On oppose souvent aux féministes l’idée qu’il ne servirait à rien de chercher à hâter l’avènement d’une société plus juste, voire pleinement égalitaire. On nous assure qu’il faut laisser du temps au temps, que tout cela est une affaire de renouvellement des générations, qu’il faut donc prendre notre mal en patience; les mentalités évoluent d’elles-mêmes, mieux vaut ne pas les brusquer.
Je prends un exemple: le combat contre le sexisme dans la langue. Quand on dénonce l’inanité qui consiste à dire « Mme le président » ou « elle est directeur financière », on nous répond souvent qu’il ne faut pas chercher à faire évoluer la langue, puisqu’elle évoluera naturellement à mesure que la société deviendra plus juste. Et pour atteindre une société plus juste, là non plus il ne faut pas trop revendiquer, pas trop froisser, puisqu’après tout c’est dans l’ordre des choses et que notre société tend naturellement vers ce but.
A ce type d’arguments on peut répondre deux choses.
D’abord, bon nombre de femmes en ont plus qu’assez d’attendre. Nos mères ont attendu, nos grands-mères aussi et leurs mères avant elles; elles se sont battues, aussi, mais attention, il ne faut pas trop demander à la fois, et le faire poliment, sinon gare. Alors elles ont attendu jusqu’en 1945 pour obtenir le droit de vote, pour lequel elles se battaient depuis plus d’un siècle. Elles ont subi moqueries, humilitations et répression, jusqu’à ce que ces messieurs, parmi les derniers en Europe, se rendent compte qu’il était peut-être temps d’arrêter de les faire patienter. Le féminisme n’a jamais eu bonne presse. On a toujours dit aux féministes soit qu’elles étaient à côté de la plaque, soit qu’elles devaient prendre leur mal en patience. Il se trouve que si nous continuions d’attendre sagement, les bras croisés, l’avènement divin de l’égalité salariale, au rythme où vont les choses, cela prendrait encore presque un siècle – si peu. Le patron de Microsoft s’est récemment chargé d’expliquer aux femmes que l’égalité des salaires arriverait d’elle-même, qu’elles « n'[avaie]nt pas besoin de réclamer des augmentations de salaires et d[evai]ent faire confiance aux entreprises pour les payer justement ». C’en serait presque drôle si nous n’étions pas, justement, dans l’urgence.
La deuxième chose à opposer à ce discours, c’est que l’idée d’un progrès inexorable de la justice sociale en contexte démocratique est on ne peut plus trompeuse. Il s’agit en fait d’une illusion rétrospective. Certains acquis relèvent tellement de l’évidence que cette évidence masque tous les affrontements qui ont précédé ces conquêtes. Qui a conscience aujourd’hui, à moins d’être né·e avant 1950 ou d’être bien informé·e, que jusqu’en 1965 les femmes ne pouvaient pas gérer leurs biens propres, c’est-à-dire, concrètement, ouvrir un compte bancaire, ni exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari? Et pourtant, en 1946, le préambule de la Constitution posait le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines… (un récapitulatif ici). On n’a généralement pas conscience que chacun de ces acquis féministes, sans exception, a été l’objet de luttes et d’une conquête.
L’histoire des féminismes montre en effet que, loin de l’idée d’un progrès linéaire et inexorable de l’égalité (progrès voué par conséquent à se poursuivre), cette histoire est faite d’oppositions, de controverses, de tentatives incessantes de décrédibilisation de la parole des femmes, de répressions politiques, parfois même de retours en arrière, comme cela a été le cas sous le régime de Vichy. Pas besoin d’ailleurs de regarder si loin (mais est-ce vraiment loin?) en arrière: en Espagne, aujourd’hui même, les femmes doivent se battre pour que l’Etat ne revienne pas sur le droit à l’avortement. Si le gouvernement, par calcul politique, a dû faire marche arrière, c’est bien parce que les féministes se sont mobilisées sans relâche et en nombre. Et vous êtes bien naïfs ou naïves si vous pensez que cela ne pourrait se produire en France.
Ce qui vous paraît évident aujourd’hui n’est jamais acquis pour toujours. Je prends un autre exemple, hors du champ féministe: la peine de mort. Il suffit de voir, à chaque fait divers particulièrement monstrueux (généralement ceux qui impliquent des violences commises contre des enfants) les appels, sous le coup de l’émotion, au rétablissement de la peine de mort. Le Front National, évidemment, se saisit de ces émotions et s’annonce prêt à revenir sur cette avancée absolument fondamentale des droits humains. Tout comme il se dit prêt à revenir sur le droit à l’avortement – certains députés UMP ne sont que trop heureux de les suivre dans cette voie.
Tout aussi trompeuse que l’idée d’un progrès linéaire de l’égalité, celle selon laquelle la démocratie à l’occidentale entretiendrait un rapport naturel d’affinité avec l’égalité. En France, la démocratie s’est d’abord construite sur l’exclusion du pouvoir et de la représentation politique des femmes et des personnes racisées – ces deux catégories s’entrecroisant évidemment. Liberté, égalité, fraternité: entre frères, donc. La citoyenneté politique des femmes a été l’objet d’une des plus grandes et longues controverses de l’histoire des féminismes. La démocratie n’est égalitaire ni par définition, ni par nature – comme si un régime politique pouvait être quoi que ce soit « par nature »… La démocratie est un cadre possible pour l’égalité, mais encore faut-il s’en donner les moyens, c’est-à-dire lutter sans cesse pour cela. Le régime politique tel que nous le connaissons en France est historiquement basé sur l’exclusion, la minoration et l’exploitation des femmes. Il n’est pas a priori dans l’intérêt du pouvoir de parvenir à une égalité réelle, c’est-à-dire à une situation où le genre cesse d’être un opérateur de hiérarchisation entre les sexes (au sens de groupes sociaux) – une situation où le genre, en fin de compte, cesse d’exister. Le premier et seul vrai intérêt du pouvoir politique, rappelons-le, est sa propre perpétuation.
C’est aussi pour cette raison, enfin, que l’égalité ne peut venir de l’Etat (pas plus qu’elle ne peut venir des entreprises…). L’Etat peut être un adjuvant, comme il l’a été évidemment dans l’histoire, quand des décennies de luttes ont pu se transformer en acquis législatifs; il l’a été en entérinant des évolutions (droit de vote) ou des états de fait (avortement, mariage pour tous). Mais l’égalité ne viendra pas d’en haut, elle viendra toujours et uniquement de nos luttes.
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Ah oui on l’entend souvent, cet argument, et il est tellement bidon. Si la société évolue, c’est justement parce que des gens la font bouger. Tout change constamment parce que justement, on évolue dans nos manières de vivre, dans nos points de vue et que la société, ce n’est pas une entité indépendante mais nous qui la construisons, chacun à son échelle. On a chacun(e) nos rôles à jouer. S’il n’y a jamais personne pour ruer dans les brancards et apporter des idées nouvelles, je ne vois pas spécialement pourquoi les choses changeraient par magie, grâce à des petits lutins invisibles…
Chaque année, de nouveaux mots entrent dans le dictionnaire, pas par hasard mais parce qu’ils sont utilisés, c’est ce qui fait évoluer la langue, non ?
Et si les dominé(e)s ne demandent jamais rien, ce n’est évidemment pas les dominants qui vont se lever un matin en se disant « tiens si on les opprimait un peu moins en leur filant tel droit, en remettant en cause un de nos privilèges, parce qu’on est trop cool ? ».
Forcément, ce n’est pas confortable pour les dominants de voir les choses qu’ils croyaient acquises remises en question par ceux qui en souffrent. Mais c’est un peu le principe…
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On invoque parfois l’idée de « justice » comme si c’était le but suprême vers lequel doit tendre la société. Or aucune notion, si louable semble-t-elle, n’a de force propre, seulement celle que lui procurent les groupes qui la défendent. À chaque groupe social correspond une idée de la justice, et aucune n’est plus vraie que les autres : seulement plus ou moins puissante selon les contextes. Il n’existe pas une justice « pure » qu’il s’agirait d’atteindre, mais une lutte pour la définition de ce qui est juste.
Comme l’État émane de la société, l’idée de la justice qu’il restitue est la synthèse de ce rapport de force. Vous avez donc raison de défendre la mobilisation comme seul moyen d’assurer que votre acception de la justice s’impose parmi toutes, mais tort lorsque vous prenez cette dernière pour universelle : car loin d’être la révélation fidèle de la nature humaine, elle n’est qu’une construction morale parmi d’autres autour d’une conjoncture sociale hasardeuse qui a voulu que les femmes accèdent au salariat.
En effet, les « conquêtes » du féminisme sont moins dues à ses luttes qu’aux métamorphoses sociales qui les ont rendues possibles, hors de toute considération morale. En d’autres termes, les mobilisations ne créent pas le progrès mais sont sa conséquence ; les dominés n’émettent des idées nouvelles que lorsque le rapport de force leur permet de penser leur opposition.
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Donc selon vous, avant par exemple les manifestations en faveur de l’avortement et de la contraception, le progrès des mentalités et l’acceptation de ces problématiques étaient déjà acquises et les féministes n’ont fait que signifier, dans la rue, ce que la plupart des gens reconnaissaient déjà comme juste et morale… sauf que dans ce cas-là, comment se fait-il que la criminalisation de ces actes étaient toujours de rigueur et que le vote en faveur de la dépénalisation fut si court ? On pourrait faire la même remarque avec le vote des femmes : avant la mobilisation des femmes, le progrès était déjà là ? Pourtant la bourgeoisie chauviniste et la classe politique française a pendant des décennies freiné des quatre fers contre ce progrès ! En fait vous écrivez largement contre ce billet en donnant l’impression de prendre une posture critique et « objective ».
Quand au fait que les dominés ne se mettent à réfléchir que lorsque ce mystérieux « rapport de force » (qu’ont décidément beaucoup de gauchistes à la bouche) leur est devenu favorable, c’est une sacré entourloupe. Le fait est que les classes dominés n’ont pas attendu d’être en position de renverser partiellement les choses pour théoriser leur oppression. Comment peut-on mettre à bas une domination à laquelle on n’a même pensé ? La demande de l’enseignement des filles en est un exemple, étant en question depuis la fin du Moyen-Âge, ne se réalisant réellement que vers le XIXe siècle.
J’ai l’impression que vous tentez par cette prose de limiter la portée des mouvements féministes. Les mobilisations ne créent pas le progrès, mais elles permettent justement de penser de nouveaux champs d’opposition à la domination, contrairement à ce que vous affirmez. Avant que les féministes ne mettent la question sociale du viol en avant par exemple, qui exactement pensait cette agression comme un acte sexo-spécifique à replacer dans une perspective plus globale ? Ce point n’étant par ailleurs, même pas complètement atteint…
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@lepieddenez
Je ne tente pas de déprécier la valeur des mouvements féministes. Ma « prose », servait à rappeler deux points :
1. Il n’y a pas de justice universelle, mais une lutte entre groupes sociaux qui, à un certain degré d’hégémonie, parviennent à s’approprier le label « juste ».
Par là, je souhaite simplement relativiser les locutions universalisantes dont l’auteur de ce blog et vous-même êtes friands, telles que : « atteindre une société plus juste », « ce progrès » ou « complètement atteint ». Lorsqu’on aspire à la rigueur académique, un tel affichage de sa subjectivité militante n’est pas acceptable.
On ne peut pas sortir du paradigme d’un « progrès linéaire et inexorable », comme le réclame ce billet, si on néglige cela. D’où mon rappel : l’État est le fruit d’une lutte permanente, pluri-relationnelle et dynamique. En cela, je ne m’oppose pas à l’auteur, je le complète. C’était le point principal de mon message, mais comme votre réponse néglige cette partie, j’en viens donc au second rappel que j’y formulais.
2. Les mobilisations sont permises par le progrès d’un groupe, plus qu’elles ne font ce progrès. Par là, je ne diminue pas leur importance, puisqu’elle est bien établie dans mon point précédent : je la relativise seulement (encore), en rappelant que si les femmes peuvent — et veulent — se mobiliser, c’est déjà qu’elles sont moins dominées qu’avant. C’est déjà une grande victoire pour un mouvement que d’exister, puisque ça témoigne de la montée en puissance du groupe qu’il représente.
Ici, je souhaite élargir le regard, sortir de ce fétichisme de l’action pour proposer un regard socio-historique sur féminisme, basé sur la montée en puissance d’un groupe social en adéquation avec une certaine idée de l’économie, et dont les grandes conquêtes ne seraient que les témoins plutôt que la substance. Certes, une telle approche amoindrit l’importance de l’activisme, mais au profit d’une compréhension beaucoup plus pertinente, à mon avis, de la globalité du sujet.
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@polycop2910 « je souhaite élargir le regard, sortir de ce fétichisme de l’action » et « Certes, une telle approche amoindrit l’importance de l’activisme, mais au profit d’une compréhension beaucoup plus pertinente, à mon avis, de la globalité du sujet. »
Paternalisme, condescendance, fatuité. Mesdames, Messieurs, admirez un mecspliqueur dans toute sa splendeur. Monseigneur souhaite nous élargir. Si c’est pas bô la vie !
A part ca merci pour l’article, très juste comme d’habitude.
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@Meg
Paranoïa, irrespect, agressivité. Quand la posture du conflit permanent vous habitue à tout aborder sur le mode « avec moi ou contre moi », même là où il n’y a que discussion théorique.
Une quoi ? Vous savez, la discussion à l’ancienne, celle du terroir où on confronte ses points de vue pour les enrichir mutuellement, avec de la courtoisie naturelle et de vrais morceaux d’arguments.
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Pour quelqu’un qui affiche aussi clairement son mépris c’est assez gonflé de parler de courtoisie, mais cet échange passionnant devra en rester là.
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@Genre!
Quel mépris ? Je me suis inscrit sur WordPress rien que pour ce blog, j’ai écris ces commentaires dans un esprit de pure discussion théorique, sans prendre parti, histoire de réfléchir ensemble sur la portée de ce billet, ça s’est bien passé avec @lepieddenez mais je ne comprends pas l’attaque haineuse et injustifiée de @Meg.
Je suis à la fois surpris et perplexe. Comme si je vous avais offensé mais sans savoir pourquoi (ni l’avoir voulu). Je ne prétends pas avoir la science infuse, mes critiques ne sont pas des attaques, seulement un appel à la discussion, à la réflexion, pour approfondir ensemble… loin de toute polémique.
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et pour rappel cet article de 2007 de Mona Chollet qui parle du même constat.
« « A 18 ans, j’étais persuadée que l’égalité entre hommes et femmes était acquise, raconte Maud Gelly, jeune médecin et militante du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF). Puis, un été, j’ai travaillé comme serveuse, et le comportement des clients comme celui du patron m’ont fait tomber de haut. Par la suite, au cours de mes études, j’ai fait un passage dans un service de gynécologie, et j’ai été révoltée par la façon dont on traitait les femmes qui venaient avorter. J’ai vu un jour un médecin jeter devant l’une d’elles une plaquette de pilules en lui disant : “Allez, montrez-moi comment on s’en sert !” »
L’engagement féministe semble souvent naître ainsi : du constat brutal d’un décalage entre le discours que la société tient sur elle-même et la réalité. Comme si, auparavant, les femmes s’étaient laissé prendre à une illusion très répandue – bien qu’elle ait perdu tout crédit dans les autres domaines : celle qui postule un « sens de l’Histoire », ou une évolution « naturelle » des sociétés, conduisant à une égalité toujours plus grande entre les sexes. « Quand il ne se produit pas de régression des droits des femmes, on s’imagine qu’il ne se passe rien, remarque Christine Delphy, du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Alors que cela signifie seulement que le rapport de forces entre le camp réactionnaire et le camp progressiste s’équilibre. L’Histoire, la pauvre, elle n’a pas un sens ! » »
http://www.monde-diplomatique.fr/2007/04/CHOLLET/14649
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à M. Policop, dont on subodore l’identité masculine ‘superbe’, je voudrais dire (masculin moi aussi, mais je me désodorise autant que possible), que les manifestations ou autres actions ne sont pas qu’une confirmation ou conséquence. Elles cristallisent une opinion naissante, lui donnent de la visibilité, permettent la contagion et l’expression. S’il n’y avait pas des pionnières/iers dans tous les domaines, qui prennent des risques, qui concrétisent une résistance (alors que le pouvoir distille la peur), la domination ne changerait pas (que ce soit sous l’occupation allemande, ou sous la surveillance de la NSA — merci Snowden et autres lanceurs d’alerte –, ou sous la domination masculine : l’inertie des hommes est pesante, la contrepoussée des masculinistes est flagrante, la justice ne tombe pas du ciel ! Martin Luther King pourrait vous en parler par exemple… et les évènements de Ferguson montrent que le combat continue : le rapport de force, il faut le bousculer.
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L’égalité est une utopie… Le problème c’est que pour lutter contre les discrimination liées au sexe, il faut être capable de les identifier en tant que tel. Or, comme le féminisme récent s’en est bien aperçu, ces discrimination peuvent très facilement être confondus avec d’autres : origine sociale et ethnique, religion, orientation sexuelle, mais aussi en regardant de plus près beauté, taille, couleur de cheveux, port de lunettes etc. Plus on lutte contre des discriminations subtiles, plus on doit confronter des critères de différenciations subtiles et agrandir le champ des facteurs discriminants, jusqu’à aboutir à… l’individu.
Ceux qui disent que les féministes ne seront jamais satisfaites on en quelque sorte raison en ce que l’échelle des dominations est extensible à l’infini.
Mais étymologiquement, discrimination signifie choix, lutter contre la discrimination c’est lutter contre le choix. Sans discrimination, plus de choix, donc plus de libre arbitre.
La réalité de la lutte pour l’égalité comporte un aspect difficile à admettre : lutter pour l’égalité c’est lutter contre la liberté (et vice-versa).
Peut-être que l’harmonie d’une civilisation, c’est simplement un compromis entre les deux.
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Difficile de répondre à un commentaire qui commence par une telle assertion, non étayée évidemment, mais essayons.
Vous confondez des critères de discrimination sociale (liés à des catégories comme le genre, la classe, la race, l’âge, la sexualité) et des critères de variation entre individus qui n’ont rien à voir avec des catégories sociales (couleur de cheveux, lunettes). Le genre est effectivement un rapport de pouvoir imbriqué dans d’autres rapports de pouvoir, mais ils sont suffisamment nombreux sans faire intervenir des éléments qui n’ont absolument rien à voir avec une quelconque oppression. Les « critères de différenciation » ne sont donc pas tous des critères de discrimination; ces derniers sont très nombreux (vous ne citez pas le poids, par exemple), mais pas multipliables à l’infini en fonction de n’importe quelle différence constatée. Il n’y a pas de domination en fonction de la couleur des cheveux ou du port de lunettes…
« discrimination signifie choix, lutter contre la discrimination c’est lutter contre le choix. Sans discrimination, plus de choix, donc plus de libre arbitre. ». C’est tellement idiot que j’en ai eu le souffle coupé. Faire appel à l’étymologie (une fausse étymologie qui plus est) comme argument d’autorité pour décréter n’importe quoi relève d’une rhétorique bien faiblarde. Je vous conseille de chercher la définition de discrimination dans un dictionnaire, et si possible son sens juridique, peut-être que vous comprendrez l’inanité de votre phrase. Et comme le reste de votre commentaire est du même acabit je m’arrête là.
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Je lisais vos commentaires, et il se trouve que j’ai justement un Cornu chez moi (Vocabulaire juridique, 9e éd.) :
Discrimination, n.f. — Lat. discriminatio, séparation, de discrimen, ligne de démarcation, dér. de discriminare, mettre à part, diviser, séparer, distinguer.
« 1. Différenciation contraire au principe de l’égalité civile […]. »
« 2. Plus rarement, dans un sens neutre, syn de distinction (non nécessairement odieuse). Le sens péjoratif principal a marginalisé, quand il s’agit de la jouissance des droits ,le sens étymologique. Mais ce dernier, qui est intellectuel (discrimen dérive du supin discretum de discernere) conserve sa vocation légitime à caractériser, dans l’analyse juridique, l’action de distinguer avec justesse et acuité, ce qui ne renvoie ni à l’arbitraire ni même à la seule subtilité juridique mais à la capacité d’établir des distinctions exactes […] »
Les autres définitions présentes rejoignent l’aspect péjoratif de la première, sauf pour « discrimination positive ». @pouet n’a donc pas tout à fait tort, mais il est clairement de mauvaise foi puisque le sens qu’il invoque est très marginal.
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Je vois une différence entre le fait d’opérer une distinction (qu’elle soit abusive ou non est un autre problème) et celui de choisir. C’est pour cela que je parlais d’étymologie fantaisiste, inventée pour servir un propos qui ne vaut pas mieux.
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