistiques sur cette répartition H/F par tranche d’ages existent t’elles ? Se pourrait il que l’écart soit plus prononcé chez les plus âgés, et éventuellement lié à l’age moyen à la naissance du 1er enfant ?

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  8. Mmhh en même temps vient probablement d’un milieu où une partie non négligeable des femmes se destinent à être des duquenois à 5 gosses au foyer même en ayant fait de brillantes études. Ca me hérisse le poil que des femmes qui veulent rester au foyer au final fassent hec centrale etc places qui pourraient leur ouvrir les portes d’un pouvoir économique, places largement subventionnees par la societe, places que d’autres auraient pu avoir. Aux usa, 20% des etudiantes de l’ivy league declarent faire des études juste pour rencontrer un bon parti et se faire entretenir.
    La siciete où nous vivons poussent les filles à être de brillantes etudiantes pour ensuite les culpabiliser sur leur rōle de mère .et pour l’avoir connu elles en sont partie intégrante de la culpabilisation à croire qu’elles ont bien compris au fond qu’elles se font avoir pour mettre la pression sur les autres femmes qui font plus d’horaires ne font pas un 4/5 ième, c’est une réalité dans la classe moyenne même honorablement diplomée, les femmes sont un vecteur puissant du patriarcat dans le milieu professionnel. Dans ce contexte, un métier qui se féminise a en plus de la mauvaise image de la société, des problématiques organisationnelles qui n’y avaient pas avant. Ce qui ne justifient pas du tout une moindre considération mais on ne peut réduire statistiquement ce phénomène. Le fait que beaucoup d’agences de la secu par exemple soient fermees le mercredi est une contrainte de societe, et je ne dis pas que c’est mal ou bien, c’est un fait.

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  9. Ah, la bonne vieille terreur fondamentale de la « féminisation du monde », laquelle, je tiens à la faire remarquer, unit depuis les débuts de la modernité les réacs et la plupart, hélas, des révolutionnnaires, tous dans la nostalgie d’un authentique poilu, viril, dur (« la vraie vie on doit en chier », comme dit un cénétiste de par chez moi)… Avec leurs passerelles genre Michéa.

    Mais ce qui est symptomatique de cette pensée, encore une fois à droite comme à gauche, c’est aussi sa fascination pour les groupes sociaux, qui seraient l’origine des formes sociales. Pour M. Compagnon, la « féminisation », c’est l’intrusion des nanas, point. Que les structures sociales pour l’intégration dans lesquelles joue la concurrence restent identiques, liées aux formes qui ont fait l’économie et le patriarcat, il ne le voit même pas. Mais ses adversaires pas souvent non plus.

    La hantise et la haine de l’assigné féminin sont peut-être autant celles des formes sociales (valorisées ou dévalorisées selon le clivage de genre, voir à ce sujet les travaux de R. Scholz) que des groupes qui sont censés les incarner. Une critique qui aille au delà de la redistribution simple des formes de ce monde pourrait prendre en compte ce genre d’hypothèse.

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    • Moi, le passage sur l’adrénaline et la virilité comme facteur de valorisation m’a laissé sans voix (professeur au Collège de France, c’est valorisé pour l’adrénaline et la virilité ? et gardien de prison ?…).

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  10. Je suis d’accord que ce pauvre type a plus d’audience qu’il n’en mérite. « prof au Collège de France », et alors ? Je n’ai absolument aucun respect pour les diplômes qui ne sont souvent que le résultat d’un bachotage misérable. (Ok,ok, j’exagère). Je suis pas loin de croire qu’on pourrait facilement faire ingurgiter la même somme de connaissances à un perroquet. En plus, ce serait certainement plus joli. Des gens avec des bacs +32, il y en a plein les bureaux. On connait le résultat. Je suis informaticienne, je pourrais en parler des heures durant. Un jour je vais écrire un bouquin sur la c*****rie avec un diplôme.

    Attention, je ne méprise ni la culture ni la connaissance gratuite et même complètement inutile – j’adore tout ça, vraiment. Mais je n’arrive pas à me figurer que ces connaissances validées par un diplôme permettent à certains individus d’avoir de multiples tribunes où vomir leurs propos sexistes. En même temps, si on arrêtait vraiment de les prendre au sérieux, on les rendrait moins nuisibles.

    En tant que femme, j’ai trouvé que contester systématiquement et à priori toute autorité était un bon moyen de se libérer individuellement. YMMV, comme dirait l’autre.

    Dans le même genre que ces radotages, j’ai entendu ce matin sur France-Info un certain Nicolas Martel parler du statut de First Lady aux USA (je traduis : première potiche). D’après lui, Michele Obama avait réussi grâce à trois points forts : 1 – elle était glamour, 2 – elle s’investissait sur le terrain social, 3 – elle s’occupait de sa famille. Voilà qui m’a fait regretter une radio sur le modèle de Tex Avery où on pourrait coller des claques aux commentateurs.

    Et ce type a plus d’audience que les 2 ou 3 réacs qui lisent vraiment le Figaro. Mais en même temps, être féministe et s’intéresser aux médias dominants, je dois être un peu maso, moi. On va encore me dire que c’est typiquement féminin. Ok, je retourne voir jouer l’Atletico Madrid, ça va me détendre.

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  11. C’est normal que les hommes soient prof de math et les femmes prof de langue. Les math à ce niveau (et c’est c’est dommage), c’est faire ingurgiter des formules toutes faites ce qui ne demande pas beaucoup de réflexions ou de remises en cause. Un homme suffit largement pour ça.

    Pour les langues par contre, c’est beaucoup plus compliqué, ça fait rentrer pleins de paramètres cognitifs, d’adaptation sociale, de références culturelles, il faut au moins l’intelligence d’une femme pour y arriver.

    Amicalement
    Jérôme

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  12. Je me bidonne à la lecture des interventions de Noelle Joly et Jérôme Dautzenberg.

    Chère Noelle, on ne devient pas professeur au Collège de France (ou, d’ailleurs, dans une université) à l’aide d’un « diplôme » bachotable où il faut ressortir des connaissances « comme un perroquet ». On le devient au vu de ses résultats de recherche. Là où votre propos est assez amusant, c’est que l’animatrice de ce blog, justement, n’a pour elle que d’avoir réussi des concours (normale sup’ et agrég) qui sont, eux, largement du bachotage (et n’a encore à montrer aucun résultat de recherche, ce qui n’est pas surprenant vu qu’elle n’a pas encore commencé son doctorat). Donc en fait, ce n’est pas Antoine Compagnon que vous plombez, c’est A.C. Husson (lisez-la sur Twitter, vous verrez qu’elle case sans cesse qu’elle est agrégée et enseigne à Cambridge…).

    Cher Jérôme, je ne sais pas à quel degré il faut lire votre propos et s’il relève de ce que l’on pourrait appeler « sexisme gentil » (attribuer aux femmes, parce que femmes, des vertus; continuez comme cela et vous expliquerez que les femmes sont particulièrement adaptées pour être institutrices car naturellement patientes et fines). Mais là encore, vous semblez vous tromper sur la réalité de l’enseignement en France. En effet, enseigner les maths dans le secondaire en 2014, c’est enseigner des formules toutes faites; mais enseigner le français, c’est répéter sans cesse des règles d’orthographe et de grammaire, vu que l’on peut arriver au bac en étant semi-illettré. Quant aux langues étrangères, c’est pareil: en terminale, en anglais, on doit encore rappeler la différence entre present perfect et prétérit…

    En bref, il est pour moi clair qu’Antoine Compagnon parle à tort et à travers, mais que ce n’est pas non plus le seul!

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  13. je trouve que vous vous excitez pour rien. Je suis professeur de néerlandais et d’anglais en humanités supérieures, je le fais parce que j’aime ça et aussi pour tous les avantages sur le côté, je gagne quand même assez bien ma vie, mon compagnon est prof d’histoire et nous nous sentons très valorisés socialement autant l’un que l’autre par notre métier.
    Je ne comprends même pas la raison d’être de cette discussion.
    D’ailleurs quand je parle de mon travail aux gens, je les sens admiratifs et ils me disent souvent qu’ils ne sauraient pas le faire.
    Je n’ai vraiment pas l’impression que ce métier soit si dévalorisé qu’on le dit.
    De plus, j’ai comme l’impression que si on faisait un sondage sur la méfiance des gens vis-à-vis des institutions, on se rendrait compte que les magistrats et les politiques éveillent beaucoup plus de méfiance chez les gens que les enseignants.

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  14. Ah la la… Je vois que vous expliquez à vos « followers » que je ai dit de la fermer parce que Compagnon est un grand chercheur. Ce n’est pas ce que j’ai dit…

    Compagnon est professeur de littérature, comme vous (à un autre niveau de séniorité, certes, mais ce n’est pas le problème). Ça ne lui donne pas plus qu’à vous des compétences en sociologie de l’éducation nationale.

    Là où j’ai tiqué, c’est que vous avez publié (après modération explicite) un commentaire d’une personne qui ne sait visiblement pas comment fonctionne l’université et qui explique qu’un prof au Collège de France est une sorte de singe savant qui a passé des concours où il suffit de bachoter. Vous bien que ce n’est pas comme cela que ça marche, et pourtant vous avez publié cela sans réagir… sans doute parce que tout argument est bon dans votre polémique!

    Vous jouez un peu avec le feu, parce que, quand et si vous publiez un peu plus dans les médias, les gens pourront fort bien vous retourner contre vous ce genre d’arguments: encore une singe savante qui a réussit des concours de bachotage et qui parle de tout et n’importe quoi.

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    • Si vous lisez les critères de modération, ils n’incluent pas les erreurs manifestes. Je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas laissé passer le commentaire dont vous parlez alors que je laisse passer les vôtres. D’ailleurs je ne devrais pas accepter vos insultes. C’est donc la dernière fois.

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  15. La dévalorisation du métier d’enseignant va avec la dévalorisation des diplômes. Avec près de 90% de réussite au bac, cela veut dire que le bac ne vaut pas grand-chose, une licence actuellement pas beaucoup plus, il faut vraiment être nul ou très paresseux pour ne pas l’avoir. Quant au CAPES, étant donné qu’il y a moins d’admissibles que de postes à pourvoir, et qu’on a besoin d’enseignants, je vous laisse deviner quel sera le niveau général des prochaines générations d’enseignants…

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  16. Considérer et présenter, aux plus hauts niveaux de l’état, l’école comme une garderie, les profs comme des paresseux, et les compétences nécessaires pour l’exercer comme capables de tenir sur une feuille de papier Q, voila ce qui dévalorise le métier.

    Qui est quand même le seul à ma connaissance pour lequel les candidats sont sélectionnés et embauchés à vie sur tout, sauf les compétences qu’ils auront à utiliser : le CAPES juge un niveau de connaissance et de maitrise de la MATIERE, il n’est jamais question de pédagogie ! Le coeur même du métier, la pédagogie, était déjà un gros mot dans les IUFM. Maintenant les IUFM n’existent plus et les profs sont jetés direct dans le bain : vous savez les maths, donc vous savez les enseigner. Excusez-moi mais… non. Entre maitriser un savoir et être capable de le transmettre, il y a un monde. Ne pas s’étonner qu’il y ait des échecs : en fait ce qui est miraculeux, c’est que la majorité des profs s’en sortent tant bien que mal, et surtout qu’un si grand nombre d’enfants s’en sortent malgré des profs non pédagogues.
    Donc un métier qui ne s’apprend pas, que tout le monde peut faire, qui a son lot non négligeable d’incompétentes indéboulonnables (mais à qui on est forcé de confier sa progéniture), et qui est sous-payé. Ne pas chercher plus loin les raisons de sa dévalorisation…

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    • Premièrement, en mathématiques le deuxième écrit et le deuxième oral du CAPES sont des oraux pédagogiques donc arrêtez de dire que l’on recrute uniquement sur les disciplines. De plus, l’obtention du CAPES théorique ne vaut pas titularisation, il y a un an de professionnalisation derrière.
      Deuxièmement, avant ce changement on recrutait uniquement sur les disciplines et le métier n’était pas dévalorisé.
      Est-ce que vous avez entendu un prof contre la suppression des IUFM, non? Contre la suppression de la formation professionnelle, oui. Ce qui tend à prouver la non efficacité des IUFM qui sont maintenant remplacés par les ESPE, antenne universitaire. Donc la formation professionnelle existe.
      Troisième ; pour faire ce métier il faut un bac+5 et donc non tout le monde ne peut pas le faire.
      Quatrième : les incompétents sont présents à tous les niveaux et dans tous les secteurs de la société et ils sont toujours là.
      Cinquièmement : non vous n’êtes pas obligé de leur confier votre progéniture. L’instruction est obligatoire jusqu’à 16 ans pas l’école. Donc prenez votre progéniture faites l’école à la maison, puisque tout le monde peut faire ce métier et bien allez-y.

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