Je n’ai pas pour habitude de parler sur ce blog de sujets vraiment personnels, mais je vais faire une exception, et pas seulement parce que le personnel est politique. Je me marie dans quelques jours et j’aimerais vous faire part de mon expérience de féministe planifiant un mariage. Au passage, précisons que le fait que je me confie n’est pas un appel à opinions sur mes choix de vie, et que quand j’évoque le rapport entre le fait d’être féministe et celui de se marier, ce n’est pas pour justifier de tels choix ; ce n’est pas pour défendre mon mariage, ni le mariage en général : c’est pour de faire le point sur ce qui m’arrive, et partager avec vous des remarques, interrogations et inquiétudes qui, j’en suis sûre, auront traversé l’esprit de nombreuses autres personnes.
Je me rends compte que ces précautions introductives illustrent la raison principale pour laquelle j’ai voulu écrire ce billet : l’idée, assez répandue je crois, qu’il y aurait contradiction dans les termes, que féminisme et mariage entreraient en conflit. Je dois dire que c’est un conflit qui continue, malgré moi, à me poser question. J’appartiens à une génération de féministes qui entretient une relation complexe, je pense, avec le mariage. Nous ne sommes plus dans la situation des féministes de la 2ème vague, qui dénonçaient avec raison le mariage comme l’institution hétéropatriarcale par excellence. L’évolution rapide des mentalités, mais aussi le fait que cette institution a cessé d’être le temple de l’hétérosexisme (puisque les couples « de sexe différent » ne sont plus les seuls à pouvoir se marier), ont fait que le statut du mariage a considérablement évolué. Cette évolution est notamment légale: depuis les années 1960, où les femmes mariées acquièrent le droit d’ouvrir un compte en banque sans la permission de leur mari, jusqu’au mariage pour tous, en passant par la reconnaissance du viol conjugal et donc la remise en cause du « devoir conjugal », la définition du mariage a petit à petit changé de visage. Tout n’est pas parfait, bien sûr, et on ne refera pas l’histoire du mariage en quelques décennies. La critique féministe du mariage se conjugue bien souvent à d’autres formes de critiques politiques, qui ont quant à elles certainement moins perdu de leur actualité ; mais pour ce qui est du féminisme, j’en suis pour ma part arrivée à la conclusion que le mariage pouvait aujourd’hui être ce que l’on en fait, et non plus nécessairement un carcan patriarcal qui s’impose à nous.
L’évolution du mariage a d’autres conséquences, expliquées par la sociologue Florence Maillochon dans une intéressante interview accordée à Libération : si les couples choisissent moins souvent le mariage que par le passé, ils en font aujourd’hui un évènement, « une forme de mise en scène de son couple » qui n’existait pas auparavant. Si bien que, pour la sociologue, le fait d’être marié en vient presque à moins compter que celui de se marier : le jour du mariage, qui a toujours tenu le rôle de rite de passage, n’a sans doute jamais eu autant d’importance qu’aujourd’hui. La plupart des futur·es marié·es passent des mois, parfois des années à le préparer, et dépensent pour cela des fortunes. Le contraste est saisissant ne serait-ce qu’avec la génération de mes parents, pour qui il était encore coutume que les parents des marié·es organisent la cérémonie et la fête du mariage. L’idée traditionnello-disneyesque du « plus beau jour de notre vie » est toujours là, mais il me semble qu’elle a elle aussi évolué. Elle était auparavant liée à l’aspiration, censée être partagée par toute jeune fille qui se respecte, de trouver un mari, et à la réalisation de cette aspiration ; c’est d’ailleurs pour cela que le conte de fées s’arrête toujours au mariage, comme s’il sonnait la fin de l’aventure, l’aboutissement de la quête — et ils vécurent heureux, etc. Cette conception n’a sûrement pas tout à fait disparu, mais aujourd’hui, l’idée du « plus beau jour de notre vie » semble d’être déplacée vers le « jour J », le « special day » du mariage, qui doit être le plus beau jour de notre vie, marquer les esprits, impressionner tout le monde, etc.
Personnellement, je considère que vivre « le plus beau jour de ma vie » à 27 ans serait un bien triste augure pour le reste de ladite vie, mais je ne veux en aucun cas juger les gens — généralement des femmes — qui misent tant sur l’organisation de cette journée, d’autant que tout le business du mariage les pousse à le faire. Je savais vaguement que ce business existait, mais quiconque n’en a jamais fait l’expérience de première main ne peut se douter de l’étendue de la chose. C’est franchement assez terrifiant. Tout, absolument tout est marketé, jusqu’au cintre sur lequel vous placerez votre robe pour prendre des photos « le jour J » ou le petit coussin sur lequel poser les alliances. Si si. Et dans ce marketing, un trait constant : dans 99% des cas, il vise la mariée (tout ce tintouin capitaliste reste extrêmement hétéronormatif, hors du mariage homme-femme point de salut). Tout cela délivre un message implicite : encore aujourd’hui, les femmes accordent, ou doivent accorder, une place plus importante au mariage que les hommes. Elles s’y investissent plus, que ce soit en termes d’émotions ou de travail.
Un billet invité écrit par Gaëlle en 2012 résume à peu près tout le mal que je passe d’une partie importante de ce marketing marital, celle qui concerne les « enterrements de vie de jeune fille ». Bien qu’inventé par des féministes, et assez révolutionnaire à l’époque (une jeune fille n’étant pas censée avoir eu une vie avant son mariage), le concept a aujourd’hui été largement récupéré par le patriarcat et le capitalisme à la fois. Qu’on se rassemble entre copines pour faire du saut à l’élastique, de la cuisine ou la tournée des bars, je n’ai évidemment aucun problème avec ça, mais l’idée qu’il faudrait « enterrer » quoi que ce soit n’est pas seulement datée, c’est une énormité sexiste. Comme l’écrasante majorité des couples qui se marient de nos jours, je vis depuis plusieurs années avec mon compagnon ; le mariage ne va rien changer à notre vie quotidienne. Et qu’est-ce que c’est, ma « vie de jeune fille »? Une vie de liberté, en particulier sexuelle, à laquelle je suis censée renoncer pour me marier ? Cela supposerait déjà que la « libération sexuelle » des femmes ait été vraiment conquise… mais c’est là un autre débat.
Dernière question qui me tient à coeur, celle du nom de famille. Il y a plusieurs mois, j’ai posé la question sur Twitter de la transmission du nom à ses enfants, pour tenter de comprendre pourquoi c’était toujours, dans la majorité écrasante des cas, le nom de père (et seulement lui) qui était transmis. Les nombreuses réponses ont notamment mis en lumière que les situations étaient parfois très variées, et que le choix du nom du père pouvait être motivé par des raisons complexes qui n’avaient sans doute, du moins pour certaines d’entre elles, rien à voir avec le patriarcat. Beaucoup des femmes en relation hétéro qui m’ont répondu ont expliqué avoir conservé leur nom dit « de jeune fille » (je préfère pour ma part « nom de naissance ») mais ne pas l’avoir forcément transmis à leurs enfants. Depuis que j’ai commencé à parler de mon mariage autour de moi, on m’a souvent demandé si j’allais prendre le nom de mon compagnon, notamment parce qu’il est étranger. Quand je réponds que non, on me demande généralement pourquoi ; il semble donc qu’en 2016, il faille encore se justifier de ne pas vouloir abdiquer son nom de naissance. Mais j’ai surtout été frappée par les personnes (parfois des amies) de mon âge qui ne m’ont même pas posé la question mais sont parties du principe que j’allais changer de nom. Il n’y a pas de jugement de ma part à ce sujet, c’est simplement un constat, et cela pointe sans doute vers une insuffisance du travail féministe dans ce sens…
La législation a bien changé depuis les années 70 (merci Tonton) mais le mariage c’est toujours nul : qu’on soit homme ou femme, on signe librement le contrat devant le maire. Mais quand on veut divorcer on est considérés comme des délinquants : obligation de passer devant le juge et de payer un avocat (5000 €) même si c’est par consentement mutuel, c’est inacceptable ! CQFD
– Féministe jamais mariée (beurk) j’ai des enfants qui se sont tout naturellement pacsés, c’est bien plus malin. Pourquoi ne pas choisir le PACS ?
– Prendre le nom du mec qui est dans son lit c’est illégal de toutes façons (juste une coutume archaïque) : le seul nom valable est celui de naissance. Quand on change de partenaire, on change de nom ? MDR
– Pour le nom des enfants on peut aujourd’hui leur donner légalement les 2 noms du père et de la mère (mariés ou pas) du moment qu’ils les ont reconnus tous les 2. A la majorité l’enfant peut choisir s’il en a envie. Avant tout il faut lire le code civil !
– Si on rêve de fiesta en grande pompe, on peut la faire quand on veut, et même sans raison si ce n’est celle de s’amuser avec les potes, mais surtout pas déguisée en ridicule en pièce montée avec un horrible voile de soumission !
– Quand au bizutage made in USA, si tu étais allée dans une Grande Ecole, ça te ferait vomir, d’autant plus que c’est interdit aujourd’hui en France. Certaines jouissent de se faire humilier en public, mais certainement pas une authentique féministe !
– Se marier pour investir dans l’immobilier c’est aussi une arnaque : mieux vaut s’associer en société à part égales (pas de lézard en cas de séparation ou décès).
– En tous cas vas donc signer un contrat de séparation de biens chez le NOTAIRE avec donation au dernier vivant, histoire de garder la tête sur les épaules !
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Elle n’a pas besoin de ta lecture légale à deux balles ni de tes prescriptions semi agressives.
Ton mode de vie te regarde comme son mode de vie à elle. C’est un moment manifestement important pour un être humain de l’autre côté de l’écran, tu peux respecter ça, non ?
C’est sa lecture, son intépretation et son choix, elle n’incite personne à en faire de même, elle.
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Je ne laisse que rarement de commentaires, mais je me lance.
Tu remues pas mal de choses chez moi en parlant mariage/féminisme. J’ai encore du mal personnellement à concilier mon féminisme et la question de mariage, et ton texte ouvre des questionnements intéressants, qu’il serait bon que je débatte avec moi-même. j’admire le fait que tu dises que le mariage finalement on met ce qu’on veut dedans. C’est vrai. Et pourtant, je sais que ce que j’y mettrais moi ne collera pas avec la bien pensance … et ça me fait flipper c’est vraiment un statut que j’ai pour l’instant du mal à appréhender. Quoi qu’il en soit, félicitations, je te souhaite une belle journée, et de belles années à suivre.
Ps concernant le nom de famille, j’ai obtenu de haute lutte que notre fille ait nos deux noms (j’aurais voulu le mien en 1er, mais c’était trop pour le papa) cela surprend bcp notre entourage, nos parents… « trop long trop compliqué etc », mais je suis fière de notre choix 🙂
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Billet interpellant, avec un positionnement intéressant que vous annoncez d’entrée. Trois ou quatre remarques :
1/ le « mariage » dont la cérémonie est organisée par les époux est déjà ancien : 1976 pour moi (même si les pères ont fait semblant de s’accorder des décisions, au repas de « fiançailles », dans un jeu entre eux alors qu’ils n’ont rien eu à dire… ).
2/ les remarques sur le marketing, y compris pour l’enterrement de « vie de garçon » de la fille : étonnant. S’il cible les femmes, n’est-ce pas que ce sont elles qui veulent prescrire un surplus d’investissement dans la cérémonie ? (la robe, la cérémonie religieuse, les cadeaux symboliques, les invités des deux dynasties à ne pas oublier…). « Vie de garçon » : une cérémonie mâle sexiste, oui. Et pourquoi pas un sexisme féminin autonome, célébrant la liberté ? Que faire, sans cela ? Le besoin de « faire groupe » dans son propre genre, de se contrôler dans une fraternité me parait une composante de la virilité (et de la féminité ?) indéniable.
3/ Il reste, même dans un mariage intervenant plus tard dans une vie de couple, qu’il s’agit d’une Modification du contrat de couple, lui joignant une « promesse d’éternité » (ce qui est non-humain, de l’ordre du pari) et entouré de solennité sociale symbolique, d’un rituel. Celui-ci dépossède les époux de leur autonomie. Or le « pari » d’éternité tue la valeur de l’engagement entre membres du couple, selon mon expérience : l’engagement quotidien n’est plus aussi important, le divorce devient l’objectif, le chantage, la promesse ! (Ceci n’est pas un jugement sur vos choix de vie, mais une opinion sur la signification du rituel et ses effets. ) (et cela vaudrait une étude d’histoire sur les symboliques attachées au contrat de mariage, à la dot et au rôle des familles élargies dans le mariage ; juste cette citation d’un contrat des années 1600, évoquant un mariage « en vue de l’élargissement de l’humain genre »… )
4/ Remarque intéressante que le ‘ »mariage pour tous » réduit la pression sur le couple hétérosexuel, qui me parait pourtant le pari, le défi, d’une rencontre d’un moi avec le totalement autre, et où la nécessité vitale de la reproduction de l’espèce n’est pas absente (même si non obligée). Et qui, même si l’orientation sexuelle n’est plus exclusive, imposée, propose un contenu économique et patriarcal qu’on ne peut écarter actuellement. Bref le genre est encore là, entier ! Et je m’interroge toujours sur ce choix qui entraîne un homme, une femme, dans une aventure codifiée, pleine de tabous plus ou moins contraignants. Mais avantageux à partir de 70 ans, parfois avant…
5/ J’ai écrit deux billets sur le choix du nom de famille pour les enfants. Le nom de « naissance » (vous avez raison ! mais c’est son nom paternel !) de la femme se maintient mieux en Belgique alors qu’il disparait en France très illégalement, par l’usage administratif et commun… J’en parle aussi en l’appliquant à la dynastie royale…
Joyeuse cérémonie, et ne quittez pas vos lecteurs pour autant !
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Tout d’abord, félicitations pour ton mariage. Ensuite, je n’avais jamais réalisé que tu n’avais pas la trentaine, je reste donc impressionnée par ta maturité, qui fait que tes écrits sont vraiment passionnants.
Je partage en très grande partie ton sentiment vis-à-vis du mariage à l’heure actuelle, le marketing du mariage m’avait assez effrayé l’année dernière pour le mien. J’avais essayé de m’en détacher, en refusant notamment un evjf, mais mes amies n’arrivaient pas à le concevoir (je n’en voyais absolument pas l’intérêt, puisque c’était mon second mariage), mais bon, j’ai accepté un brunch finalement 😉
Quant à la notion du mariage, tu as parfaitement souligné l’un des traits qui rendait cette journée importante pour notre couple : s’engager devant la famille et les amis, plus que de changer de statut.
J’ai toutefois pu intégrer un peu de féminisme durant cette journée, en l’intégrant dans notre cérémonie laïque, ou en gardant mon nom de famille. Et cette dernière chose surprend un peu, autours de moi, je ne connais qu’une amie à avoir fait de même. Mais tu as bien souligné que les raisons commencaient à être assez variées pour les personnes (généralement des femmes) qui décident sciemment de prendre le nom de leur partenaire.
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Félicitations pour ce mariage à venir ! (très bientôt si j’ai bien lu ?)
Je comprends tellement tes questionnements, pour avoir été mariée et féministe en même temps (j’ai gardé mon nom, et chez nous c’est normal).
D’après ma petite expérience, il y a mille manières de se marier, mille manières de vivre son mariage, et tout le monde ne désire pas (heureusement !) ce que le marketing nous vend : la robe, le décor tout assorti aux tenues des mariés et j’en passe… ni les EVJF 😉
Mais il y a une chose qu’il me semble que les futurs mariés (et j’en ai fait partie) négligent souvent avant de passer devant le maire : lire les articles du code civil relatif au mariage, c’est à dire ce à quoi on s’engage légalement vis à vis de son futur conjoint et vis à vis de la société française.
Je me permets de mettre ici le lien : http://www.justice.gouv.fr/publication/fp_mariage_civil.pdf
Parce qu’en général, on ne sait pas ce que ça signifie, concrètement et légalement.
Or, ce n’est pas pour rien que le divorce est un acte légal : le mariage en est un aussi, qui engage des responsabilités, des droits et des devoirs, et pas seulement concernant les enfants (lire le 1er paragraphe sur l’entretien du ménage par exemple).
Je te souhaite autant de bonheur après ton mariage que tu en as eu jusqu’ici 🙂
Merci pour tes articles toujours passionnants.
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Bonjour,
il est très rare que je laisse des commentaires, mais c’est un sujet qui me touche tellement à cœur, que je ne peux pas faire l’impasse cette fois ci.
Je suis féministe dans mes convictions et dans mes actes au maximum depuis toujours (car élevée comme telle, donc je dirais que ce n’est même pas un choix raisonné, et acquis, mais une évidence)
Je travaille, je gagne plus que mon mari (donc oui je suis mariée) j’ai deux enfants pour lesquels je ne me suis jamais arrêtée de travailler plus de 2,5 mois à l’accouchement, mon mari a arrêté de travailler 2 ans pour garder notre fille à sa naissance.
C’est lui qui l’amène à l’école, au centre de loisir au conservatoire, qui prend son mercredi, c’est moi qui bricole, qui négocie, qui rentre du boulot crevée, c’est lui qui fait la cuisine (de tous les jours) les courses et le ménage.
Je m’étais dit que je ne me marierai jamais (ma grand mère m’y avait d’ailleurs très fortement incitée : à ne jamais me marier), mais je me suis dit, avec lui, je suis prête à me marier, à tout partager, à le protéger, à être protégée, à ce qu’il devienne officiellement LA personne en qui j’ai confiance et pas mon « prochain futur Ex » comme il aurait pu être perçu par mon entourage.
Nous nous sommes donc mariés, il n’a pas changé et la vie avec lui est toujours aussi bien, elle évolue, nous changeons ensemble, nous avons des projets, et c’est parfait.
Nous avons fait une grosse fête sans les « clichés » du mariage.
Je n’ai pas changé mon nom usuel, ma fille porte nos 2 noms, le mien en premier (aucune concession sur le féministe).
Ce que je n’avais pas prévu c’est que la société n’était pas prête pour l’égalité dans le mariage.
La banque dans laquelle j’ai 3 comptes et dans laquelle j’ai ouvert des comptes à mes 2 enfants (mon mari a une autre banque et n’a pas de comptes dans celle ci). Ils connaissent l’existence de mon mari car nous avons une assurance également.
Depuis ce jour, ils ont changé le nom sur mon chéquier sans me demander : le chéquier est devenu inutilisable car je n’ai aucune pièce d’identité à ce nom. Lorsque je leur demande de changer, je fais face à une incompréhension totale de la part des personnes au bout du fil : Ah bon donc vous n’êtes pas mariée ? Si ? alors je ne comprends pas le problème ? soit vous êtes mariée soit pas?
la même chose pour les impôts (alors que j’avais expressément demandé de garder mon nom : j’avais rempli la feuille d’impôt avec mon nom dans la première colonne : vous. On me l’a renvoyé avec mon nom à conjoint, en m’expliquant que c’est le monsieur en premier! Pourquoi ?!
Et je passe, tous les autres services administratif, la mairie de la ville qui clôture mon compte sous prétexte qu’il n’y en a qu’un par famille, et qu’on garde « celui de monsieur ».
La banque du sang qui m’a enregistrée le jour de mon accouchement sous le nom de mon mari, et qui me demande pour remettre mon nom si j’ai un certificat de divorce ?
Voila, j’étais prête, mon mari aussi, mais la société (même après le mariage pour tous) n’est pas encore prête, et je songe parfois à divorcer pour regagner mon statut de femme libre face à la société.
Je resterai quand même avec l’homme de ma vie.
Et au fait,
Félicitation pour ce mariage 🙂
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Pourquoi vous mariez-vous si vous êtes féministe ? Pourquoi les autres féministes vous félicitent ? Pourquoi intégrer le symbole du patriarcat (un symbole ça ne s’aménage pas) que vous critiquez à longueur de billets ? N’y a-t-il pas là le rêve de la petite fille qui veut devenir cette belle construction sociale de la princesse pour une journée ? Crazy Lady a parfaitement résumée la situation. Rien ne vous oblige à intégrer le joug du mariage. Mais comme vous le dîtes, vous êtes loin des féministes de la deuxième vague, celles qui avaient un vrai projet de redéfinition de la société. Être féministe aujourd’hui, c’est réclamer la reconnaissance de ce que l’on est dans le système capitaliste (que vous nommez patriarcat) sans en supporter les obligations que cela impose.
Une féministe, ça ne se marie pas, sinon c’est une épouse.
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Tout d’abord, félicitation pour ce futur mariage !
Je ne sais pas si féminisme et mariage sont contradictoires, tant cela dépend du parcours de vie de chacun⋅e, du sens qui est mis derrière le mariage, de l’organisation du couple… Les réflexions de la sociologue sont très éclairantes, merci pour la source.
Pour ma part, j’ai aussi fait le choix de me marier il y a quelques années. Les traditions familiales ont clairement joué, mais ça nous a avant tout fait plaisir à nous, pour qui c’est un engagement avec un sens fort.
La préparation de ce mariage a engendré pas mal de réflexions pour concilier ce choix, une journée de grosse fête et nos différentes convictions (féministes, mais aussi écologistes et simplicitaires). Nous nous sommes rendus compte que le mariage, sa préparation et la vie qui suit pouvaient, au-delà de la loi, être le reflet du sens et des valeurs que l’on y mettait.
J’ai gardé mon nom, malgré les témoignages catastrophiques lus sur Internet (du type de celui de Li), mais j’ai eu la chance de ne pas avoir à (trop) bataillé : mon choix a globalement été facilement respecté (à part quelques logiciels « old school », genre celui du notaire lors de l’achat de notre appart, qui change automatiquement le nom de Madame… On a fait corriger !). Au final, ce qui m’a le plus surpris, c’est le nombre de personnes de mon entourage qui croient que le changement de nom au mariage pour les femmes était obligatoire et automatique ! Il y a un gros travail de déconstruction des mythes à faire autour de cela.
Je ne veux pas d’enfant aujourd’hui et ne pense pas en vouloir un jour, de même que mon mari… si le mariage est souvent lié socialement au fait de fonder une famille, on peut aussi faire le choix de distinguer les deux !
Et pour finir sur le marketing, les enterrements de vie de jeune fille… C’est effectivement une plongée dans un monde super flippant. Les rares magazines dédiés au mariage que j’ai pu feuilleter étaient sur le mode « mag féminin en pire » : s’adressant uniquement aux femmes, avec une double page pour Monsieur (c’était avant le mariage pour tous, mais je doute que ça ait beaucoup évolué !), pour expliquer comment faire en sorte qu’il s’intéresse au mariage (car, visiblement, l’homme se marie pour faire plaisir à sa future épouse, mais lui s’en fout) en lui laissant choisir le vin et la voiture… Le tout enrichi d’un rétroplanning vers le jour J, où apparaît assez rapidement la mention : « J-6 mois : commencez votre régime » !
Pour « l’enterrement de vie de jeune fille », de fait, l’intitulé et ce qu’il sous-entend, n’est clairement pas terrible… On avait choisi pour notre part d’en faire un temps convivial de rencontre préalable entre ami⋅e⋅s de différents horizons, dont certain⋅e⋅s qui n’allaient connaître que nous au mariage. Ça a été des activités séparés pour chacun⋅e, mais on a clairement exprimé notre refus de la non-mixité tatillonne souvent observée dans ce genre de temps, ainsi que les activités trop genrées/clichés.
Bref, tout ça pour dire qu’en réfléchissant au sens que l’on met derrière cet acte et en traduisant ce sens concrètement, on peut en faire quelque chose qui nous ressemble, au-delà de ce qui est inscrit dans la loi et dans les traditions sociales !
Et si c’est contradictoire avec le féminisme… on fait tou⋅te⋅s au quotidien des choix (plus ou moins libres ou contraints) contradictoires avec nos valeurs et convictions, c’est le lot de tout engagement militant et de sa confrontation à la vraie vie !
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Non mariée pour ma part, j’ai assisté à différents mariages d’amis, parents, etc., et je pense qu’on peut mettre dans son mariage ce que l’on veut y mettre : une cérémonie plus ou moins empesée, une fête plus ou moins familiale,etc. Le meilleur enterrement de l’ancienne vie auquel j’ai assisté, je l’ai vécu avec le couple de futurs mariés et toute la bande de leurs copains, on peut envisager cette soirée comme une occasion de faire se rencontrer les jeunes proches des mariés (les cousins ne se connaissent pas forcément d’une famille à une autre, les collègues, les amis d’enfance, alors, ça peut être sympa de faire une fiesta « préparatoire » avec la bande élargie, comme ça, on a les 06 de ceux qui sont partants pour animer ensuite le mariage (haie d’honneur, chansons ou chorégraphies). Mais il faut dire que j’ai une famille pléthorique qui se déplacera toujours pour ce genre de festivités et qui adore créer des sketchs pour l’occasion. Ensuite on retrouve dans l’organisation des mariage l’ingérence de la famille, du poids des traditions, de la religiosité de l’un ou de l’autre, et là, j’ai l’impression que beaucoups de couples ne se rendaient pas compte de ce qu’impliquait cette cérémonie pour leurs proches, d’où des conflits, des guerres de territoires démentes… Par contre, la question du nom de ma fille s’est posée, et il s’avère qu’elle me ressemblait tellement, qu’elle était tellement MA fille à la naissance que la question de lui donner le nom de son père m’a paru évidente, elle le rattachait à lui, l’installait dans son rôle de père. Et là je repense à ce que me disait une femme qui prenait le nom de son mari (et de ses enfants nées avant mariage) : je porterai le nom de ceux que j’aime le plus au monde. Elle le voyait comme une affirmation de son évolution personnelle, et non pas comme un abandon.
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et ho la levée de boucliers anti-mariage, vous êtes au courant qu’on se marie pour des raisons fort diverses, et pas toujours pour céder en bonne et due forme aux injonctions patriarcales?? et que ça peut notamment être pour éviter que saon copin·e étrangèr·e soit expulsé·e de notre belle patrie? que c’est une des manières, quand on a la chance d’être né-e avec un passeport de puissance impérialiste, d’aider une personne née — par exemple— dans une de ses ex-colonies? (a fortiori si on est amoureu·x·se d’elle?)
évidemment je ne présume pas des raisons de ce mariage-ci, je réagis juste à la présomption de soumission plutôt que de rébellion.
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@chesterdenis:
un « moi totalement autre » ça veut dire une personne du sexe opposé? si oui alors je trouve cette formulation sexiste et homophobe. le fait d’insister sur le fait que le genre est LE caractère absolument fondamental de la personnalité, dans un même mouvement catégorise et (nécessairement) hiérarchise toute personne en fonction de son appareil reproducteur. autrement dit, l’altérisation (des femmes) et la domination (masculine) sont, non pas successives et séparées mais sont au contraire simultanées et intriquées. Christine Delphy explique ça très bien, je veux bien chercher des références ou essayer de vous l’expliquer moi-même un peu plus en détail si vous ne voyez pas ce que je veux dire.
par ailleurs votre phrase, encore une fois si je la comprends bien (mais corrigez-moi si j’ai mal interprété) en valorisant le « défi » du couple hétéro dévalorise implicitement l’absence d’un tel défi dans un couple homo.
et » nécessité vitale de la reproduction de l’espèce » je comprends pas. je vois pas en quoi la reproduction de l’espèce est vitale. vitale pour qui? déjà « l’espèce », qui au fait est une abstraction et pas une divinité ou je ne sais quoi, n’a pas besoin de moi pour se reproduire. y’en aura toujours des bébés, ne serait-ce que (soyons réaliste 2sec) du fait des lourdes entraves à l’accès à la contraception et l’avortement pour de nombreuses femmes de par le monde (en france aussi même si moins pire qu’ailleurs).
et puis choisir de faire ou non des bébés ne regarde personne d’autre que moi et le cas échéant la/les personnes avec qui j’ai envie de procréer.
celleux qui font le choix de pas faire de bébés ne portent pas l’échec de la Glorieuse Destinée de l’Espèce sur leur dos. je vis ma vie, puis je meurs, que je me sois reproduit ou non n’y change rien non? qu’est-ce qu’il y a de « vital » dans la procréation par conséquent??
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Bonjour et merci pour ce billet.
Ma fille est née en 2000 avant la legislations sur l’adjonction de noms de famille. Elle portait juste le nom de son père bien que reconnus par nous deux, et en voyage seule avec elle, je me suis retrouvé a justifier qui j’étais aux douaniers…. (« Euh, je suis sa mère qui a signé son passport… ») Heureusement qu’elle n’était pas sur une liste d’enfant enlevé…. Bref, l’instant venus ou la legislation a changé, nous étions premiers en ligne pour modifier son nom, et la règle est bien faite. C’est l’order alphabétique! Le nom du père est le premier nom dans notre cas. J’ai des amis ou c’est le nom de la femme en premier, et a leur marriages, ils ont tous les deux pris le nom composé de leurs enfants.
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Félicitations pour ton mariage ! Je te souhaite beaucoup de bonheur ainsi qu’à la personne qui partage ta vie.
Je me permets de rajouter un élément au débat. Il est inexact qu’en France la loi permette à tous les couples de même sexe de se marier :
« Nationalité: Si les 2 personnes sont de même sexe, ni l’une ni l’autre ne doit être citoyen d’un des pays suivants : Algérie, Bosnie-Herzégovine, Cambodge, Kosovo, Laos, Maroc, Monténégro, Pologne, Serbie, Slovénie, Tunisie. »
Source : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F930
Onglet : « Qui peut se marier »
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Coucou,
Je laisse assez peu de commentaires mais je trouve très intéressante la réflexion sur mariage et féminisme et notamment sur le nom … Je porte le nom de mes deux parents, mon amoureux ne voulait pas abandonner son nom et moi non plus du coup on a décider de garder les deux (ce qui m’a obligée à abandonner un de mes deux noms pour éviter à mes enfants d’être recalés dès le CP en raison de la taille de leur nom de famille et rien que ce « demi » abandon a été vraiment difficile). Je comprends tous les choix car ce n’est pas quelque chose d’évident, le nom est quelque chose qui nous est associé depuis notre naissance (et je trouve choquant que même si les garçons sont de plus en plus d’accord pour porter deux noms, ils n’envisagent souvent même pas le fait que eux pourraient en changer complètement). Mais ce qui m’a vraiment étonné c’est que certaines personnes dans la famille de mon amoureux ont été choqués qu’il choisissent de prendre un nom composé et que je ne sois pas fière de porter son nom, un peu comme si j’étais la cause d’une émasculation totale du jeune homme.
Bref tout ca pour dire que j’ai fait le choix de changer parce que pour moi le mariage était l’occasion de créer un nouvelle famille (genre tout d’un coup je choisi un autre groupe de vie où je me dis que la vie va être vraiment chouette! ) et que je voulais porter le même nom que mes futurs bébés. C’est ca qui a vraiment joué je pense faire un avec ma nouvelle famille !
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en fait, en lisant ce post, une question et une seule me vient à l’esprit : quel en est son utilité ??
Je n’ai toujours pas compris si ce post sur votre mariage était un exécutoire pour déculpabiliser, pour se justifier, pour se rassurer, se convaincre d’être réellement féministe .. etc … ?
En quoi est-ce utile de se poser autant de « questions collectives » pour un événement très personnel si ce n’est pour compliquer ce qui ne devrait pas l’être. S’engager dans le mariage en se poser autant de questions n’est pas de bon augure à mon humble avis.
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Je ne comprends pas très bien la distinction qui a été faite dans le post entre les féministes de la seconde vague et de la troisième vague. De ce que j’ai pu observer, il n’existe pas de féminisme de la troisième vague, mais seulement une parodie du féminisme qui se revendique comme la troisième vague.
Parodie car laissant de coté les analyses structurelles de la société, les remplaçant par des idées individualistes, et cherchant à tout prix à se faire bien voir par le grand public; c’est ainsi qu’on voit fleurir des articles défendant l’auto-réification comme symbole d’auto-détermination et de libre choix, glorifiant le BDSM -qui est une pratique glamourisant les rapports de domination et de violence (héterosexisme, donc)- comme étant le signe d’une sexualité « ouverte » et « libérée », voire, sous l’influence des politiques américaines, brouiller les définitions de « homme » et « femme », alors qu’elles sont centrales à l’analyse du fonctionnement du patriarcat. Un « féminisme » mainstream, commercial, et donc peu politique.
Or le féminisme effectivement politique -et beaucoup moins populaire- n’a jamais cessé d’exister, ergo la seconde vague existe encore actuellement. A la lecture de nombreux posts de votre blog, il me semble que dans l’ensemble vous vous situez dans un axe de pensée plus proche de la seconde vague que de la troisième (pas toujours, mais en règle générale). Pourtant vous semblez ici considérer que vous vous inscrivez entièrement dans la troisième vague et pas dans la seconde. Pourquoi?
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Si je comprends bien l’idée: vous lisez mon blog de A à Z en laissant un commentaire insultant par-ci, en exigeant des explications par-là. J’ai bon?
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Non; je n’ai commencé que récemment à poster sur Internet, d’où l’afflux de commentaires que j’ai laissé en peu de temps. Ca fait en fait plus d’un an que je lis votre blog, et ces questions me démangeaient donc depuis un certain temps. Je vous présente mes excuses pour le ton que j’ai employé par moments; la diplomatie n’est pas mon fort, et plusieurs évènements ont récemment attisé ma colère. J’ai laissé ça rejaillir dans mes commentaires, ce qui n’était pas l’endroit approprié; encore une fois, je m’en excuse.
Cependant, je tiens à vous assurer que si j’ai laissé ces commentaires, c’est avant tout par intérêt pour votre opinion. Je ne laisse des commentaires que quand j’ai besoin de clarifications pour mieux comprendre un post; vous êtes la seule blogueuse que je connaisse à se trouver dans un entre-deux entre le féminisme revendiqué comme de la deuxième vague, et le féminisme revendiqué de la troisième vague, et ce alors que ces deux mouvements semblent être dans un affrontement quasi-perpétuel. J’ai eu l’occasion de voir des tendances et phénomènes très préoccupants à l’étranger en lien avec cette polarisation entre ces deux formes de féminisme, et cela est en train de s’étende à la France, d’où ma nervosité. Seulement, le contexte français n’est pas le même qu’à l’étranger, et c’est pourquoi je considère des voix comme la vôtre extrêmement importantes.
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Entendu, pardon de m’être emportée, dans ce cas.
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