Traduction française: Too much ! La notice Wikipédia que je mets en lien révèle l’intrigue du film, je vais essayer de l’éviter au maximum ici.
Dans cette rubrique, je parle de livres (fiction et non-fiction) et de films qui m’aident à réfléchir au féminisme et au genre. Aujourd’hui il s’agit d’un film britannique de 1987 réalisé par David Leland, qui a fait sa notoriété.
Lynda a 16 ans et vit, dans les années 1950, dans une petite ville britannique en bord de mer avec son père et sa petite soeur, qu’elle déteste. Lynda s’ennuie et refuse de se fondre dans le moule dessiné pour elle. Elle jure beaucoup (son juron préféré est « up you bum! », « dans ton cul »), insulte tout le monde, a quitté l’école et ne parvient à garder aucun travail auquel elle s’essaie ou qu’on la force à prendre. Le film se centre sur ses premières expériences sexuelles.
Lynda a une relation très difficile avec son père, qui ne sait pas quoi faire d’elle et propose par exemple, dans une scène glaçante et en ne plaisantant qu’à moitié, de la vendre à un ami pour un demi-dollar. Il l’emmène voir un psychiatre, en apparence à cause de son habitude de jurer à tout va; mais on devine que ce qui le préoccupe réellement, c’est son intérêt pour les hommes. Dans une scène mémorable (que je ne raconterai pas en détail), par provocation envers son père, elle proclame à qui veut l’entendre son amour pour le sexe et pour les « willies » (les zizis). Elle est clairement une petite fille, malheureuse qui plus est, mais aussi une femme qui veut vieillir avant l’âge.
Je considère I wish you were here comme un très beau film féministe. La performance de l’actrice principale, Emily Lloyd, qui n’a plus jamais trouvé de grand rôle après celui-ci, est à couper le souffle (sa biographie présente des similitudes frappantes avec le personnage du film). Le film montre de façon cruelle et splendide à la fois ce que signifie être une jeune fille dans les années 1950. Son combat désespéré contre son père est très personnel, mais c’est aussi un combat contre les normes patriarcales, contre lesquelles elle se révolte de façon à la fois très adulte et très enfantine.
Je n’ai qu’un regret, ou plutôt une interrogation: la révolte de Lynda et son goût apparent pour le sexe sont expliqués et justifiés par son rapport avec son père et sa révolte adolescente. Dans ce sens, l’héroïne s’inscrit dans la longue série de personnages féminins dont la vie sexuelle hors-normes doit être justifiée par une blessure ou tout autre forme d’absolution. Elle n’aime pas le sexe pour le sexe, elle en a d’ailleurs une expérience très limitée et désastreuse; ce qu’elle semble aimer dans le sexe, c’est la transgression et la révolte qu’il incarne pour une jeune fille ou une femme.
Elle confronte un jour son père au sujet de ses propres aventures sexuelles. Il la regarde, incrédule, et après une courte pause lui répond: « I’m a man ». Pas « I’m an adult », pas « I’m your father », non: « I’m a man ». Cette réplique, selon moi, résume bien le film.
I wish you were here est disponible intégralement en ligne.
je connaissais pas du tout, pourtant il a quelques années maintenant ce film… pourquoi ne pas avoir gardé le titre original pour le remplacer par un autre titre anglais, pas original du tout? l’exception française? 🙂
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C’est effectivement une pratique bizarre. Il y a tout un tumblr là-dessus… http://pardonmytitres.tumblr.com/
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