Je me pose beaucoup de questions, ces derniers temps, sur ma manière de parler du féminisme et du genre (sur ce blog et ailleurs), d’expliquer, de diffuser. Je m’interroge par exemple sur une BD qui circule beaucoup parmi mes contacts Facebook et que vous avez sûrement vue: « Le féminisme, mais pour quoi faire? »
Cette BD est une réaction au tumblr à succès « Women Against Feminism », sur lequel des femmes posent avec des messages expliquant pourquoi elles sont contre le féminisme.

Je ne veux pas du féminisme parce que les seules personnes par lesquelles je me suis sentie oppressée sont les féministes

Je n’ai pas besoin du féminisme parce que:
– Les hommes et les femmes sont par nature différents, et c’est super!
– Si un homme me trouve jolie, il n’est pas un animal, et je ne suis pas offensée.
– Le relativisme moral n’est pas OK. Mettre fin à la vie d’un être innocent parce que vous refusez d’assumer vos responsabilités est mal. [allusion à l’avortement]

Je n’ai pas besoin du féminisme parce que je veux que mes garçons grandissent en sachant ce qu’est la VRAIE égalité.
Bon. Inutile de m’étendre sur ce que je pense de ce tumblr; j’aimerais quand même signaler au passage qu’au lieu de s’arracher les cheveux ou de se moquer de ces femmes parce qu’elles n’ont rien compris, et même si c’est déprimant, on pourrait prendre le temps de faire le point sur les incompréhensions qui demeurent au sujet du féminisme. Mais il y a eu beaucoup de réactions excédées de la part des féministes, qui tournent en dérision ce tumblr (ce que je peux totalement comprendre): des exemples ici, et ici (avec des chats).
Je reviens donc à la BD de Muriel Douru. Voyant son succès, j’ai été la lire. J’y trouve un certain nombre de problèmes, et je ne suis pas la seule (j’y reviens ci-dessous). Mais je m’interroge: le succès qu’elle rencontre est, sans aucun doute, une bonne chose. Cela permet à des gens qui ne l’auraient pas forcément fait de s’interroger sur leur rapport au féminisme et sur les stéréotypes qui y demeurent attachés. Je n’ai pourtant pas partagé moi-même cette BD, parce que j’ai du mal à faire passer son intérêt stratégique avant ses défauts. De manière générale, je me rends compte que le féminisme m’a rendue extrêmement intransigeante: je porte un regard informé sur tout ce qui est en rapport avec le militantisme, j’en vois (pas toujours d’ailleurs) les avantages et les défauts, mais j’ai beaucoup de mal à mettre mon esprit critique en sourdine. Cette attitude pose un problème évident: je ne suis vraiment satisfaite par pas grand-chose, et je rate sûrement plein d’occasions de faire de la pédagogie.
Pour revenir à cette BD, je pourrais résumer mes griefs ainsi: l’objectif de l’auteure est de lutter contre les stéréotypes attachés au féminisme; pourtant elle contribue paradoxalement à les perpétuer, et de manière parfois très problématique. Exemple:
Alors euh. Comment dire. La première image représente de toute évidence une lesbienne butch, en tout cas une femme « masculine »: grosse, cheveux courts, chemise, poils sous les bras, elle ne correspond pas aux critères de beauté communément admis. Evidemment, elle est anti-hommes, et brandit une pancarte « pendons-les ». On a ensuite une Femen, donc là aussi, forcément, hystérique et « misandre », et l’épouvantail féminisme parfait (je précise, une fois de plus, que je n’aime pas les Femen, en particulier leur racisme, mais j’en ai assez d’avoir à me situer par rapport à elles alors qu’elles sont très peu nombreuses et ne représentent qu’elles-mêmes; passons).
Mais ensuite, la dessinatrice nous présente une féministe acceptable, celle que les anti-féministes ne s’attendent pas à rencontrer. Elle est blanche, mince, jolie, en jupe et chaussures à talons. (Et elle fait du vélo. Important, le vélo.) Et elle a l’air beaucoup plus niaise, à mon avis, que ça:
Voici une série de tweets détaillant bien les problèmes posés par cette BD:
tl;dr ‘Ouais les féministes vous êtes toutes masculines & lesbiennes’ ‘Trop pas certaines d’entre nous sont BELLES hein promis’
— Gouinehelmina Slater (@donotcurr) 2 Août 2014
Butch aux aisselles poilues, mal, gonzesse ultra féminine et souriante, bien. Noté. GG le féminisme vous faites ça si bien.
— Gouinehelmina Slater (@donotcurr) 2 Août 2014
Butch aux aisselles poilues, mal, gonzesse ultra féminine et souriante, bien. Noté. GG le féminisme vous faites ça si bien.
— Gouinehelmina Slater (@donotcurr) 2 Août 2014
@LaSaleGarce @donotcurr Indice : elles sont uniquement touchées par l’excision (heureusement que les féministes blanches sont là !)
— Adrien (@jamygourmand) 2 Août 2014
@jamygourmand @LaSaleGarce @donotcurr grave, problèmes de femmes noires : l’excision, problèmes de femmes blanches : inégalité salariale
— IMFièrEs (@IMfieres) 2 Août 2014
Je suis complètement d’accord avec toutes ces critiques. Je n’ai pourtant pas forcément envie de les soulever auprès de toutes les personnes qui connaissent mal le féminisme et partagent cette BD. Cela nécessiterait une discussion patiente, des références, un vrai dialogue, qu’il n’est pas toujours facile d’avoir via internet. Donc je m’abstiens; c’est peut-être de la lâcheté.
Qu’en pensez-vous?
Rappel: je réponds désormais à des questions sur le féminisme et le genre sur mon compte Ask: ask.fm/A_C_Husson.
J’ai également été très mal à l’aise (pour ne pas dire blessée) par certaines représentations. Le stéréotype des poils par exemple… Je n’ai pas l’énergie en ce moment de faire de la pédagogie sur les rézossocio, concernant cette BD ou concernant le Tumblr dont tu parles ou concernant le féminisme et les problématiques de genre en général.
Je suis fatiguée de toujours devoir tout réexpliquer, de reprendre les bases, de me justifier, etc. etc.
Cette insatisfaction dont tu parles, je la ressens aussi beaucoup en ce moment.
Pour les personnes auprès de qui j’ai encore envie de faire un effort, je continue à offrir le livre graphique de M.-H. Bourcier qui n’est pas parfait mais qui reste extrêmement accessible, drôle et sans clichés. http://www.amazon.fr/COMPRENDRE-FEMINISME-MARIE-HELENE-BOURCIER/dp/2315003563/ref=sr_1_3_bnp_1_pap?ie=UTF8&qid=1406996973&sr=8-3&keywords=bourcier
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Tu le trouves accessible? Même sans aucune base au sujet du féminisme? On m’avait dit ce n’était pas vraiment adapté à des débutant.es…
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Alors je ne peux pas répondre pour moi, mais plusieurs personnes à qui je l’ai offert (j’ai du en offrir une quinzaine) m’ont dit qu’elles n’avaient pas tout compris mais que, du coup, elles avaient envie de fouiller…
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Je me souviens d’une discussion qui m’a particulièrement marquée avec un homme pro-féministe.
Il m’a dit deux choses :
– qu’il était compliqué quand on est féministe depuis longtemps de s’adresser à des gens qui débutent. Tout simplement parce qu’on ne sait pas ce qu’ils ne savent pas. On va donc parler de certaines choses, insister sur ce qu’on considère important alors que ce n’est pas du tout là où ils « bloquent ».
– nous parlions du projet crocodile et j’expliquais tout ce qui me déplaisait. il m’a alors dit « oui mais…quand même il peut être utile non? ». Et il avait raison.
Je suis allée voir hier les réactions à cette bd après ma salve de twits qui rejoignent ceux que tu cites ; les réactions de gens peu féministes étaient enthousiastes « c’est vrai je n’avais pas vu cela etc ».
Alors est on intransigeante,sans doute trop ? oui.
d’un autre côté je ne suis pas directement touchée par les erreurs politiques de cette bd (critique des butch, mise en avant de l’excision) donc c’est peut être aussi facile pour moi de dire « écoutez passons là dessus ».
je ne sais pas. (instant confidences)
lors de l’échec de l’association de mecs féministes, l’un d’entre eux m’a mailée pour me dire que c’était ma faute, que j’aurais moins gueulé, ils auraient été moins paralysés, que si je les avais laissé faire leurs erreurs au lieu de leur tomber dessus etc. Au delà du fait que c’était quand même une sacrée saloperie de me faire porter leur inaction, je me suis tout de même remise en action en disant que j’avais sans doute été intransigeante,sans doute trop brutale.
Nous sommes peu nombreuses à être féministes, tellement peu nombreuses.
Notre intérêt est de convaincre le plus grand nombre pour qu’il soit un jour moins oppressif. quand je passe des heures à parler à des trolls super violents, c’est que je me dis qu’un jour, peut être ce type n’accusera pas sa soeur/sa meuf/sa mère, un copine qui rentre et lui dit qu’elle a été violée, de l’avoir bien cherché. parce que seuls,les non féministes ne feront jamais ce chemin là.
si on décourage les bonnes volontés, alors on n’aura plus personne.
et de l’autre si on ne dénonce pas ce qui peut être maladroit (je n’aime pas le mot qui est trop dépolitisé mais bref) certaines continueront à subir de la violence dans des endroits qu’elles devraient espérer safe.
bref mon com napporte pas grand chose mais voilà.
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Je me demande si le fait que ces clichés persistent n’est tout simplement pas la preuve que l’intersectionnalité est méconnue et/ou du moins que ce qui se dit « intersectionnalité » actuellement n’est pas assez appliqué de manière concrète.
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C’est quelque chose qui paraît assez évident dans certains cercles militants (du moins la définition, l’application c’est un autre problème!). Mais effectivement je crois qu’il ne faut pas partir du principe que tout le monde comprend ce que ça veut dire et ce que ça complique. Je pense que l’auteure de cette BD tomberait des nues si on lui parlait d’intersectionnalité.
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Oui, bien sûr, mais je sais que beaucoup de personnes sur Twitter ou dans mon entourage ont plus facilement adhéré à ce qu’était le féminisme quand ils ont vu les enchevêtrements que cela suppose.
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Preuve qu’il ne faut jamais renoncer à la nuance et à la complexité… Mais il faut pour ça un cadre propice, et personnellement, sur internet, je galère.
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Inter… quoi ?
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Je me suis fait les mêmes réflexions…puis je me suis demandée si c’était pas moi qui cherchais trop la petite bête… du coup je l’ai quand même partagée sur ma page facebook, parce que comme tu dis, je pense qu’elle pourra parler à des personnes moins informées sur le sujet. Mais merci pour ton billet, ça me rassure de voir que je ne cherche pas tant la petite bête que ça 😉
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j’ai personnellement diffusé cette BD car elle a le mérite d’expliquer justement ce qu’est ou n’est pas le féminisme (en passant, il y a DES féminismes). Ce qu’elle utilise, c’est une explication en grossissant les traits , et par l’ironie Ca n’est pas a prendre au 2e degré ! Elle ne dit pas : les féministes sont souvent des butchs aux cheveux courts ! Elle met en avant que dans la pensée mainstream, justement on pense souvent que féminisme rime avec extrémisme. J’entends souvent qu’etre féministe, c’est parce qu’on hait les hommes. Je me suis coupée les cheveux courts et on m’a dit que ca faisait lesbienne. Bref, les étiquettes sont encore très présentes et cette BD, avec humour, les désamorce. A ce titre, l’usage du 2nd degré est pertinent et terriblement efficace. Et ca n’est pas une histoire de dire « femme noire – excision / femme blanche – inégalité salariale » , vision bien trop manichéenne, elle grossit encore une fois le trait. C’est une BD pas une these de 400 pages. Quant au convictions qui dirigent notre regard en l’informant par un biais féministe : heureusement qu’il y a encore des gens qui exercent leur esprit critique, ce dernier étant lui même utile pour se rendre compte que justement on envisage TOUT au travers de ce prisme d’analyse OU PAS. Personnellement, je me déclare féministe même si le terme est tellement vu comme un gros mot et associe plein d’étiquettes toutes faites. Et oui, mon esprit critique est toujours en éveil. Mais pas uniquement pour cette cause ! Il est en éveil. Point.
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Je ne suis pas d’accord… On peut faire de la pédagogie sans renoncer à la nuance, et je crois qu’il y a des problèmes de fond avec la BD. Ce n’est pas du 2nd degré, non. Elle présente vraiment une image de la féministe acceptable comme réponse aux clichés – ce qui est très, très problématique. Elle rejette l’image de la féministe lesbienne butch; quel est son problème avec les féministes lesbiennes butch?
En parlant de ça, j’ai peur de comprendre ce que vous écrivez: « Elle ne dit pas : les féministes sont souvent des butchs aux cheveux courts ! Elle met en avant que dans la pensée mainstream, justement on pense souvent que féminisme rime avec extrémisme. » Donc butchs aux cheveux courts = extrémisme?
Je crois que vous n’avez pas compris mon propos, en fait…
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Moi j’ai partagé cette bd malgré les défauts que j’y ai décelés, et que tu soulignes ici. Parce que je trouvais ça bien qu’une nana qui n’est pas forcément une militante féministe comprenne malgré tout à quel point le tumblr womenagainst… était problématique, et qu’elle le dénonce. Et à peu près dans cette lignée, je me suis dit que ça pouvait parler à mes contacts qui ne sont pas forcément au fait du « vrai » féminisme. Quitte ensuite à préciser les choses dans les commentaires. Cette BD a beau comporter de nombreux défauts, elle peut être un « moyen » pour certains de prendre conscience de problématiques « de base » avant de les affiner par la suite… Non ?
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Je suis d’accord. Mais il ne faut pas faire comme si ces problèmes étaient des points de détail; pour moi ce sont des problèmes de fond qui tendent à invalider son propos. D’où mon casse-tête, entre pragmatisme et intransigeance 🙂
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J’ai justement partagé ce post ce matin, après m’être posé les mêmes questions. En le lisant, j’ai immédiatement pensé « je comprends l’envie de contrer le stéréotype voulant que toutes les féministes soient des nanas frustrées, poilues et misandres, mais après tout, on a bien le droit d’être féministe, tout en allant à l’inverse des canons de beautés prônés (et donc poilue/grosse/androgyne…), ça ne fait pas de nous de mochetés frustrées ».
Cela dit, j’ai partagé quand même l’article sur Facenook, car comme tu le dis dans l’article, certains de mes contacts ne sont pas vraiment versés dans le féminisme, ou le sont un peu mais ont étrangement succombé à ce mouvement étrange « on n’a pas besoin du féminisme ». Et il faut dire qu’une BD parlant un peu féminisme sera toujours plus lue qu’un article très fouillé sur le sujet, malheureusement. J’ai dans l’idée que ça peut au minimum susciter une première réflexion, et éventuellement un échange ensuite. Et cet article a au moins l’avantage de rappeler que non, tout n’est pas réglé en terme de droit des femmes, si ça peut faire réagir…
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On en a eu l’exemple parfait avec cette BD censée être « neutre », « objective » (haha) sur le harcèlement de rue et le féminisme. C’est en fait un torrent de bêtises, qui montre une ignorance et un mépris incroyable, le tout par un soralien. Mais ça a eu BEAUCOUP de succès, parce que les simplifications et les arguments fallacieux, le tout sous forme de BD, ça parle. Difficile de passer derrière avec nos posts de blog longs, pédagogiques, documentés, qu’au finale peu de personnes lisent en entier, et en tout cas pas les personnes qui devraient le faire.
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A ce sujet, il me semble avoir lu sur Twitter quelqu’un dire (il me semble que c’était Mar_Lard, mais je peux me tromper), qu’il est très difficile de contrer une vanne/une remarque sexiste, car en général ce propos sont tenus en quelques mots. Alors qu’une réponse expliquant le problème dans ces propos sera forcément beaucoup plus longue, puisqu’il faut expliquer, et la pédagogie prend du temps
C’est le problème de ce type de BD, elles sont rapides & efficaces, mais ne vont pas au font du problème et font des raccourcis maladroits du coup… (alors que d’autres BD sont beaucoup plus détaillées, et vont intelligemment dans la nuance. Mais elles sont plus longues et plus complexes à appréhender, donc moins lues)
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Je rejoins pas mal l’avis de Valérie (commentaire du 02/08/2014 à 6:38) sur la question.
Pour ma part je n’ai pas eu envie de partager la BD parce que j’étais effectivement assez dérangée par les mêmes choses que toi. Cependant, après moult hésitations, j’ai quand même « liké » quand des personnes de mon entourage, habituellement peu intéressées par les questions féministes, l’ont diffusée. J’avais plus envie de les encourager pour la direction générale du truc, pour oser s’afficher publiquement comme féministe, que d’être dans la critique. Il ne faut pas oublier que certaines personnes partent de très loin et que c’est déjà un premier pas non négligeable que de s’interroger sur le féminisme. Ce que je trouve vraiment important c’est que cette BD, malgré ses défauts, s’emploie avec ardeur à redorer le mot « féminisme » auprès d’un large public, et, vraiment, on en a besoin, il faut que ça devienne quelques chose de plus facile à dire, de plus commun.
Le féminisme a besoin d’une réflexion pointue et éduquée et militante, mais il me semble qu’il a aussi besoin d’une bonne dose de vulgarisation et qu’on en manque cruellement.
D’autre part, les points qui nous dérangent dans cette BD, à juste titre, sont débatus dans les com’ de celle-ci. Il me semble que c’est un espace intéressant, avec un public différent, plus large et moins informé que celui des sites féministes, pour débattre de ces question. Tu dis, à propos de « Women against feminism » que plutôt que de s’en moquer on pourrait prendre le temps de leur expliquer ce qu’est le féminisme, pourquoi ne pas en faire autant avec l’auteur et les gens qui likent « le féminisme c’est pour quoi faire ? » Ils sont déjà nettement plus sensibilisés à la cause.
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Oui, oui oui ! Totalement d’accord. J’allais ajouter un commentaire, mais il ne ferait que paraphraser le tien. Il y a une part de militantisme qui relève de la diffusion et de la vulgarisation auprès d’un public non sensibilisé qui commence tout juste à réveiller son esprit critique.
Le féminisme doit absolument s’adapter à plusieurs cibles, dont celle des personnes intéressées mais pas assez « équipées » pour savoir par où commencer.
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Moi je suis d’accord avec toi, j’ai tiqué sur les mêmes choses et aussi sur le « elles ont peur qu’il devienne homosexuel » qui laisse penser que ça serait un problème.
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J’ai aussi partagé cette bande dessinée parce qu’elle donne l’occasion d’aborder le sujet plus en détail avec ses contacts. Elle rappelle aussi à certaines femmes WASP (majoritaires sur le tumblr d’après l’auteure, je n’ai pas eu le courage de vérifier) que ce qu’elles revendiquent sont des privilèges dont elles n’ont même pas conscience.
Toutefois j’avoue avoir tiqué assez souvent au fil de ma lecture (mais je me suis justement dit que j’étais trop intransigeante). J’ai donc relu trois fois la BD pour essayer de comprendre le pourquoi des arguments. Je reste malgré tout très sceptique face à ma propre hypothèse de bisounours (surtout parce que je ne comprends toujours pas la logique de son argumentation, dont les points suivent un ordre curieux).
Pour ce qui est des stéréotypes de féministes butch/femen : je me suis longtemps sentie plus fragile en tant que féministe-lesbienne-poilue parce que je trouvais difficile de combattre des stéréotypes en ayant des points communs avec… Le problème est résolu, je n’ai rien à me reprocher, j’ai le droit d’aimer les femmes et les cheveux courts ET de me dire féministe. Si mon interlocuteur-cutrice est trop bornéE pour le comprendre, ce n’est pas mon problème. Mais dans cette BD c’est effectivement un gros problème !
J’ai envie de croire que c’est une sorte de compilation de mauvais arguments s’adressant à celles et ceux qui découvrent le monde merveilleux du féminisme, en leur fournissant une première aide pour répondre à un « je ne suis pas féministe parce que » basique. Ces même personnes auront ensuite tout le temps d’aiguiser leur répartie en s’informant au fur et à mesure. Il faut du temps et du courage pour décider de s’aventurer ensuite vers l’intersectionnalité !
Je tiens à vous remercier d’ailleurs, j’en apprends toujours un peu plus grâce à vos articles, et je suis de moins en moins dépourvue d’arguments ! Mille mercis 🙂
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« Pour ce qui est des stéréotypes de féministes butch/femen : je me suis longtemps sentie plus fragile en tant que féministe-lesbienne-poilue parce que je trouvais difficile de combattre des stéréotypes en ayant des points communs avec… Le problème est résolu, je n’ai rien à me reprocher, j’ai le droit d’aimer les femmes et les cheveux courts ET de me dire féministe. Si mon interlocuteur-cutrice est trop bornéE pour le comprendre, ce n’est pas mon problème. Mais dans cette BD c’est effectivement un gros problème ! »
C’est exactement pour ces raisons (même si je ne suis pas butch) que pour moi cette BD c’est NO WAY.
Il est déjà suffisamment compliqué comme cela dans un débat de ne pas voir ses idées être rabaissées par de la psychologie de comptoir en fonction de ce que l’on est.
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On pourrait peut-être résoudre cette tension entre intransigeance et pédagogie en se disant que d’une certaine manière le féminisme c’est un peu comme n’importe quel autre domaine, mathématiques, programmation, sciences sociales, etc. : il y a des choses à apprendre dans un certain ordre car telle idée avancée se construit sur telle idée plus facile à saisir. On pourrait dire que la BD c’est le niveau de base, on suppose que la personne en face ne connaît rien au féminisme et qu’il faut commencer par lui expliquer ce que ce n’est pas, et cette explication doit forcément s’appuyer sur les catégories et idées dont elle dispose déjà pour être comprise, d’où l’usage nécessaire de simplifications. Si les quelques idées exprimées dans cette BD passent, c’est une base pour aller un peu plus loin et revenir sur ce qui passait avant pour des détails. Je trouve étonnant qu’on parle toujours de diffusion du féminisme comme d’une lutte politique (héritage marxiste sans doute) qui devrait se traduire par un conflit interpersonnel, même pacifique, alors qu’on pourrait voir sa diffusion comme une forme de didactique. Ce serait d’ailleurs parfaitement cohérent avec l’idée que le féminisme rassemble des savoirs accessibles seulement à une partie de la population (les femmes) pour un faire un point de vue particulier.
Déjà avec mon commentaire on a plein d’exemples de simplifications volontaires : j’aurais pu dire « les féminismes », ne pas juste dire que les femmes sont simplement une catégorie de la population, remarquer que quand même tout.es les féministes ne se conçoivent pas dans un conflit politique. Mais ça aurait rendu plus long et compliqué ce commentaire.
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je trouve ce commentaire excellent (celui de bcy), d’une part parce qu’il est bien écrit et clair et d’autre part parce que c’est aussi ce que je pense :p
Il faut laisser le temps à la réflexion de murir; et commencer par des considérations relativement consensuelles avant de la complexifier et de la subvertir.
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Bonjour,
je trouve cette BD globalement efficace si elle amène ne serait-ce que quelques personnes à se poser des questions.
Je suis d’accord avec les nombreux défauts qu’elle a, mais faire la BD « parfaite » de l’initiation au féminisme me semble un casse-tête incroyable: il y a énormément de stéréotypes et de normes patriarcales à déconstruire.
On parle bien de déconstruire, et je pense que ça ne peut se faire que brique par brique… et au gré d’un cheminement personnel. Je prends l’exemple d’un domaine que je connais bien, le football. La fédération fait bcp d’efforts pour attirer le joueuses et a beaucoup communiqué sur le fait que les footballeuses aussi étaient féminines. Oui, ça fait grincer des dents. Mais ça a contribué au développement de la discipline, les gamines hésitent moins à se lancer et se rendent compte que les femmes peuvent aussi jouer au foot. Je suis peut-être naïve, mais je pense que la seconde étape, qui est de se rendre compte qu’on a le droit de ne pas se conformer aux normes de féminité, viendra ensuite plus facilement. Une fois qu’on a vaincu une norme/un stéréotype, on se pose plus facilement des questions sur les autres.
Je ne sais pas si je me fais comprendre.
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Oui, c’est tout à fait clair 🙂 Avoir la possibilité d’y aller pas à pas, en veillant à ne pas faire de compromis sur le fond mais en prenant le temps d’y aller doucement et d’expliquer, c’est vraiment la situation idéale. Du coup, une première étape pas très satisfaisante, mais permettant d’engager une discussion, pourquoi pas. Le problème, il me semble, c’est quand on s’arrête (faute de temps, faute de patience, ou parce que la personne en face refuse d’aller plus loin) à la première étape et qu’on ne remet pas en cause un niveau très basique de compréhension d’un problème.
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Je ne suis pas féministe parce que pas assez cultivée sur ce sujet complexe, mais j’aime beaucoup votre intelligence et les doutes qui l’accompagnent, c’est pourquoi je vous lis. J’ai partagé cette BD parce que contrairement à vous et comme Aurélie, j’y ai lu : la pensée dominante tente de nous faire croire que les féministes ne sont QUE des butches ou QUE des Femen, or elles peuvent ressembler à des femmes que la pensée dominante imaginait insensibles à ce combat qui ne peut être que le fait de femmes mal dans leur moche corps ou mal dans leur cerveau désaxé. C’est pourquoi elle m’a plu. Je crois à la souplesse pour faire avancer le monde et vos doutes sont le signe de cette souplesse chez vous, c’est à mon avis, puisque vous le demandez, ceux-là qu’il vous faut écouter, sinon le combat avancera moins vite et moins profondément.
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Vous abordez beaucoup la problématique de l’entrée dans le féminisme au cours de vos posts. La question m’intéresse. En effet, avec quelques ami(e)s proche nous avions voulu en apprendre plus sur le féminisme. Nous nous demandions ce que nous pouvions faire, comment apprendre etc…Finalement cela n’a pas été si facile. Nous sommes allé à quelques conférences d’associations féministes pour découvrir. Mais elles étaient essentiellement dans l’action (comment obtenir si ou ça, telle lois etc…). Or on a besoin de prendre le temps de réfléchir, de se poser des questions avant d’avoir des convictions sur quelles lois ou quelles actions doivent être mis en place. Je n’ai pas vraiment trouvé d’espace pour ça. Je pense que ça serai intéressant que ces associations, en dehors des « luttes », garde un espace pour débattre et discuter des sujets relatifs au féminisme avec des personnes pas aussi « formés » ou « formatés ». qui viennent de background divers, sans demander comme prérequis d’adhérer à toutes leurs idées dès le départ.
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Je découvre cette BD ici, et à vrai dire j’ai du mal à imaginer ce que j’en aurais fait si je l’avais vue passer dans mes contacts Facebook, comme ça a visiblement été le cas pour pas mal de gens.
Déjà parce que, étant lesbienne, grosse, et plus ou moins poilue sous les bras selon l’humeur, j’ai pas tellement apprécié le passage sur « les gens imaginent que les féministes sont comme ça, mais pas comme ça ». Oui, déconstruire les clichés c’est important, mais au final pour moi cette BD ne le fait pas, elle se contente de nous en présenter un de plus en nous disant (probablement involontairement) : mais non regardez, une féministe ça peut être une butch misandre, une femen qui grogne mais aussi une fan de mode à vélo. Et jamais on ne nous dit qu’une féministe ça peut être ça : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/09/Punjabi_old_woman.JPG/1280px-Punjabi_old_woman.JPG, ou ça : http://wildgender.com/wp-content/uploads/2012/11/toninewman.jpg, ou ça : http://publicphoto.org/pics/2012/08/13/Thirsty-Man-Drinking-Water-from-Bottle_-Blue-Sky__IMG_2010-320×480.jpg, ou… Enfin bref, je vais pas faire toute une liste ici, mais je ne pense pas qu’il aurait été plus compliqué de remplacer la troisième image par celle d’un groupe composé de personnes différentes, histoire d’illustrer l’idée que tout le monde peut être féministe.
Et tant qu’on est dans les clichés, je trouve que le fait de les représenter, même si on n’y adhère pas, n’est pas non plus anodin. Avait-on vraiment besoin de voir encore une fois ces représentations négatives (sourcils froncés, air mécontent, représentation et précision sur le physique souvent moquées, grognement animal) ? Oui, l’auteure nous dit que les féministes, ce n’est pas ça, mais nous avons perçu et enregistré les images, et elles auront forcément un impact sur nous. Pour faire un parallèle (que je poursuivrais plus loin) avec mon métier d’enseignante : dans le cadre de ma formation professionnelle, on m’a bien précisé qu’il ne fallait pas noter de mots / phrases erronés au tableau, même pour montrer qu’ils étaient faux par la suite. Dans le cadre de ma formation de formatrice en premiers secours, on m’a bien précisé qu’il ne fallait pas montrer de geste erronés, même pour expliquer qu’ils étaient faux par la suite. Pourquoi ? Parce que même si on explique que ce n’est pas ce qu’il faut faire, il y aura toujours le risque que des élèves mémorisent ce qu’ils ont vu, malgré nos explications. Je pense que la situation est assez semblable ici, et à mon avis ça ne vaut pas le coup d’en passer par là juste pour pouvoir exploiter un ressort humoristique, même si celui-ci aide à maintenir l’attention du lecteur.
Et pour continuer à m’appuyer sur mon boulot (même si j’avais dit que j’en parlais pas pendant les vacances… ce qu’il faut pas faire), je voulais aussi parler de pédagogie et de vulgarisation. Je suis tout à fait d’accord avec l’idée que lorsque l’on s’adresse à une personne n’ayant pas (ou peu) de connaissances sur un sujet, il ne faut pas la submerger d’information, ni utiliser un langage trop complexe. Je n’explique pas quelque chose à un.e élève de 6e comme je l’expliquerai à un.e élève de première par exemple. J’emploie un vocabulaire moins « technique », je donne moins de détails, et je ne mentionne pas certains cas. Pour moi c’est tout à fait normal de procéder de cette manière.
Cela dit, je sais aussi qu’au cours de sa scolarité, l’élève sera amené.e à compléter progressivement ses connaissances pour qu’elles soient en adéquation avec ce dont ille aura besoin pour réussir ses études. Ici la situation est différente : c’est à chacun.e d’aller chercher des informations complémentaires dans la fourmilière des internets. Une expédition périlleuse, d’autant plus quand il s’agit d’approfondir un sujet sur lequel on ne connaît pas grand-chose. Quelques liens en mode « pour aller plus loin » après la BD auraient peut-être pu aider, encore que là aussi il y aurait eu un problème potentiel au niveau du choix des liens…
Il y aurait probablement d’autres choses à dire, mais c’est tout ce qui me vient à l’esprit pour l’instant. Au final je dirais qu’à part le passage sur les clichés concernant la représentation des féministes, cette BD ne me pose pas trop de problèmes. Elle est loin d’être complète ou assez approfondie pour permettre de vraiment appréhender où en est le féminisme aujourd’hui. Mais elle serait, pour moi, presque utilisable pour une première approche.
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Hello !
Merci beaucoup pour cet article. J’ai diffusé cette B.D. sur Facebook il y a peu de temps et me suis posée les mêmes question. Je m’intéresse de près au féminisme et je milite depuis disons un peu plus d’un an, et j’ai fait beaucoup d’erreurs au début, comme tout le monde je suppose. Essentiellement sur les questions d’intersectionnalité (c’est la lecture du Twitter de Mrs Roots qui m’en a fait prendre conscience en fait).
Bref, tout ça pour dire, que si au tout début de mon « éveil » (et j’en parle parce que c’est encore frais, je m’en rappelle peut-être mieux que les plus chevronnées d’entre vous :D) on m’avait présenté le féminisme avec tout son lot de nuances, telle l’intersectionnalité, je n’aurai tout simplement pas compris. Je ne dis pas que ça m’aurait rebutée, loin de là, mais j’aurais été franchement perdue. Le féminisme a représenté et représente toujours un long cheminement dans ma vie et dans mon mode de pensée. Je m’enrichis et apprend beaucoup à nuancer mes idées au contact de personnes comme toi, qui prennent le temps de publier des articles longs et bien documentés. Mais avant d’en arriver là, j’ai dû passer par une phase B.D. et pédagogie basique, encore une fois dans une logique « d’éveil ». Ce sont des étapes qui ont attisé mon intérêt pour la question et m’ont permis de prendre « plaisir » à lire des articles beaucoup plus longs.
Par ailleurs, j’évolue dans un cercle où il y a très peu de féministes affirmées. Mon Facebook en est quasiment dépourvu. Je passe mon temps à y poster des articles sur le sujet, espérant déclencher un petit déclic chez au moins 1 ou 2 d’entre eux. Et à ma grande surprise, ça a parfois marché. Sauf que les réactions que j’ai eue ont été, effectivement, face à des posts ultra pédagogique, comme des B.D., et pas face aux articles bien longs et documentés.
Je comprends et j’approuve ta réaction. Comme il l’a été dit dans les commentaires plus haut, je considère que cette B.D. constitue une première étape, certes faite de défauts (mais quelles premières étapes ne le sont pas ?), vers quelque chose de plus poussé. Je n’aurais pas diffusé cette B.D. sur mon Twitter par exemple, où j’y suis très peu d’amis de la vie réelle mais beaucoup de militantes féministes.
Enfin, de manière complètement égoïste, le passage « une féministe peu être aussi comme ça », m’a parlé. Je porte quasiment quotidiennement talons, jupe et maquillage et je dois avouer que c’est parfois très compliqué d’avoir une crédibilité. Dans la vie de tous les jours on a du mal à envisager qu’une fille qui se fringue d’une telle manière puisse en avoir quoi ce soit à faire du féminisme et dans les milieux féministes je rencontre parfois du scepticisme et/ou du dénigrement. Il n’y a aucune attaque personnelle dans mes propos, je comprends d’où proviennent ces problèmes et surtout je comprends tout à fait que ce passage de la B.D. est très problématique aussi. Je n’approuve pas la manière dont ça a été expliqué, mais je pense que la case de la nana à vélo a parlé à mon inconscient, toute abstraction faite des deux cases précédentes (dans mon cas très personnel, donc).
En tout cas merci encore pour l’article, c’est chouette d’avoir un espace où discuter de ce genre de choses.
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A propos de pédagogie et de la BD d’Alexis Koleszar citée plus haut, en cliquant sur le lien pour la dixième fois pour être sûre que je n’ai pas raté un sens profond et caché sous la tonne de merde, je me suis aperçue qu’une petite modification avait été introduite par l’auteur. Une des critiques faite par de nombreux internautes, y compris ceux qui disaient clairement à quel point ils trouvaient l’ensemble de la BD puante (en particulier natas et pédagogiemilitante), était le détournement d’une photo de Clémentine Autain, floutée mais reconnaissable, en parodie de témoignage de victime de harcèlement de rue. Peut-être Alexis Koleszar ignorait-il que C. Autain avait été elle-même victime de viol, et que cela faisait partie des raisons de son engagement féministe (peut-être ne s’est-il pas vraiment posé la question, en partant du principe que tous/toutes les féministes souffraient d’exagération paranoïaque). J’ai moi-même laissé un message sur le compte facebook de l’auteur sur ce point que je trouve particulièrement insupportable, en soulignant qu’il était légèrement contradictoire de poster sur fb un message accusant Lola (la jeune femme de Perpignan qui aurait « inventé » un viol collectif en plein jour à Perpignan) de discréditer la parole des victimes de viols, agressions et violences sexuelles, et d’inclure dans sa BD une telle image. De nombreux internautes ont réagi dans le même sens, et pas forcément en prenant des pincettes… Toujours est-il que l’auteur vient de supprimer cette image de Clémentine Autain… pour la remplacer par une image floutée de Caroline Fourest, en gardant le même texte. Evidemment, il reste toujours la question de savoir si l’on peut parler de progrès à ce stade de connerie (reconnaître avoir insulté une victime de viol ne l’a pas amené à s’interroger sur le bien-fondé de sa BD dans son ensemble), mais le fait est que l’auteur, qui revendique son côté subversif et irrévérencieux (il se vante d’avoir été viré de son premier hébergeur pour des dessins antisémites: « J’allais régulièrement sur Café Salé, la référence pour tout dessinateur / peintre / sculpteur, jusqu’à ce que je me fasse bannir à cause d’une BD ironique sur les juifs qui n’a pas vraiment plu à l’administrateur. Désormais, je reste fidèle à la communauté de Jeuxvideo.com qui m’a apporté un soutien incommensurable (pas dans son intégralité bien sûr, et heureusement !) depuis mes débuts. ») a tout de même reconnu une forme de limite en effectuant cette modification… La preuve que l’intransigeance sur internet porte quelques fruits?
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On pourrait faire un parallèle avec le militantisme écolo : celui/celle qui connaît tous les bilans carbone de tout, qui a épluché les tenants et les aboutissants des subventions aux énergies renouvelables, qui s’épuise entre les meetings anti gaz de schiste et les enquêtes d’utilité publique sur une nouvelle bretelle d’autoroute, qui voit du greenwashing et du foutage de gueule partout, qui voit tous les écolos représentés comme des forcenés idéalistes tandis que les José Bové de ce monde se font construire de belles villas (en bois) et siègent à Bruxelles… Et puis ensuite un gentil bobo vient réclamer son petit compliment parce qu’il a installé un bac de vermicompostage sur le balcon et qu’il a compensé son vol au Costa Rica où il est allé faire un stage de radical living…
Et pendant ce temps là, la planète se meurt, bordel !!
– Tu vois, t’es intransigeant(e), comme tous les écolos. Et en plus, tu roules même pas en vélo.
(découragement)
Ah oui, et puis les mouvements écolos sont aussi déchirés intérieurement par des batailles rangées idéologiques irréconciliables où on peut presque plus se parler (p.ex. anti-nucléaires / pas-anti-nucléaires, que je rapproche des anti-prostitution / pas anti-prostitution).
Comment sortir du découragement ?
Je sais pas, mais déjà arrêter de répondre aux trolls ça peut déjà aider. Le but à mon avis n’est pas de convertir les cons, mais d’insensiblement dévier le discours ambiant : ceux auxquels la communication militante doit s’adresser ne sont ni les convaincu-e-s, ni les irrécupérables mais ceux et celles qui sont tangents ou à priori étrangers au débat.
L’image que j’en ai, c’est la balançoire qui bascule d’un coup parce qu’on a insensiblement, patiemment décalé le centre de gravité en déviant à peine à peine ceux qui étaient un peu vers le milieu.
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Je plussoie
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C’est une grande victoire des mysogynistes que de réussir à détourner l’attention portée au féminisme sur l’apparence de ceux/celles qui le défendent. Reformuler le débat pour demander « Êtes-vous conformes à ces standards, vous qui nous accuser de ne pas prendre les femmes au sérieux? »
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Pédagogie, intransigeance, petite bête qui gratte… pardon, mais comment sortir de l’émotion quand le patriarcat et son oppression vous palpe l’entrejambe tous les matins ?
Le « problème » du féminisme, c’est qu’il nous (les femmes) bouleverse, il nous concerne à 200%, et il est affreux. Difficile de faire dans la dentelle quand on « sort les couteaux », non ?
Ce qui fait que je trouve la BD très bonne, l’article chez Bitchcraft impressionnant et indispensable parce qu’ils ont choisi leur mode de communication : le bulldozer (le poing dans la gueule est une méthode qui a sa place dans notre communication féministe, dans de telles situations d’urgence). Il n’en dit pas moins de vérités que des discours plus « nuancés », sa grossièreté respecte l’âme de son message ! Il est à l’image du féminisme de son auteure, de son « féminisme intime » j’ai envie de dire, le sien, pas un consensus qu’elle propose à une table ronde.
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Le problème c’est qu’on oppose plusieurs types d’émotion, là: l’émotion féministe (et je suis la première à dire que la colère est une émotion on ne peut plus légitime face à l’oppression), et celle que peuvent ressentir les personnes exclues par cette BD. Parce que c’est ça que fait Muriel Douru: elle exclut, de fait, certaines femmes de « son » féminisme. Un bon commentaire lu sur Facebook:
« En ce qui me concerne, je ne parlerais pas d’intransigeance, mais de positionnement. Où me positionné-je ? Et au nom de quel « féminisme » dois-je laisser passer tel ou tel truc ? Il existe bien plusieurs féminismes, et dans un certain féminisme, qu’on connaît sous le nom de « féminisme™ », cette BD est parfaite.
A mon sens, le cliché le plus destructeur de cette BD est le cliché sous-jacent selon lequel il existerait un seul féminisme. C’est ce qu’on dit quand on dit « les féministes ne sont pas ceci ou cela, le féminisme n’est pas ceci ou cela. » C’est un cliché destructeur parce qu’au vu des rapports de pouvoir qui existent aussi dans les féminismes, celles qui ont le plus la parole sont les féministes blanches, cisgenres, hétérosexuelles et « belles » au sens des canons de la beauté hétérosexuelle.
Dire que « le féminisme n’est pas comme ça », c’est nous invisibiliser une fois de plus, nous les féministes « hystériques, agressives, masculines, môches, castratrices, lesbiennes etc… » (je reprends les termes de la BD) alors que oui, merci, nous existons aussi, au même titre que les féministes féminines-mais-pas-trop à vélo (celle représentée un peu plus bas). Et cette invisibilisation, c’est peut-être une raison pour laquelle des femmes qui ne sont pas blanches, féminines-mais-pas-trop, cisgenres, à vélo, ne se reconnaissent pas dans « le féminisme », parce que certaines continuent à présenter ce féminisme™ de blanche cishétéra de classe moyenne comme « Le Féminisme ». »
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Je partage le même avis que cette personne et surtout, il existe des projets géniaux comme Women de Carol Rosseti (que j’ai interviewé ici en Fr si ça peut intéresser : quelqu’un:http://mrsroots.wordpress.com/2014/07/13/roots-inspirationwomen-by-carol-rosseti-engfr/) qui avait la particularité de rendre cette diversité des femmes, et donc par la diversité de ces identités, l’idée d’un féminisme diversifié. Je trouve que cela manque encore cruellement.
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Vu qu’il est demandé, et que c’est assez rare, je vais donner mon avis.
Sur cette note de blog, d’abord (pas la tienne, celle de euh. Celle dont tu parles. …)
C’est, je trouve, une très mauvaise note, probablement créé par ce qu’on pourrait appeler sans envie d’offense une « débutante » en féminisme, qui du coup est noyée (la note) par des approximations et des choses trop en surface. Tiens. Noyée par des choses en surface. C’est drôle ça. Passons. Effectivement on se retrouve avec du stéréotype qui combat du stéréotype et, pire que tout, une féministe qui se moque de femmes. … … J’en ai un peu marre des féministes qui se moquent de femmes. Faut quand même bien garder en tête que l’arme principale, je pense, du patriarcat moderne, c’est de diviser les femmes. C’est pas nouveau mais comme « les femmes » sont pas une minorité soudée visant un but commun politiquement simple et clair, les quelques femmes (ou hommes) qui ont pour but commun simple et clair le féminisme devraient pas passer du temps et dépenser une quelconque énergie à attaquer des femmes.
Ensuite je voudrais dire un mot sur Comprendre le Féminisme, que j’ai pas pu finir, que je trouve assez mauvais comme choix de premier livre, « d’initiation », parce qu’il est quand même clairement queer, et que je suis pas super chaud du queer (y a pas de jeu de mot je sais juste pas comment le dire plus simplement). Bon si on me demandait je dirais que le bon livre pour commencer ce serait le SCUM Manifesto xD… Donc oui je suis pas forcément de meilleur conseil.
Pour ce qui est du Soralien, je reste farouchement attaché à ce que je dis depuis le début concernant lui, jv.com ou tous les trucs du style, c’est de la profonde merde et l’énergie dépensée à essayer de contre attaquer est consommée en pure perte. Multiplions les bons articles plutôt que de combattre les mauvais.
P.S. : Je m’excuse pour les fautes. Je continue à avoir du mal avec ça.
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Le patriarcat saurait très bien s’arranger d’un féminisme de belles plantes dans des potiches de luxe , tout comme il sait très bien composer avec une écologie bobo sympathique de voiturettes électriques ….
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Allo!
Ça fait un moment que je passe régulièrement sur ce blogue, et sur d’autres aussi, et je voulais réagir à ton article qui soulève quelque chose qui me gène souvent dans mes lectures. Je suis assez jeune, je n’ai pas grandi dans un milieu féministe (pour ma famille, l’égalité c’est bien mais les féministes sont des harpies hystériques qui déteste les hommes), et j’ai découvert le féminisme très tard. Assez récemment en fait, grâce à mes amies, et à mon copain (un homme féministe, quelle découverte!). Ça a un peu été une révolution intellectuelle pour moi, de comprendre que « féministe » c’est pas un gros mot, que le harcèlement de rue, c’est pas normal (entre autre).
Alors depuis quelque temps, je lis. Mais j’avoue que je dois souvent me forcer: lire des blogues féministes, c’est souvent un devoir plus qu’un plaisir. Parce qu’à chaque fois que je tombe sur quelque chose de chouette, de bien fait et bien dit, bam, deux blogues plus loin quelqu’un démonte tout. Ça me décourage. J’ai l’impression d’un grand gâchis d’énergie : tant de temps passé à s’interroger sur LA bonne manière d’être féministe, LA bonne manière de défendre les droits des femmes, … Pourtant, ce n’est pas les combats qui manquent!
(Ceci dit, j’espère que personne ne prendra ça personnellement. J’ai bien compris que ça relevait plus de l’honnêteté intellectuelle, qu’il n’y avait aucune trace de mesquinerie dans tout ça. Et puis il s’agit d’une impression générale d’une débutante, pas une critique ciblée).
Sans doute c’est la désillusion de la débutante qui parle : ce rendre compte que c’est complexe, qu’il y a mille subtilité, et qu’il ne suffit pas d’une révélation et de bonne volonté pour faire les choses correctement …
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Bon. Je continue à trouver que tous ces commentaires, et derrière les personnes qui les ont écrits, sont des prises de tête qui cherchent à intellectualiser un coup de gueule qui pour moi reste quand même très soft.
Elle ne dit pas : « les féministes sont comme ça »
Elle dit : « ils pensent que les féministes sont comme ça ». Et c’est vrai. Et je ne parle pas que de mecs. Les nanas sont pires : mes collègues nanas jeune génération sont pleines de ces a-priori (nous les vieilles, essayons de leur expliquer que si elles sont libres de venir bosser là, d’avoir leur compte en banque, de se plaindre que la pilule ça fait grossir et c’est dangereux, c’est bien parce que leurs mères, leurs tantes se sont battues comme des dingues, mais elles n’en ont rien à battre).
Elle dit « elle a peur qu’il devienne homosexuel ». Et bien oui, oui, oui, elle a peur qu’il devienne homosexuel. La très grande majorité des parents ont peur que leurs enfants deviennent homosexuels. C’est une réalité et ce n’est pas parce que je le constate que j’ai quelque chose contre les homosexuels, c’est complètement idiot, ça, comme raisonnement. Je me souviens de la tête d’une collègue il y a longtemps qui me disait que c’était sa plus grosse crainte, quand je lui ai répondu : »moi, je me fiche complètement que mon fils soit homosexuel, du moment qu’il ne devienne ni curé ni militaire… » Je pense que je lui ai parlé dans une langue extra-terrestre !
Et c’est pas parce qu’elle, dessinatrice, exprime le sentiment de cette mère qu’elle le partage ! au contraire !
Elle exprime une situation qui est réelle aujourd’hui, et sa façon de la dénoncer avec humour est tout à fait honorable et effectivement accessible à tous. Bravo !
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Après lecture des autres comms, je trouve que je suis un peu dans la même situation qu’Adeline et Melolo. ça fait maintenant plusieurs années que je m’intéresse au féminisme et me dit féministe. Je pense que je suis passée par beaucoup d’erreurs (adoption des codes masculins, mépris du féminin, etc…), et je continue de m’interroger, d’avancer…
Cette BD aurait pu initier le déclic du féminisme dans mon moi d’il y a 10 ans, c’est pour cela que je ne veux pas la condamner trop durement malgré les défauts.:
Aujourd’hui, il est à la fois nécessaire de fournir une info fouillée et détaillée sur toutes les problématiques féministes mais aussi de sensibiliser de nouvelles personnes. Et pour ce second point, ce n’est pas autre chose que de la com’ (je lâche le gros mot).
A quoi ça sert d’avoir développé toutes ces réflexions intéressantes si on ne peut pas les partager, faute d’avoir pu délivrer un premier message audible?
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J’ai moi aussi trouvé cette BD plutôt problématique sur de nombreux points, mais vous en parlez déjà pour la plupart.
Un élément qui n’a pas été abordé, il me semble, c’est la phrase qui dit que le féminisme » ce n’est être pas contre les hommes, mais bien avec eux ». C’est une vision qui m’énerve profondément, parce que ça définit encore une fois les femmes (féministes ici) par rapport aux hommes, alors que justement le féminisme est un combat pour les femmes et on se fiche de ce qu’en pensent les hommes. Et puis il y a aussi beaucoup d’hommes qui sont nos ennemis.
Je viens de repérer aussi, en relisant la BD, qu’elle utilise le conditionnel quand elle parle des excisions (« que 53 000 filles subiraient chaque année »), mariages forcés (« qui concerneraient 250 millions de filles dans le monde ») et viols (« il y aurait 75 000 viols par an en France »). On a assez d’antiféministes qui nous disent que ces chiffres sont infondés pour que même les féministes les prennent avec des pincettes, surtout qu’ils ne sortent pas de nulle part et que ce sont des chiffres très sérieux.
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Salut,
d’abord un grand merci pour l’energie et le temps et l’intelligence et le courage investis dans ces questions et problematiques.
J’ai ete mal a l’aise des la premiere lecture avec cette BD, sans savoir pourquoi. En la relisant je me suis demandee l’interet de combattre un cliche par un autre.
J’ai ressenti de la colere et de l’impuissance. Encore.
J’ai eu une idee de support de communication tres simple a balancer sur les reseaux sociaux. Mais je n’ai pas les competences pour le concretiser.
Alors si quelqu’un a les moyens de le faire ce serait vraiment, vraiment bien.
Peut etre que ca a deja ete fait, mais ce serait fantastique de prendre une femme, et de faire un clip video, en succession d’images, avec la meme femme successivement dans tous les cliches de genre (pomponnee, butch, sportive, astronaute, infirmiere, a poil et poilue, androgyne, sexy et genree tres « feminine », bref le maximum d’images differentes, melangeant les genres), avec sur chaque image le mot WOMAN puis HUMAN qui apparait, et a la fin un fondu des images, puis juste le visage nu de la femme, avec les cheveux mouilles, et juste le mot HUMAN
Une video c court, rapide a regarder, ca fait un bon buzz
Enfin voila, je voudrtais juste tellement pouvoir faire qqchose…
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Bonjour bonjour,
Peut-être que ma petite histoire peut servir. Peut-être que pas du tout et dans ce cas pardonnez-moi (mon commentaire pourra être effacé sans souci).
J’ai découvert le féminisme il y a quelques mois. J’ai 24 ans et je n’avais même pas conscience de son existence. J’ai fait des études de droit et ce sujet n’a jamais engendré le moindre débat dans mon entourage. Je n’ai jamais associé ce combat à l’hystérie, aux femmes moches et poilues, aux lesbiennes… Aucun cliché puisque pour moi les féministes c’était l’IVG en 1975 (date à laquelle ma mère avait 6 ans donc niveau transmission générationnelle on repassera) soit 3 lignes dans mon cours.
Ce qui m’a fait ouvrir les yeux c’est le quotidien. Petite on m’a vite fait comprendre que pas de bol j’étais une fille, ça allait être plus difficile. J’ai donc cherché à faire comme et mieux que les hommes pour avoir ma place et je l’ai eu sans grand mal. Cette année j’ai pris conscience que j’avais ma place dans un environnement exclusivement composé d’hommes. Je n’ai jamais eu d’amiE, mon meilleur ami est gay et j’ai développé une trouille bleue des groupes de filles. Les « petites amies » de mes copains (de différents groupes à différentes périodes) étaient occasionnellement invitées avec nous pour boire jouer et danser, jamais pour prendre un café, discuter ou manger. Sans gêne ils leurs disent « c’est entre mecs » (en gros). Ma présence entrainait des jalousies compréhensibles et vite censurées par la phrase « Marie c’est différent, elle est comme nous ». Privilège ou insulte ? Le fait est que l’exclusion de mon propre sexe était partout autour de moi sans me concerner réellement (la méchanceté et la jalousie sont très simples à supporter quand on est du côté des oppresseurs, elles confortent même). La salope qui traîne avec nos mecs c’est moi.
Je tombe pas hasard sur une BD de Diglee où elle parle des problèmes liés à son sexe dans son milieu professionnel. Je vais voir les liens qu’elle donne et après 10 minutes sur internet j’ai le sentiment de découvrir un monde nouveau et tenu secret : le FEMINISME. Je creuse et ça me passionne quasi-instantanément. L’aspect débat sans fin me fait bouillir de joie, jusqu’au jour où les réflexions sexistes me touchent et me mettent en colère. Je défendais celles qui ont cherché à me nuire. Incompréhension totale de leur part de mon entourage et difficulté à convaincre du mien. Novice et rapidement à court d’arguments, la frustration était énorme. Je cherchais un moyen simple et rapide de communiquer ce que j’apprenais. Mais comment ? Comme Eva (commentaire du dessus), j’ai tous les jours envie de me lancer dans un projet qui sera limpide, qui fera le « buzz ». J’ai un respect profond pour les sites comme celui-ci qui permettent de débattre. Mais je ne peux pas demander à mes amis de lire des pavés pour saisir l’idée. Je trouve les débats inaccessibles au plus grand nombre et j’y retrouve un certain élitisme intellectuel et terminologique qui me dérangeait en droit.
Si une BD comme celle en cause dans cet article n’est pas parfaite, elle a déjà le mérite d’être. J’ai peur depuis des mois de publier des choses au sujet du féminisme, peur de faire des erreurs, d’être affichée ici par exemple pour qu’on me dise ce qui ne va pas dans mon travail. L’aspect public de la critique me parait violente et peu productive. J’aurais tendance à la laisser à la partie adverse.
J’ai quitté la faculté cette année pour préparer un dossier afin d’intégrer le Centre d’études féminines et d’études de genre à Paris 8 (papa, respire ça va aller…). Ce centre est totalement méconnu et invisible, ce qui le met en danger en permanence. Pas une personne n’en parle sur les réseaux sociaux. Rien. Une fois par an, une journée porte ouverte est organisée pour que les membres d’associations discutent avec les doctorants. UNE FOIS PAR AN ?! Mamamia. Je suis une grosse bouse en communication, j’ai jamais été capable d’utiliser twitter mais si il faut que je me tape un master en communication pour y arriver je le ferais. Parce que la fille à vélo c’est moi. C’est la fille là qui est le moins apte à ouvrir les yeux puisqu’elle ne souffre pas de sa situation. Mais c’est la fille là qui une fois au courant peut aussi aider. La BD et la vidéo sont à mon sens le meilleur moyen d’y parvenir, même si ce n’est pas parfait.
Voilà, en espérant que ça pourra rassurer les personnes qui comme moi sont au début de la prise de conscience et ont peur de se décourager. Pardon pour la longueur, je repasse après ma formation en com (j’en transpire d’angoisse devant mon ordinateur, il y a du boulot). Sinon, merci à ce site qui me guide dans mes réflexions au quotidien 🙂
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Je partage l’analyse critique de GENRE : en voulant souligner le fait que l’on est pas obligéE d’être butch ou FEMEN pour se reconnaître dans l’engagement féministe, l’auteur se montre excluante vis à vis de ces deux « catégories » de personnes, et passe complétement à côté du fait que se démarquer de l’injonction patriarcale à la féminité (physique, comportementale , dans la douceur et la légerté , en étant mince, sportive,bine habillée et épilée, hétéro , lalala….) est justement l’un des combats du féminisme.
Je pense qu’elle a surtout voulut dire que la nana de base, celle qu’on croise un peu partout, celle qui n’est pas immédiatement identifiable comme en rupture avec les codes patriarcaux , peut ,elle aussi, revendiquer son engagement profond pour la cause , qu’elle peut sans crainte prendre la parole à un diner entre potes et déclarer « oui je suis féministe! » ou « oui je trouver révoltant toutes ces inégalités « .
Elle l’a très mal dit , et elle se vautre dans l’écueil du stéréotype, mais si la BD a autant de succès c’est parce que cette nana de base qui n’ose pas se dire féministe a vraiment peur d’être moquée, elle n’a pas fait de rupture avec les injonctions patriarcales, elle veut plaire aux garçons (venant moi même du triste monde cruel de l’hetéro-normage, je sais
à quel point il est terrifiant de prendre le chemin de l’émancipation ) … je pense que la BD permet un échappatoire à ces filles là pour leur permettre d’amorcer une réflexion, et je pense que c’est très nécessaire aux vues des représentations sociales sur le féminisme aujourd’hui.
Admettons qu’elle voit assez juste : les gens , voient les féministes soit comme des butch soit comme des FEMEN pas comme la fille de tous les jours, sa voisine de cours, sa pote , sa petite soeur etc…les féministes vivent en groupe , sur une planète communautaire lointaine, hors du monde, et complotent pour détruire le genre masculin… ce sont des monstresses. Il est très difficile de renoncer à être vue comme une femme désirable et « féminine » , lorsque l’on a grandit dans ce monde là : féministe=monstresse= forme effrayante d’exclusion sociale.
Elle aurait pu mieux le dire et elle peut distiller des messages sous-jacents très négatifs et contre productifs ( lesbophobie, indésirabilité sociale de la colère féminine, injonction au paraitre ) mais, j’ai l’impression que ce ne sont pas ces messages là qui sont retenus, j’ai juste l’impression que les gens la reçoivent comme elle a été pensée : « le féminisme c’est important, on peut toutes être féministes. » Je l’espère en tout cas , parce-que peu d’initiative féministes reçoivent ce genre d’attention « positive » . A part ça , rappelons nous qu’on est pour la plupart de mauvaises féministes , je préfère 35 millions de féministes incomplètes et mal formées , que 35 millions de women against feminism .
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Mon humble avis sur la question : Cette BD essaye de vulgariser avec toutes les erreurs qui vont avec une question qui me tient à cœur. Je suis totalement d’accord avec vous sur les problèmes énoncés plus hauts qu’elle véhicule en même temps et pourtant je m’interroge… Mon entourage n’est toujours pas prêt à partager une BD comme celle-ci. Je veux dire : La majorité de mon entourage croit dur comme fer que OUI il y a une différence intrinsec entre homme et femme. J’ai même d’irritantes conversations avec mes collègues et certaines connaissances qui me soutiennent qu’ils ont vu de leurs propres yeux des petites filles choisir le rose et les poupées et qu’il faut bien finir par avouer que personne ne les y force. Quelquefois, comme vous, je suis fatiguée de leur répondre, d’essayer de leur montrer, en douceur par a+b et sans qu’on me traite de féministe intolérante et qu’on ferme la porte à toute discussion, que c’est une éducation sociétale qui dépasse de loin le cadre familial et que même avec une mère « équilitaire » (oui ils aiment bien ce terme – parce qu’ils ne peuvent pas s’imaginer que cette mère est féministe, tout simplement), une petite fille ne choisit pas « librement » de se tourner vers le rose, les paillettes et les poupées.
Si aujourd’hui ces mêmes personnes partageaient cette BD même avec tous les problèmes qu’elle contient (ce qui est loin d’être le cas) , aurais-je le cœur à critiquer?
Je suis presque mal à l’aise de le dire ainsi mais je crois que non. Pourtant, je serais la première tributaire de tous ces points de critique parce que j’ai le malheur en plus d’être féministe, d’assumer mon corps et mes poils, de correspondre (à quelques points près) au stéréotype « butch ». Grosse, poils sous les bras, amatrice de judo et de plongée et chemise – en soie certes et j’ai les cheveux très longs et très blonds.
Il faut bien du tact et de la finesse pour savoir où commence la lâcheté et où comment l’affront. Particulièrement dans un cas comme celui-ci.
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Pingback: Rattrapage et nouvelles | Genre !
Vous semblez considérer n’avoir que deux choix :
– l’intransigeance : ne pas partager la bd car elle comporte trop de défauts
– une tolérance coupable : partager la bd, à condition toutefois de désamorcer toutes les maladresses qu’elle comporte ce qui nécessiterait des efforts trop importants et peut être infructueux.
Peut-être faut-t-il chercher une 3ème voie ?
Je suis allé lire la bd (qui ne m’a pas choquée à la première lecture car je n’ai même pas un BEP en féminisme, ou tout simplement un esprit critique aussi affuté que le votre).
En bas de la page, l’auteure de ladite bd donnait un lien vers le site d’une blogueuse qui lui offrait une tribune pour s’exprimer suite aux multiples attaques auxquelles elle avait eu à faire face (il semble qu’elle ait été taxée de lesbophobie et racisme et ce de manière assez virulente). : http://www.toutalego.com/2014/08/muriel-douru-lauteure-de-la-bd.html
A la suite de cette interview, différentes suggestions ont été faites par des internautes pour améliorer la bd au regard des critiques dont elle avait fait l’objet.
L’auteure qui avait reconnu un certain nombre de maladresses dans sa bd a répondu à ces suggestions en toute simplicité et en a pris certaines en compte dans la version traduite en anglais.
Est ce qu’il ne serait pas plus constructif de collaborer à ce genre de production (dans la mesure du possible) par des conseils avisés plutôt que de fermer le robinet au motif que l’œuvre est imparfaite ?
La blogueuse qui offre la tribune à la dessinatrice justifie sa démarche de partage ( http://www.toutalego.com/2014/08/muriel-douru-lauteure-de-la-bd.html ). Malgré le constat des imperfections, cette bd est une potentielle première étape qui pourrait donner envie d’aller vers des lectures plus poussées à ceux qui ne sont pas familiers du sujet.
bonne continuation.
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